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Iran : La Russie marchande
19.09.2008

En juillet 2008, Rosoboronexport, l’organisme russe de production et d’exportation d’armes, avait annoncé qu’il refusait catégoriquement de livrer à l’Iran les batteries de missiles anti-missiles S-300, bien que cette vente ne soit prohibée par conventions internationales. Il vient d’annoncer que la livraison pourrait avoir lieu. | Décodages |



En juillet dernier, Moscou avait réagi négativement à un discours d’Ahmadinejad dans lequel le président du régime des mollahs affirmait que Téhéran voulait une entente avec Washington. Une telle entente sera une menace pour la Russie qui perdra l’exclusivité d’accès à l’Asie Centrale et sa mainmise sur le gaz de cette région, gaz qui assure une grande partie des revenus de Gazprom. Moscou a donc réagi en affirmant qu’il avait le droit de livrer ses armes mais qu’il refusait de le faire. A l’époque, Rosoboronexport avait également précisé qu’il ne pouvait fournir aucun calendrier pour une future livraison, ajoutant que « cela dépendrait de ce qui adviendrait prochainement », sous-entendu un abandon par l’Iran du projet d’entente avec Washington.

Or, les mollahs estiment pour plusieurs raisons politiques et historiques qu’ils doivent conclure cette entente avec l’administration sortante Bush et non avec son successeur. De son côté Bush espère conclure son mandat sur cette entente valorisante qui satisfera les donateurs pétroliers du parti républicain. Du fait du peu de temps qu’il lui reste, il a mis les bouchées doubles pour trouver un terrain d’entente avec les mollahs. Les deux parties font des progrès dans le sens d’une entente et la dernière évolution de leur progrès a été une demande de Téhéran pour une invitation officielle par un intermédiaire « neutre » (Irak), invitation qui fut suivie d’une réponse irakienne très amicale. Les choses ont donc évolué et Moscou s’est adapté à cette évolution défavorable.

Il y a une semaine, après l’annonce amicale du président irakien, les Russes ont invité à Moscou le ministre iranien des affaires étrangères pour « discuter ». A l’issue de la rencontre, Moscou a immédiatement fait part de son opposition à toute nouvelle sanction contre Téhéran, afin d’exposer à son allié l’importance de son appui.

Dans notre analyse consacrée à ce déplacement moscovite, nous avions évoqué d’autres exemples de coopération russe, hypothèses qui ont été confirmées par l’actualité.

Alors que l’Occident cherche à étouffer l’économie iranienne en refusant d’y investir ses dollars, la Russie a confirmé sa volonté de combler ce vide par des investissements dans le domaine énergétique. Elle a aussi promis de finir la Centrale de Bouchehr et à présent, elle nous donne encore raison, en évoquant la livraison de ce système de DCA (S-300).

Cependant, cet assouplissement de Moscou est conditionnel : Téhéran doit renoncer à son entente avec Washington. C’est ce qui explique les mots employés par Anatoli Issaïkine, le PDG de Rosoboronexport : « Les contacts entre nos deux pays se poursuivent… »

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Dans cet intervalle de ce marchandage, Moscou fait son possible pour faire monter la tension ! Dmitri Rogozine, le représentant de la Russie auprès de l’OTAN, a déclaré que les services secrets russes disposaient d’informations attestant que le rétablissement des infrastructures militaires en Géorgie avait pour but d’apporter un appui logistique à l’intervention des Etats-Unis en Iran… Il s’agit à la fois de faire paniquer Téhéran et augmenter la valeur du soutien russe, mais aussi d’expliquer la présence de l’OTAN dans la région et minimiser l’intervention russe qui est à l’origine de ce déploiement. C’est de bonne guerre.

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