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Ladane Nasseri : Une Carrie Bradshaw au rabais ...
21.09.2005

Ladane NASSERI, la correspondante de Libé à Téhéran est formelle :

« Le nucléaire est populaire en Iran ».



INTRO. Les Iraniens sont comme les Français pour des énergies propres, pour l’égalité des hommes et femmes, ils sont opposés à la peine de mort car en Iran, on pend les gens à des grues et on les laisse ainsi plusieurs jours. C’est atroce de dire « iraniens » pour parler d’un régime que le peuple déteste.

Il y en Iran, 2 millions de miliciens islamistes, 750 000 miliciens paramilitaires, plusieurs dizaines de milliers d’agents de renseignements sans uniformes, 70 000 mollahs, 150 000 gendarmes : ce sont eux et leurs épouses (1 à 4) et leurs enfants (de plus de 15 ans qui votent) : ça fait grosso modo 7% ou 10 % des Iraniens de plus de 15 ans (majorité à 15 ans pour les garçons et à 9 ans pour les filles). Ces 7 à 10 % ne sont pas le peuple mais une minorité.

Autre chose, la majorité est de 9 ans pour les filles : certes elles ne peuvent pas voter à neuf ans, mais peuvent être condamnée pour prostitution à cette âge ou se marier. En fait, elles sont mariées de force (ou plus exactement vendues). 1500 iraniens fuient l’Iran tous les jours. Plus de 1200 demandes de visas sont adressées à l’ambassade allemande quotidiennement. Les Français quant à eux ne publient pas les chiffres des demandes. L’Iran est une piège mortel … COMMENT pensez-vous dans ces conditions que le peuple puisse aimer ce régime...

Plus de 85 % des Iraniens vivent en-dessous du seuil de pauvreté : est-ce que en France les pauvres, les RMIstes plébiscitent les élections ou le nucléaire ? Non, ils veulent du travail et moins d’injustice et généralement, ils sont révoltés contre le gouvernement. Toutes les images qui viennent d’Iran sont manipulées et vous donnent une image déformée d’Iran : Libé a une sorte d’exclusivité dans ce domaine.

Ladane Nasseri, journaliste multicarte freelance apporte son talent d’écrivain pour tromper encore une fois le lecteur français. Elle et ce journal ont également vendu « le projet Khatami et les réformateurs » aux gens de gauche en France. Ce journal ne s’excuse pas d’avoir caché des informations aux Français et avoir privé le peuple iranien du soutien du peuple français notamment les gens de gauche, mais il remet une couche.

Le journal a remplacé JP Perrin, le journaleux que tous les Iraniens connaissent par « une Iranienne » qui collabore « aussi » avec BHL. C’est elle certainement qui a préparé le numéro de « La Règle du Jeu » consacré à l’Iran où l’on pouvait lire que l’Islam n’est pas contraire aux droits de la femme, où d’anciens jeunes de l’entourage à Khatami étaient servis aux lecteurs de cette revue comme opposants. Mais bizarrement aucun ne parlait de la révolution, de Khomeiny, des massacres.

Ladane Nasseri a fait ses études et a travaillé aux quatre coins du monde, Marseille, Paris, Londres, NY. Elle a dénoncé les secrets de la libération d’Irak. C’est étrange pour nous quand une Iranienne vole au secours du régime qui a bombardé l’Iran et aurait utilisé la bombe nucléaire contre notre pays sans la destruction d’Osirak par les « méchants Israéliens ».

Ladane Nasseri vit à NY. C’est plutôt Sex and the City que les marécages du sud de Téhéran. Elle vient de la rédaction publicitaire et a travaillé à Paris pour Sony et Armani et Helena Rubinstein. C’est très loin de la misère de la femme iranienne. Elle accepte d’apporter un réel talent de conteur pour vendre de la merde. Elle a d’ailleurs signé un de ses plus répugnant article pour le Newsweek International [1], un 4 juillet 2005. Elle y raconte son retour à Téhéran et la découverte d’une ville « fashion » : on parle de Téhéran, ville de la misère, ville d’un million de mères célibataires qui se prostituent pour moins de 5 euros, ville où le prix de coucherie avec des gamins n’excède pas 12 euros, la ville des marécages où l’on crève sur le chemin de son taudis. Elle, Ladane, ne voit que la beauté. On y entend parler des jeunes classieux et super fashion. On est le 4 juillet, la ville brûle et prépare fiévreusement la commémoration de la révolte estudiantine 99.

Le souvenir des crânes fracassés est vivace, le souvenir des murs maculés de sang fait serrer les cœurs d’une jeunesse sans avenir. Newsweek International n’en saura rien. Il est à parier que le prestigieux magazine aurait publié un travail de qualité mais il y a en Iran des personnes qui préfèrent bien gagner leur vie que d’avoir une paye de journaliste. Ce site dénoncera tous ces collabos. D’autres exemples existent de l’esprit commercial de Ladane et l’on trouve tous ces articles sur son site. Selon elle, les mollahs = Iran, la république des mollahs = camps de liberté. Réseau Terroriste = invention de G. Bush.

