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Iran : L’incidence du prix du pétrole sur l’économie iranienne
18.12.2008

L’OPEP baissera sa production, mais cela ne sera pas suffisant pour faire remonter le prix du baril. Cette info a inspiré une analyse à Jean-Michel Bezat du Monde qui pense que l’Iran sera durement touché. C’est la preuve d’une parfaite méconnaissance de la situation économique en Iran.



Dans l’inquiétude au pays de l’or noir, Jean-Michel Bezat écrit : Avec ses 75 millions d’habitants, l’Iran est plus exposé encore. « Nous pouvons vivre avec un baril à 5 dollars », fanfaronnait son président il y a un mois encore. Mahmoud Ahmadinejad admet désormais qu’un baril à 30 dollars le contraindra à « abandonner une grande partie des projets économiques ».

Une perspective inquiétante pour ce politicien critiqué par de nombreux économistes et ses opposants (y compris les conservateurs) hostiles à la dilapidation des revenus pétroliers dans des mesures populistes sans lendemain : il risque d’y perdre les élections de juin 2009.

En réalité, contrairement à ce que pense ce journaliste, Ahmadinejad n’a pas tort : il y a deux jours, lors d’une conférence à l’Université de Téhéran, Khatami a affirmé qu’il gérait l’Iran de 1997 à 2005 avec un baril à 9 dollars, or, dans cette période, la moyenne des prix du baril a été de 35 dollars. Cette différence est due au fait que Téhéran revendique des revenus élevés comme un slogan de réussite de la révolution, mais ses revenus pétroliers sont beaucoup moins élevés.

Comment ça marche ? Pour annoncer ses revenus, Téhéran multiplie le nombre des barils exportés en Iran par le prix du baril. Or, le régime des mollahs ne produit pas ces barils comptabilisés comme « iraniens ». Le régime vend des droits d’exploitations à des compagnies étrangères selon des contrats buy-back (prévente ou rachat). La compagnie X extrait le pétrole et il se fait payer en barils. On parle alors de production partagée.

Téhéran affirme officiellement que les compagnies lui remettent 80% de leur production : on peut en douter car avant de signer, Téhéran fait sous-évaluer la capacité des puits et ainsi il limite sa part réelle de la production partagée au profit de l’investisseur (l’affaire Statoil-Horton Investment en témoigne).

Le volume de cette part réelle iranienne reste un inconnu. Il y a cependant une certitude : l’Iran reçoit des compagnies 1,6 millions de barils (soit 40% de la production) pour sa consommation interne (sur-évaluée). Ces barils, qu’il ne peut pas vendre, sont parfois comptabilisés comme vendus et sources de revenu national comme les barils récupérés par les compagnies (qui sont au moins de 20%). Sur la base de ce fait, le revenu pétrolier annoncé est totalement faux et le seul revenu connu correspond majoritairement aux montants des contrats buy-back signés avec les compagnies européennes, russes et autres. Ces montants correspondent à un prix unitaire de 9 à 12 dollars par baril exporté.

Même si les prix chutent en dessous de ce seuil, Téhéran ne sera pas touché car ces revenus se basent sur des droits d’exploitations et non sur le prix du baril !

C’est pourquoi Ahmadinejad a dit que le régime tiendrait même avec le baril à 5 dollars, il aurait même pu dire avec un baril gratuit. Ce n’est donc pas de ce côté qu’il faut chercher pour espérer un changement de Président et de la politique nucléaire des mollahs. En revanche, la chute du baril est un beau prétexte pour annoncer l’abandon des projets promis sans tenir compte des budgets nécessaires.


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Pour en savoir + sur Ahmadinejad :
- Iran : Le fabuleux destin d’Ahmadinejad, le miraculé !
- (8 SEPTEMBRE 2008)

| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

| Mots Clefs | Enjeux : Buy-Back (lien très instructif) |

| Mots Clefs | Enjeux : OPEP |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Le Monde (Marie-Claude Decamps, Corine Lesne...) |