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L’Iran cherche à renforcer ses liens avec le Tadjikistan
26.09.2005 ( cartes & nos commentaires )

L’accroissement de la coopération économique et culturel décidée par Téhéran, depuis août 2005, envers la petite république Tadjike n’est pas sans arrière-pensée. Cette initiative est tout d’abord motivée par des visées stratégiques.



Ces dernières années, on a assisté à une augmentation significative des échanges commerciaux entre l’Iran et le Tadjikistan. Échanges dont le montant avoisine 37 millions de dollars par an, sachant que chaque année connaît un taux de croissance de 10 ou 15 %. L’Iran est en passe de devenir un des principaux importateurs d’aluminium et de coton tadjiks alors que, les années précédentes, les pays européens avaient été longtemps les premiers débouchés des produits Tadjiks.

Dans le même temps, les hommes d’affaires tadjiks importent des marchandises de Turquie et des Émirats Arabes Unis à travers l’Iran. C’est pourquoi l’Iran investit massivement dans les infrastructures de transport au Tadjikistan, notamment pour la construction d’un tunnel sous le mont Anzob pour un total de 27 millions de dollars.

Mais des observateurs au Tadjikistan estiment que l’intérêt croissant de Téhéran est aussi fondé sur une arrière-pensée : s’assurer un allié fiable en Asie centrale.

« L’Iran voit le Tadjikistan comme un partenaire stratégique en Asie centrale, et cette vision est illustrée par le fait que les politiques iraniennes sur le plan international, sont souvent soutenues par les dirigeants Tadjiks », déclare l’ambassadeur iranien à Dushanbé, Mohammad Sarmadi. L’illustration la plus frappante est sans doute la solidarité du Tadjikistan envers l’Iran. Lorsqu’au début de l’année, le président George Bush avait menacé de lancer une frappe militaire sur l’Iran, les partis au pouvoir et d’opposition Tadjiks avaient condamné cette menace et s’étaient rangés du côté iranien.

Les mollahs prétendent que le soutien de Dushanbé s’est avéré crucial pour l’obtention par Téhéran du statut d’observateur au sein de l’Organisation de Coopération de Shanghai. Ils ne manquent pas de flatter leurs nouveaux « amis ».

En réalité, isolés sur le plan international et « lâchés » par leurs partenaires commerciaux les plus importants au sein de l’AIEA, les mollahs reviennent à leur stratégie de base qui est le terrorisme.

Ils désirent s’établir au Tadjikistan et y avoir une base à proximité du Cachemire afin de maintenir cette région sous l’emprise des groupes terroristes (qu’ils financent) comme l’Armée d’Allah (Jun’d Allah) et le Front de Libération Jamaa & Cachemire (liens avec les Tigres d’Allah). Comme au Liban, en bien sûr maintenant en Irak, les mollahs financent des extrémistes islamistes pour entretenir des conflits larvés, ainsi ils tiennent en respect les grandes puissances et les empêchent d’agir contre la République Islamique.

Ce chantage est très efficace et il neutralise toute action contre les mollahs et leurs alliés Syriens. Aucune allusion n’est faite au caractère terroriste ou répressif du régime au sein de l’ONU et par peur des attentats en Europe, l’UE évite de s’en prendre aux Mollahs, au Hezbollah et au Hamas. Cette efficacité est aujourd’hui partiellement contestée car les Européens avec les Américains s’attaquent à la mainmise de la Syrie sur le Liban afin d’affaiblir l’axe irano-syrien. À défaut de trouver des alliés plus à l’Est comme les Indiens ou les Chinois, les mollahs cherchent in extremis de « Libaniser » le Cachemire et ouvrir un front à l’ESt derrière la couronne des pays où les Etats-Unis disposent de bases militaires. Ils se frotteront à l’implacable volonté de la Chine qui n’a pas les mêmes méthodes et ne fera pas preuve de la même complaisance ou indulgence que l’UE vis-à-vis du Hezbollah ou le Hamas.

Les Mollahs ont berné les Européens et les ont utilisés comme un frein anti-américain au cours des deux dernières années. Après l’échec du dialogue avec la Troïka, ils ont tenté de changer de cheval durant la course et de refaire le même coup avec les non-alignés et l’OCS pour les utiliser contre une UE qui avait pris conscience de cette ruse. L’affaire vient d’échouer avec le vote de la résolution de l’AIEA et grâce à la division des non-alignés (voir le tableau [1]).

Après deux ans de bluff, ils n’ont d’autres choix que de jouer cartes sur table. Les mollahs jouent leur va-tout et vont se radicaliser, c’est ce qui pouvait arriver de mieux au peuple iranien.

Nous verrons aussi si les « amis Tadjiks » ne préféreront pas rester en bons termes avec leur puissant voisin plutôt que de profiter des largesses d’un régime en perte de vitesse.

Source de l’article

[1-Tableau-