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Iran – Liban : Géopolitique et téléphonie
19.05.2008

Suite au coup force du Hezbollah, les acteurs de la scène politique libanaise se sont réunis à Doha pour chercher des solutions politiques à leurs multiples problèmes à l’intérieur même du Liban. L’intérieur du Liban est certes intéressant, mais le problème du Liban est d’ordre géopolitique et non libanais ; néanmoins le problème a démarré suite à un intérêt porté par le protecteur du Hezbollah aux conversations de l’intérieur du Liban.



Le régime des mollahs désirait surveiller les dirigeants libanais qui ne sont pas de son bord. Les mollahs doivent garder la mainmise sur ce pays voisin d’Israël pour avoir un moyen de pression sur les Etats-Unis. Leur présence au Liban est vue comme une assurance vie pour leur régime. Si on les enquiquine, ils bougeront le Hezbollah dans cette région ultra sensible qui ne peut supporter une autre guerre. Téhéran doit donc sans cesse améliorer la qualité de ses nuisances au Liban et prévenir la création de courants hostiles à cette ingérence qui indispose les Etats arabes. On comprend donc la décision des mollahs de doter le Hezbollah d’un réseau de téléphone autonome connecté au réseau national libanais et d’un système de surveillance par caméras de l’aéroport de Beyrouth.

Le gouvernement libanais avait réagi tardivement pour neutraliser ce double système de surveillance, mais la démonstration de force du Hezbollah l’a fait céder. Les médias n’ont retenu du coup de force du Hezbollah que son aspect militaire, oubliant presque cette double victoire de cette ex-croissance arabe des Pasdaran. Réunis à Doha, les acteurs de la scène politique libanaise ont aussi oublié les victoires du Hezbollah, c’est-à-dire du régime des mollahs, pour s’attacher à trouver des solutions politiques inter-libanaises à un problème qui est en fait essentiellement géopolitique et concerne l’Iran et les Etats-Unis.

Voici un pays, le Liban, dont l’armée est impuissante ou infestée de généraux formés en Syrie, ses ministères écoutés et sa porte d’entrée aérienne surveillée par un autre Etat, mais reste replié sur une lecture nationale de ses problèmes. Ce repli est en fait imposé par les américains qui ne peuvent reconnaître l’existence d’intérêts géopolitiques qui les opposent aux mollahs. En attendant une évolution, ils renvoient les libanais dos-à-dos pour résoudre leurs problèmes entre eux…

Il y a deux sortent d’Etats qui nient l’existence de ces enjeux : les puissants qui en ont et les petits qui en sont les victimes, mais malgré ce double déni, ces enjeux existent, dépassent les nations et imposent une lecture géopolitique de la situation. En ce qui concerne le Liban, la crise géopolitique est entre Téhéran et Washington et de ce fait elle a trait non pas au Liban, sa région et ses alliés, mais à l’Iran et ses alliés géopolitiques, principalement la Russie.

Une entente entre Téhéran et Washington bouleversera la carte énergétique des régions limitrophes à l’Iran. La Russie cessera d’être le seul couloir d’accès vers l’Asie Centrale et de facto elle cessera d’être le principal fournisseur de gaz à l’Europe. Gazprom qui arrive à concurrencer les majors américains tombera de son piédestal et emportera dans sa chute les rêves de la reconstruction d’une hégémonie russe perdue avec la chute de l’empire soviétique… La Russie qui bloque l’accès à l’Asie Centrale grâce à sa complicité avec les mollahs n’a donc pas intérêt à laisser les alliances s’inverser grâce à un pacte irano-américain.

Pour réussir à saboter les efforts des mollahs en Irak ou au Liban pour indisposer les américains et obtenir des clauses pour une entente plus favorable à Téhéran, la Russie doit sans cesse espionner ses alliés, les mollahs, en Iran, mais aussi en Irak, ou encore au Liban. C’est d’ailleurs ce que font les russes qui ont des mouchards en Iran, mais leurs performances laissent à désirer puisque les russes réagissent toujours en retard.

Il s’agit peut-être d’une coïncidence, mais comme les mollahs, les russes s’intéressent à une écoute plus fiable, en direct, via la téléphonie comme au bon vieux temps du KGB. Megafon, le troisième russe opérateur de GSM, compagnie proche du pouvoir Poutinien, est actuellement en négociation pour briguer la position de troisième opérateur de téléphonie mobile en Iran (coût de l’opération : 6,4 milliards de dollars). Pendant que le Hezbollah posera ses câbles au Liban, les russes poseront leurs antennes en Iran pour écouter ceux qui écoutent.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Ereintés par les sanctions américaines, les mollahs ne diront sans doute pas non aux dollars russes. Moscou fera sans doute peser le poids de sa coopération militaire ou nucléaire (sur Bouchehr) pour forcer les mollahs afin qu’ils ne choisissent pas un autre opérateur.

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| Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Liban |

| Mots Clefs | Terrorismes : Hezbollah |