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Iran : L’Irak se prononce sur un survol israélien de son territoire
07.07.2008

Très régulièrement, les médias évoquent une frappe israélienne des installations iraniennes. Le sujet est également utilisé par tous (mollahs, américains ou israéliens) pour revendiquer une puissance militaire susceptible de forcer le respect des ennemis. On parle souvent des probabilités, du calendrier, rarement de la faisabilité car il y a une donnée inconnue dans ce domaine : l’autorisation de survol d’un des voisins musulmans de l’Iran.



Il y a en fait 3 trajets possibles qui nécessitent le survol de plusieurs Etats musulmans : l’Arabie Saoudite, le Koweït, la Jordanie, l’Irak, la Syrie et la Turquie.

L’itinéraire Saoudien (qui comprend une étape jordanienne et éventuellement koweitienne) est difficilement imaginable car l’Arabie Saoudite est le leader du monde musulman et ne peut en aucun cas s’associer à des juifs pour combattre des musulmans. Une telle collaboration pourrait avoir des conséquences fatales pour la monarchie régnante. Si la Jordanie est très alignée sur Washington et pourrait jouer la complaisance, le Koweït s’est depuis longtemps prononcé contre le survol de son territoire.

La Turquie est vue comme une étape décisive d’un autre itinéraire par le nord et ce en raison des relations privilégiées qu’elle entretient avec Israël. Cependant, la Turquie a des relations encore plus privilégiées avec les Etats-Unis, mais elle a refusé à Washington toute collaboration pour l’invasion de l’Irak.

Il ne reste qu’une dernière alternative réaliste : l’itinéraire irakien (avec une étape jordanienne). Le problème du survol du territoire irakien vient d’entrer dans une phase inédite : selon la télévision d’Etat Al-Iraqiya, le vendredi 4 juillet 2008 dans une vidéo-conférence avec Bush, le 1er ministre irakien Nouri Al Maliki s’est officiellement opposé à toute (future) utilisation terrestre, maritime ou aérienne du territoire irakien pour une attaque de l’Iran.

Le traitement de l’info par la télévision d’Etat est très important. La déclaration ne parle pas d’Israël, mais d’un agresseur inconnu qui pourrait utiliser tout le territoire irakien pour ses objectifs militaires. Sans le nommer, Maliki parle des Etats-Unis et sa déclaration résulte du malaise créé en Irak par le dernier article de Seymour Hersh sur les opérations militaires clandestines américaines depuis l’Irak contre l’Iran.

Nous avions analysé cette publication comme une tentative indirecte de l’administration Bush de rompre avec des groupes armés séparatistes, groupes qui seront sacrifiés pour faciliter une entente avec les mollahs. Cependant, l’article a dû créer des remous en Irak et le gouvernement irakien pion -qui s’en défend- de Washington monte au créneau pour faire son mea-culpa sur le passé en affirmant son opposition à toute utilisation (future) de son territoire pour une attaque contre l’Iran (sans préciser son auteur).

Cependant, cette déclaration a aussi été faite et diffusée par la principale chaîne du pays au moment où Israël évoque son envie de bombarder l’Iran. Cette très importante déclaration diffusée par la principale chaîne irakienne, mais passée inaperçue en France, a vivement intéressé les journalistes outre-atlantique. Dans une rencontre avec Sean McCormack, le porte-parole du Département d’Etat, ils ont signalé l’ambiguïté dans cette déclaration étant donné que l’espace aérien et le territoire irakien sont sous un contrôle américain. Quelle est la position du Département d’Etat sur la déclaration de Maliki et quel serait la réaction américaine à une demande israélienne de survol du territoire américain ?

La réponse de McCormack a été évasive et imprécise : il n’a rien dit sur la contradiction entre cette déclaration des irakiens et l’option militaire américaine ou les opérations secrètes, et il a recentré sa pseudo-réponse sur l’autorisation d’un survol israélien en affirmant qu’il ne pouvait se prononcer sur une question théorique traitant d’une attaque israélienne qui restait une supposition !

Cette « réponse » est intéressante car Washington occulte toute implication directe dans une option militaire et ne parle que d’Israël dans le rôle d’« agresseur » et dans ce contexte, il affiche un mutisme anxiogène quant à sa décision finale d’autoriser ou pas le survol du territoire irakien à la chasse israélienne.

On reste donc dans la méthode d’intimidation délibérément floue des américains vis-à-vis de l’Iran pour forcer les mollahs à accepter l’entente bilatérale qu’ils leur proposent.

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