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Iran : La semaine en images n°22
20.07.2008

Conformément à nos prévisions publiées le dimanche 13 juillet, la crise iranienne est entrée dans une nouvelle phase : les Etats-Unis ont affirmé leur intention de changer leur approche. La première réunion officielle en présence d’un émissaire américain a eu lieu à Genève. Ce changement de cap a été interprété comme le début de la fin de la crise et des sanctions : bref, les affaires pourraient repartir et la France entend être dans le peloton de tête de ce nouveau départ.
| Récit en images |



Le représentant des mollahs est arrivé à Genève avec l’idée fixe de redéfinir l’ordre du jour : une entente géopolitique paraphée par Washington. Selon Téhéran, la question nucléaire est close et les Six devraient plutôt plancher sur les demandes iraniennes, exprimées dans la réponse remise à Solana le 3 juillet, où le régime des mollahs demande très explicitement un rôle régional (ce qui correspond à l’impunité pour les alliés de l’axe Iran-Syrie : Moqtada Sadr, le Hamas et le Hezbollah).

Le régime des mollahs appelle cette redéfinition de l’ordre du jour : définir « le cadre de négociations ». Les visages des participants sont éloquents : confiance et sourire, du côté des mollahs, et mines déconfites du côté des Six, sauf l’émissaire de Bush (le moustachu).

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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La confiance affichée par la partie iranienne résulte du changement de cap annoncé par Washington et de la présence d’un émissaire de George Bush à la table des négociations. Téhéran sait que cette présence est une première étape timide avant des négociations en direct qui devront nécessairement avoir lieu avant l’élection présidentielle américaine en novembre 2008 pour empêcher une cuisante défaite au parti républicain. Les autres émissaires présents le savaient aussi, d’où leur mine déconfite (et l’air apaisé de l’américain) : Une entente entre Téhéran et Washington pourrait mettre en péril leurs intérêts en Iran…

Pour empêcher cette débâcle, certains prennent les devants pour signer des contrats avec les mollahs, pour lancer des projets. Les russes (ci-dessous) ont ainsi profité de l’isolement des mollahs pour signer un contrat de coopération gazière avec les mollahs, mais ils n’étaient les seuls.

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En ce qui concerne Gazprom, Téhéran a fait beaucoup de tapages médiatico-politiques pour affirmer que le régime n’était pas isolé. Et toutes les visites de patrons étrangers en Iran sont entourées du même tapage. La discrétion n’est pas à l’ordre du jour sauf si les visiteurs le demandent. Ce fut sans doute le cas avec la visite en Iran de Jean-Philippe Collin, nouveau patron de Peugeot depuis novembre 2007. Collin était à Téhéran cette semaine pour célébrer le 20ème anniversaire de la coopération de son entreprise avec les mollahs.

On se souvient qu’en mai 2007, Peugeot avait décidé de se retirer du marché iranien où la baisse de ses ventes avait dépassé la moyenne mondiale de cette baisse notamment en raison de la piètre qualité de la version iranienne de la 405, le cercueil roulant.

Le vendredi 18 juillet, à la veille de la rencontre de Genève (considérée comme des prémices à un nouveau départ économique), Collin est arrivé discrètement en Iran pour évoquer de nouveaux projets. Après tout, cet ingénieur de 52 ans a été nommé à son poste de directeur pour stopper la baisse pharamineuse des ventes de Peugeot au niveau mondial. Cependant, ce n’est pas le marché iranien qui intéresse Peugeot : 85% des iraniens vivent sous le seuil de pauvreté. Collin espère parvenir à sauver les ventes de Peugeot grâce à la main d’œuvre iranienne très bon marché qui lui permettra de réduire les coûts de production.

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Poletti, l’ambassadeur français en Iran, Collin et Manteghi, président d’Iran Khodro

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Aucun respect pour les droits de l’homme les plus élémentaires des iraniens… Mais Peugeot et le sémillant Collin ont aussi peu de respect pour les français. Aller discrètement en Iran est une chose, mais il est plus difficile d’expliquer aux français que l’on délocalise qui plus est chez les mollahs qui ont une si mauvaise image !

Mais il y a des solutions à tous les problèmes. Pour changer cette image, France Culture a programmé cette semaine deux heures d’émission quotidienne (9h-12h) pendant 5 jours pour parler de la nécessité de la révolution, pour gommer son islamisme, pour vanter les droits qu’elle aurait accordés aux femmes ! Tous les lobbyistes (non-déclarés) du régime ont été mis à contribution dans cette série d’émissions de désinformation intitulées à juste titre :
« IRAN, et la vie continue... »

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Le lundi 21 juillet 2008, on évoquera « une brève histoire de la Révolution » avec le très dévoué Yann Richard, Hibat Tabib, écrivain ( ?), et Faranguis Habibi, responsable de branche iranienne de RFI, une servile panégyriste du régime des mollahs. Ces invités nous expliqueront : « Pourquoi et comment une révolution nationaliste ou de gauche a basculé et a été « confisquée » par les islamistes ».

