Selon Reuters, El Baradei affirmera que Téhéran a réussi à augmenter sensiblement ses capacités d’enrichissement nucléaire en passant de 3300 centrifugeuses à 4000 unités et que parallèlement Téhéran a réussi à tester une tête nucléaire en adaptant l’un de ses missiles… (rumeurs britanniques apparues en février 2008)

Les reporters de Reuters ont sans doute des dons divinatoires car les inspecteurs de l’AIEA n’ont pas eu accès depuis des années aux installations de Natanz où le régime prétend mener avec succès ses activités nucléaires. Ils n’ont également jamais visité un centre militaire du régime qui par définition est hors des limites de leurs prérogatives d’inspection. Les rumeurs de Reuters relèvent d’une certaine forme d’avertissement britannique aux mollahs.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Reuters utilise des rumeurs pour évoquer des progrès au niveau des centrifugeuses iraniennes. Il l’a fait aussi avant le dernier rapport de l’AIEA et El Baradei avait abondé dans le sens de ces rumeurs comme il a toujours écrit des rapports dans le sens des attentes de Londres.

Quand l’administration Bush a créé cette crise pour imposer des sanctions aux mollahs afin de les forcer à accepter une entente selon les intérêts américains, les Britanniques ont combattu cette stratégie en demandant à El Baradei de produire des rapports qui mettaient en doute toutes les insinuations américaines diffusées sur les installations nucléaires iraniennes. La Grande-Bretagne ne veut pas d’une entente entre Washington et les mollahs (chiites) qui sont ses alliés stratégiques historique au Moyen-Orient où elle a fait son retour grâce à l’invasion de l’Irak. Il ne faut pas oublier que les deux Etats sont concurrents en Iran depuis les années 50.

Tant que Téhéran résistait aux sanctions de l’administration Bush et tant que cette dernière évoquait le danger du nucléaire iranien pour renforcer ses sanctions, Londres appuyait Washington pour encourager leur querelle et utilisait El Baradei pour neutraliser la stratégie américaine d’affaiblissement des mollahs. Mais au moment où les Américains ont changé de tactique pour permettre à Téhéran d’ouvrir la porte à une entente, les Britanniques ont réagi en diffusant des rumeurs sur le renforcement des capacités nucléaires et militaires de l’Iran afin que les Américains ne puissent pas s’écarter de l’affrontement.

L’apparition de ces rumeurs est liée à l’attitude affichée positive ou négative de Téhéran vis-à-vis d’une entente avec l’administration Bush. Quand le spectre d’une entente s’éloigne, Londres en diffuse de nouvelles pour atténuer les précédentes qui étaient alarmantes !

Les déclarations d’El Baradei changent aussi selon les moments : ainsi il y a deux semaines, il évoquait les difficultés des mollahs à augmenter le rendement de leurs activités nucléaires, laissant entendre qu’il pourrait inscrire ce jugement dans son rapport.

Mais entre temps, les médias internationaux ont enregistré les efforts de Téhéran pour entamer un dialogue direct avec Washington sur terrain neutre à Bagdad. Le rapport risque donc comme l’affirme Reuters de ne pas être favorable aux mollahs.

Ce rapport sera néanmoins rédigé de manière assez ambiguë pour permettre un retournement si Téhéran renonce au deal avec Washington. Dans le même état d’esprit, hier soir, El Baradei entretenait même le doute au sujet de sa date de parution, laissant ainsi le choix à Téhéran de s’éloigner de Washington comme le lui demandent Londres mais aussi Moscou.

Téhéran, qui ne compte pas renoncer à cette entente, fait la sourde oreille à ces demandes, en affirmant qu’il coopère avec sincérité et sérieux avec l’AIEA.

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