Il s’agit en fait de faire plier les mollahs en privant le pays de son approvisionnement en essence. Tout a sans doute été décidé le jeudi 7 août : une délégation iranienne menée par l’ancien ministre des affaires étrangères Kharrazi a rencontré à Ankara via une médiation suisse une délégation américaine menée par Crocker, l’ambassadeur américain en Irak, pour négocier l’entente que l’administration Bush souhaite depuis longtemps, l’entente qui pourrait à long terme livrer l’Asie Centrale aux Etats-Unis, et à court terme pacifier l’Irak pour donner la victoire au parti républicain. Cette rencontre a échoué puisque les deux Etats ont repris le cours de leurs intimidations mutuelles via le Jundallah ou encore Moqtada Sadr.

La présence du porte-avions britannique HMS Ark Royal et du sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste [3] et des rafales français sur le pont de Roosevelt donne plus de force à l’intervention qui se veut une extension militaire commune des actions diplomatiques des Six. Cependant, on ne peut le nier, cette concentration navale sans précédent depuis 2003 peut aussi laisser entendre qu’en cas d’une riposte iranienne ces forces pourraient déclencher une attaque et ce d’autant plus que les alliés russes et chinois du régime sont occupés ailleurs et ne peuvent donc pas participer à cette opération pour empêcher une escalade.

L’armée chinoise toute entière surveille les innombrables sites des JO en grand danger depuis le 9 août suite aux attaques surprises d’un mystérieux groupe islamiste de Xinjiang [4] (région qui intéresse les américains) et les russes sont occupés en Ossétie du Sud suite à une soudaine attaque des forces géorgiennes dans la nuit du 7 au 8 août, la nuit où les américains ont fait choux blanc face aux mollahs à Ankara. Pris dans le piège géorgien, les russes ne peuvent ni se rendre dans le Golfe Persique ni secourir les mollahs contre une éventuelle attaque. Ce qui renforce la menace conçue et mise en scène par les stratèges américains. Pour théâtraliser encore plus cette situation, le Koweït a annoncé qu’il venait de déclancher ses programmes d’urgences conçus pour se préparer à une situation de « guerre dans le Golfe » !

Cependant, malgré le nombre de bâtiments déployés et le soin particulier apporté par Washington et ses alliés pour remettre à jour l’hypothèse d’une guerre, il est fort peu probable que l’administration Bush attaque l’Iran car cela pourrait semer le désordre et provoquer une révolte populaire fatale au régime, ce que Washington ne veut pas. De plus, cela pourrait avoir un effet négatif sur les élections : l’administration Bush ne veut pas finir son mandat sur une nouvelle guerre.

Un blocus le satisfera encore plus car il peut provoquer le même type de condition explosive (soulèvement), mais avec une certaine graduation dans la détérioration de la situation qui sera plus efficace pour faire réfléchir les mollahs, et en plus la solution reste en conformité avec la dernière déclaration européenne hostile à l’option militaire, et surtout en conformité avec la dernière résolution adoptée par les Six y compris les russes et les chinois.

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