Ces petits malins emploieront toute sorte d’artifice pour draguer à droite (nationaliste) et à gauche. Même si les images de l’histoire sont là et que tout le monde se souvient d’Yves Mourousi tout émoustillé devant Khomeiny, ce mollah qui fut rappelons-le logé aux frais de la république à Neauphle-le-Château.

Le mardi 22 juillet 2008, France Culture nous offre un débat géopolitique « sur la brûlante question : Y aura-t-il la guerre en Iran ? Quelles sont les probabilités d’une attaque américaine contre l’Iran ? » Le débat réunira Hubert Védrine, fervent artisan d’une entente aussi large que possible avec les mollahs terroristes et pédophiles… François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran et auteur d’un livre de propagande sur les mollahs… Olivier Roy, directeur de recherches à l’EHESS – militant pour la reconnaissance du rôle régional des mollahs… et Bruno Tertrais, maître de recherches à la Fondation pour la Recherche Stratégique ! Ce dernier est présent pour sauver sa carrière puisqu’il est l’auteur malheureux d’un livre où il prédisait une guerre contre l’Iran en février 2009 !

Tertrais flippe déjà à l’idée d’une entente qu’il n’avait pas prévu. Il essaiera de se justifier pour vendre d’autres livres toujours à côté de la plaque. Nous espérons un jour qu’il se retrouvera sur la plaque et dans son cas, le seul moyen serait d’ouvrir une table d’hôte : Chez son Bruno !

Le mercredi 23 juillet 2008, France Culture se donne la mission de restaurer l’image de l’islam au pouvoir : pour faire oublier la lapidation, la pédophilie dépénalisée, et l’esclavage des femmes, l’on parlera dans une première partie de l’émission du « fascinant soufisme » !

Et en deuxième partie, trois super lobbyistes du régime : Azadeh Kian-Thiebault, chercheuse au CNRS, le très actif Bernard Hourcade, directeur de recherches au CNRS, et Jean-Pierre Perrin, journaliste à Libération, expliqueront que « les femmes sont l’avenir de la République islamique »… Une occasion de faire de la promo pour les fausses féministes issues des milices du régime.

Le jeudi 24 juillet 2008, on tapera sur le Chah sur la base des écrits de Kapuscinski, dont le livre « Le Shah ou la démesure du pouvoir », est une référence en Occident. Or, Kapuscinski n’avait jamais vécu en Iran avant la révolution et a écrit son livre en 15 jours après la révolution. Cet ancien agent du KGB déclarait d’ailleurs haïr au plus profond de son être le patriotisme qu’il comparait à la peste. De ce point de vue, il est hautement qualifié pour parler de cette révolution soi-disant nationaliste.

Cette émission du 24 juillet a choisi de démolir le bilan du Chah en ridiculisant les célébrations du 2500e anniversaire de l’empire perse. Pour un iranien d’aujourd’hui, ces fêtes sont de plus haute importance car elles célébraient l’identité iranienne. Mais cette approche hostile et illogique de France Culture trouve sa raison d’être dans la seconde partie de l’émission animée par Nahal Tajadod, l’épouse de Jean-Claude Carrière, qui va expliquer que l’identité iranienne est non pas perse mais chiite. Serge Michel, le seul journaliste français à avoir été chassé de l’Iran par le régime des mollahs, sera également présent.

Le vendredi 25 juillet 2008, « IRAN, et la vie continue... » sera consacré à Khatami et le sous titre évoque le « fol espoir » des années « Party » (fêtes) de la présidence Khatami ». Cela dit c’est sous ses deux mandats que le régime a le plus lapidé des femmes !

Dans cette journée finale, France Culture mettra en avant d’autres lobbyistes du régime : Marie Ladier-Fouladi et Thierry Coville. Ils évoqueront le pouvoir d’achat de la jeunesse iranienne ! Attention, clin d’œil discret à Peugeot !

Les invités oublieront d’évoquer que cette jeunesse compte des millions de toxicos, de SDF, de chômeurs, de suicidés. Dans la dernière partie de cette dernière émission de la dernière journée de désinformation, la chaîne diffusera un vieux documentaire (réalisé par Delphine Minoui ?) sur le rock et le rap en Iran. Un rap étrangement dénué d’hostilité contre le régime.

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Il y a deux ans, c’est France Inter qui s’était jetée aux pieds des mollahs pour espérer jouer un rôle central dans la solution à la crise iranienne et ce pour assurer l’avenir des intérêts français dans ce pays. Cette fois, la France n’espère plus jouer ce genre de rôle, consciente de ses limites. Elle espère une entente avec les américains, mais se propose dans le rôle encore plus ignoble de propagandiste pour un régime tout simplement criminel.