Ladane monte un article sur la base, non pas des chiffres qui sont accablants pour le régime des mollahs mais sur la base de 4 témoignages, 4 individus choisis « par hasard » qui dans le pays le plus fliqué du monde parlent « librement ». Que disent-ils ? C’est la même rengaine formatée : tous vous parlent de notre droit à cette technologie et ceci 20 ans après Tchernobyl et ils parlent de l’indépendance de l’Iran. Soit ! Mais regardons de plus près ce qu’ils disent et les chiffres qui manquent à cet article comme à ceux d’autres comme Delphine Minoui et Alexandre Adler. Rassurez-vous il n’y aura que des chiffres simples et aucune démonstration ne sera nécessaire …

L’article de Ladane Nasseri. Tout l’argument de cet article se base sur Roya Haghighi, 23 ans, vendeuse dans un magasin d’étoffes, Reza Aghvami, fleuriste, 29 ans et Taghi Kharrazi, commerçant de 52 ans et un retraité de 68 ans, Manouchehr Vali. Ces derniers ne parlent pas de politique, des 500 000 exécutés par les mollahs, ni des droits des femmes abolis à la Révolution, ni des meurtres par les bassidjis, ni du Kurdistan, ni droits de l’Homme, ni de l’horreur de lapidation, ni des pendaisons publiques, ni des arrestations massives dont le nombre à Téhéran s’élève désormais à 1600. Rien. Ils sont fiers de vivre dans ce pays. Ils veulent maîtriser le cycle nucléaire. L’uranium enrichi sera source d’indépendance. Tu parles !

Ils ne vous parlent pas des problèmes sociaux, du chômage, de l’apartheid sexuel, de la prostitution, de la misère et des marécages [2]. En fait, Roya Haghighi, Reza Aghvami, et Taghi Kharrazi n’existent que dans l’article de Ladane Nasseri qui elle-même ne connaît pas Téhéran. Ces personnages flottent dans l’espace, ils n’ont pas de passé, ils ne sont originaires d’aucun endroit précis de Téhéran car s’ils étaient comme on le prétend d’origine populaire, ils auraient dressé un tableau sans complaisance d’une société en ruine.

Nos chiffres : Le coût de la vie en Iran à lui seul est l’argument qui déconstruit l’oeuvre de la Miss.

Le niveau de vie en Iran n’est tout de même pas florissant. Il se caractérise par de fortes inégalités, L’Iran est le second producteur de pétrole au monde, mais, par son niveau de vie, elle est classée à la 101e place. L’argent est monopolisé par moins de 5% de la population qui peut être considérée très riche. 80 % de la population vit avec un salaire moyen de 100 dollars par mois (note « IR » Le niveau du Seuil de pauvreté est de 350 $) et 15 % de la population est en état de décomposition et elle est contrainte d’organiser elle-même sa vie, que dis-je sa survie. 350 $ / mois est un salaire qui permet de survivre, de quoi se nourrir et se loger pour un célibataire.

Pour une famille de 4 personnes, de surcroît locataires, il n’est pas rare que le père soit obligé d’avoir 2 ou 3 activités professionnelles (par ex. des travaux de peinture exécutés au cours du seul jour férié de la semaine, peuvent apporter plus qu’un salaire de Gradé au sein des Gardiens de la Révolution). Un professeur non-salarié peut gagner encore moins (1 dollar par heure de cours).

Le taux de la participation des femmes dans la vie active est de 1,7 % malgré cette disparité, le taux du chômage est extrêmement élevé. Il y a encore un an, le régime n’admettait que 15 % de chômage mais devant l’ampleur des dégâts, il admet 40% pour les jeunes et 17 % pour les plus âgées, mais, dans la réalité, on peut multiplier ce taux par deux sans crainte de se tromper.

Tous les jours des usines du parc industriel iranien qui datent d’avant la révolution ferment et des groupes de 500 à 4000 ouvriers (voire plus parfois) sont renvoyés sans aucune indemnité. En fait d’indemnités, il faut rappeler que parfois les ouvriers ne sont pas payés pendant des mois (de 3 à 24 mois) et le pouvoir n’hésite pas à débaucher pour les remplacer par des prisonniers qui ne peuvent demander de salaire et sont obligés de travailler gratuitement. Les prisons sont un réservoir humain inépuisable pour ce régime. On parle d’une population carcérale de 800,000 âmes.

