Ces deux déclarations correspondent à 200% à notre synthèse des points des « experts iraniens » à propos du dernier rapport de l’AIEA.

En effet, on retrouve dans les propos de Larijani tous les thèmes développés 24 heures plus tôt par ces experts, portes-parole officieux du régime des mollahs. Comme eux, Larijani dénonce un « rapport sous influence des P5+1 », un rapport politisé au « contenu riche en sous-entendus, et une diffusion » délibérée (par l’AIEA) de ses extraits les plus anxiogènes dans les médias afin de « créer un climat hostile à l’Iran » : d’où sa menace de restreindre une coopération faussée par des tromperies.

Néanmoins, il s’agit d’une menace potentielle (mais non définitive), puisqu’elle a été formulé par le Parlement qui dans le régime des mollahs est dépourvu d’un rôle décisif dans les affaires nucléaires ou diplomatiques. Le Parlement du régime des mollahs est coutumier de ce genre de déclaration : il avait menacé d’un retrait du TNP en cas de transfert de dossier nucléaire iranien au Conseil de Sécurité. Le dossier y est, mais aucune de ces menaces n’a été mise à l’exécution. Cependant cette fois le régime joue la carte de Larijani, présenté comme un potentiel expert en négociation nucléaire qui aurait des ambitions présidentielles, ce qui donne un ton plus corsé à cette menace potentielle.

Dans notre synthèse des points des « experts iraniens », nous avions affirmé que le dialogue avec l’AIEA serait remplacé par une relance de la machine des négociations sans fin. On retrouve ce désir dans le souhait adressé par Larijani à Javier Solana.

Larijani, ex-négociateur nucléaire, s’adresse à la bonne personne car le véritable et unique partenaire de jeu de l’Iran dans ses négociations sans fin a toujours été l’Europe, l’un des plus importants partenaires commerciaux des mollahs.

Téhéran délaisse donc sa simili-coopération avec l’AIEA pour un simili-dialogue avec l’Europe qu’il avait envoyé paître il y a deux mois.

Téhéran espère que cette dernière reprendra son rôle de sparing partner pour animer le débat (l’offre des Six contre les propositions iraniennes) afin de retarder les échéances.

Téhéran reste toujours dans un schéma dilatoire : il veut gagner du temps pour épuiser l’administration Bush sur le terrain irakien et lui arracher un deal basé sur des garanties de sécurité pour le triangle Téhéran-Damas-Hezbollah.

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