Ainsi France 24 a publié le compte-rendu d’un certain Ali qui serait le journaliste correspondant de cette chaîne en Iran : le point de vue exprimé par cet anonyme ne reflète pas ce que les experts politiques du régime disent à propos du rapport. Via ce journaliste anonyme, France 24 ressasse les thèmes acculés du nationalisme nucléaire ou encore la discrimination dont serait victime l’Iran et les iraniens qui n’ont pas la bombe alors qu’Israël et le Pakistan l’ont. Cette présentation très « café du commerce » est un package adressé aux médias étrangers pour affirmer la solidarité nationale avec le régime et ses objectifs, mais ce genre de propos est absent des analyses des universitaires ou géopoliticiens, car ces analyses s’adressent aux iraniens.

Généralement, les experts consultés par les médias (aussi bien en Iran, qu’en France ou ailleurs) sont choisis pour véhiculer certaines idées désirées par les Etats concernés. L’examen des analyses des experts iraniens montre que le régime des mollahs veut porter l’accent sur « la politisation » voulue par les Six, visible dans le dernier rapport de l’AIEA. Ce choix obéit à deux objectifs.

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Objectif 1 : sur le plan national | Selon Téhéran, le rapport qui devrait reconnaître sa bonne foi et la qualité de sa coopération avec l’AIEA porte la marque des pressions diplomatiques et l’hostilité imprégnée de mauvaise fois des P5+1. Comme preuve de mauvaise foi, un expert (Beheshti-pour) qui semble bien informé affirme que l’AIEA n’a pas présenté les documents qui accusent Téhéran et de ce fait, le régime ne pouvait répondre sur un sujet flou. Comme preuve de l’hostilité de ce rapport sous l’influence des P5+1, il évoque l’emploi des formules qui laisseraient planer des doutes sur la nature pacifique du programme nucléaire iranien et souligne que la publication dans la presse des passages les plus anxiogènes serait la plus importante preuve de la politisation délibérée du rapport.

Selon cet expert du régime, les rapports de l’AIEA sont réservés au Conseil des Gouverneurs et le public n’est pas qualifié pour le comprendre et peut être choqué par certaines formules. Cette publication serait donc une manipulation de l’opinion internationale afin d’alimenter l’anxiété et de justifier la nécessité de recours à des sanctions pour priver l’Iran de « son droit à l’enrichissement ».

Cette suite de preuves cherche à positionner le régime comme une victime impuissante et à rejeter la faute de l’aggravation de la crise sur la partie adverse. En réalité le régime des mollahs cherche à ne pas endosser la faute d’un renforcement des sanctions qui mènent la vie dure aux iraniens, aggravant l’inflation, le chômage et la pauvreté. Le régime qui veut persister dans son attitude de fermeté (pour obtenir des garanties de sécurité sur son avenir) cherche à se disculper auprès de l’opinion iranienne et à habituer les iraniens à la persistance d’un état de crise (qui serait l’œuvre des P5+1). On est loin du package de Monsieur Ali et de la rengaine du nationalisme nucléaire.

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Objectif 2 : sur le plan international | En soulignant la politisation de la crise nucléaire iranienne, le régime s’oriente vers une nouvelle politique pour la suite : puisque les P5+1 cherchent à politiser le rapport et l’affaire, Téhéran affirme qu’il n’attend plus rien de l’AIEA et de sa coopération avec elle.

Selon les mollahs (via l’avis des experts), la solution résiderait dans une solution politique, c’est-à-dire des négociations pour un examen des propositions iraniennes formulées en réponse au paquet des offres incitatives des Six. Téhéran veut relancer la machine des négociations sans fin…

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