En réalité, les clans qui se partagent le pouvoir en Iran agissent conformément à un schéma précis afin d’atteindre quelques objectifs complémentaires :
- Pousser les usines vers la faillite,
- Récupérer les terrains pour la spéculation immobilière,
- Importer des produits (plutôt que de les produire) afin de toucher des commissions sur les achats,
- Inciter les ouvriers à partir d’eux-mêmes sans compensations (refus de payer des salaires),
- Fragiliser l’emploi afin de diminuer la valeur du travail et faire baisser les salaires encore plus,
- Refouler les travailleurs vers le marché noir (où le régime engrange ses bénéfices).

Il est impensable qu’un Iranien soit plus occupé par le nucléaire qui coûte si cher (les mollahs sont obligés d’acheter les pièces sur les marché noir à leur double prix) que par leur avenir. Voici une échelle des prix en Iran :

- Grille des Salaires

  • Chômeur : Zéro
  • Ouvrier, 100 $ par mois ou moins
  • Fonctionnaire, 120 $ par mois
  • Enseignant : de 80 à 180 $ par mois
  • Vendeur à la sauvette 180
  • Médecin d’hôpitaux: de 250 $ par mois
  • Ingénieur : 250 $ par mois.

- Niveau de Seuil de Pauvreté : 350 $

- Loyer 2 pièces quartier très populaire : 450 $

Fin de démonstration. tout le monde doit bosser pour nourrir la famille (on peut aussi vendre ses organes ou se prostituer).

Qu’importe le prix des denrées quand on ne peut se loger mais continuons notre voyage au pays de la peur : à ce niveau de revenus, on ne mange plus, on ne se lave plus, on ne peut pas payer un médecin, les médicaments, le transport, les frais scolaires, l’électricité, l’eau, des vêtements neufs, une télé, il faut se saigner ! Une voiture, surréaliste !



Qu’importe le prix des denrées quand on ne peut se loger mais continuons notre voyage au pays de la peur :

- Pain : (1 ou 2 par personnes/j) : 0,2 $ (coût mensuel : 12 $ / personne)

  • Pour une famille de 4 : 48 $ soit la moitié du salaire du père ...

- Poulet (carcasse) 3 $
- Viande 1kg : 15 $

  • 80% des Iraniens ne consomment que des restes de viande ou de poulet. La carcasse sans viande du poulet est devenu un luxe, pour de nombreux ménages iraniens).

- Riz 1kg : 1,5 $
- Cigarettes iraniennes : 0,5 $
- Cigarettes américaines : 1,5 $
- TV (51 cm) : 200 $ ( > 1,5 mois de salaire)
- Coiffeur homme : 2 $
- Coiffeur femme : 7 $
- Chemise ou pantalon : 7 à 12 $ (1/10 du salaire)
- Chaussures de bonne qualité : 30 $ (1/4 du salaire)
- Honoraires de médecin 3 à 5 $
- École (publique) : 30 $ l’année
- École (privée) > 150 $
- Renault 5 6.000 $
- Peugeot 405 12.000 $
- Ordinateur PC : 900 $
- Essence : 0,09 à 0,12 c. de $ le L. c’est un cadeau aux riches.



- Là on sort du rouge :
- Salaire d’un chauffeur de taxi 542 $
- Salaire d’un Médecin libéral 600 $

- Là, on est dans la base des 5 % de bien-portants :
- Salaire d’un Député : 1200 $
- Salaire d’un ministre : 2000 $
- Salaire des dignitaires : illimité
- Taux réel du chômage : 57 % (chômage des jeunes : 80 %)

- Taux de suicide des jeunes

  • France 17 pour 100 000,
  • Albanie (le + élevé en Europe) : 30 pour 100 000
  • Iran, ce taux a été de 200 en 2003 et vient de passer à 250 en 2004
  • Equivalent à 10% du taux de la natalité !


Faut-il écrire une conclusion pour démontrer la superficialité de Ladane Nasseri ?


Ladane Nasseri est une affabulatrice chic. Et le journal Libération, qui envoie régulièrement des journalistes en Iran, travaille (involontairement ?) dans le sens des services de Renseignements du régime des mollahs ; sinon depuis longtemps vous auriez lu ces informations qui ne sont pourtant pas des secrets d’état mais le résultat d’une enquête d’un jour !

Le 11 février 2005, date anniversaire de la « République Islamique », 70 000 personnes avaient été réunies à Téhéran acheminés par 4000 bus. Ces manifestants professionnels de tous âges ont été récompensés par des repas chauds et des gâteaux.

Le grand Téhéran a 12 millions d’habitants et l’Iran 69 millions. La masse de ces manifestants professionnels qui se déplacent en famille constituait donc l’équivalent de 0,5% des Téhéranais ou 0,01 % des Iraniens. Le régime tient à un fil.

Il se barricade derrière ses miliciens qui frappent impitoyablement quiconque ose contester la suprématie de leurs patrons et la presse étrangère qui peut rendre compte de cette injustice emploie des filles comme Ladane Nasseri qui jadis vendait de la pub pour les cosmétiques mais trouve que vendre de la merde peut rapporter d’avantage.

[2-Marécages-