C’est toujours la même rengaine. Les mollahs souhaitent la levée des sanctions sans avoir mis fin aux activités nucléaires qu’ils prétendent avoir. Il s’agit pour eux de préserver le droit d’agiter le spectre d’une prochaine nucléarisation militairement ambiguë pour obtenir des contreparties géopolitiques, c’est la version moderne du coup de fil anonyme d’alerte à la bombe. Sans l’existence de cette menace virtuelle, le régime serait dépossédé d’un de ses outils pour terroriser ses interlocuteurs.

L’ennui est que ces prétendues activités nucléaires sont devenues l’un des ingrédients d’une crise géopolitique entre l’Iran et l’hyper puissance américaine qui souhaite maîtriser les formidables capacités d’agitateurs islamistes des mollahs et ce d’autant plus que ces derniers sont devenus au fil des ans les maîtres des groupes armés islamistes sunnites ou chiites, comme le Hamas, le Hezbollah ou l’ex-GSPC algérien rebaptisé Al Qaeda Maghreb. Les mollahs entretiennent également des liens depuis une quinzaine d’années avec Ben Laden et donnent refuge à ses lieutenants en Iran au prétexte fumeux de les avoir arrêtés pour les garder en lieu sûr !

Les Etats-Unis sont insatisfaits de la donne au Moyen-Orient et ils souhaitent remodeler la région pour créer des mini-républiques sunnites ou chiites à la place des monarchies du Golfe Persique pour provoquer des mouvements du même ordre en Asie Centrale ou l’est de la Chine pour remettre en péril ce grand adversaire économique. Pour forcer les mollahs à accepter de devenir les instruments de cette agitation, les américains ont décidé de les sanctionner durement. Le prétexte pour imposer ces sanctions a été justement les prétendues activités nucléaires des mollahs, activités que ces derniers revendiquent pour avoir l’air menaçant. La crise est le résultat de cette impossibilité pour les mollahs de renoncer à leurs activités anxiogènes, ou pour les américains de renoncer à leurs sanctions en affirmant clairement que l’activité nucléaire des mollahs est un vaste canular, fruit d’une propagande disproportionnée.

Pour ce qui est de Rafsandjani, il a, dans cette dernière intervention, cherché à gommer les souvenirs désagréables de cette propagande disproportionnée dont il a été lui-même l’un des artisans. A présent, Rafsandjani prétend que les « croyances religieuses » des mollahs interdisent d’utiliser une bombe atomique », mais on se souvient qu’il a été le premier en 2001 à évoquer que bientôt il disposerait d’une arme nucléaire et qu’alors l’occident devrait revoir ses positions vis-à-vis de l’Iran car son régime pourrait avec une seule bombe effacer Israël de la carte.

On se souvient également qu’il y a deux ans, pour justifier le démarrage des activités nucléaires militaires post révolution en 1985 et sous sa propre direction, il avait diffusé une soi-disant vieille lettre de Khomeiny qui l’encourageait à mettre au point la bombe nucléaire pour en finir avec Saddam.

On se souvient aussi, qu’il y a un an, ce même mollah sous mandat d’arrêt international et coutumier des appels au meurtre proférait des menaces terroristes contre les Six, au cours d’une séance de prière de vendredi.

Le mollah est un prédicateur et parle selon les circonstances. Avant il fallait dire oui nous sommes la sève de l’islam et nous aurons la bombe pour raser Israël, maintenant, c’est le profil bas qui est à la mode et fort heureusement pour ce régime géopolitiquement utile pour Washington, tout le monde fait semblant d’avoir oublié le passé et les propos de Rafsandjani, le patron du régime des mollahs.

Mais au fond, les choses restent les mêmes, ce discours doux et ce profil bas sont là pour rassurer les Six (qui doivent arriver en Iran) afin de leur laisser entendre que des résultats seraient possibles.

L’objectif est de les engager dans une longue négociation où le régime des mollahs ne bougera pas d’un iota, mais chaque mesure proposée sera étudiée, débattue, remise en cause, réécrite, re-débattue afin de passer le cap de novembre 2008 pour se retrouver en 2009 avec le supposé ami Obama. On reprendra alors les mêmes négociations avec les « [6-1]+1 » ou avec le Mister 1 tout seul dans le même format dilatoire. En attendant ce nirvana, Téhéran ouvre la porte à ses invités et Rafsandjani fait une petite génuflexion à la « Troïka élargie » des « 6-1 » !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG