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Iran - Russie : Réconciliation forcée en Azerbaïdjan
01.05.2008

Après un mois d’attente, la Russie a daigné transmettre au ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères les caractéristiques techniques du fret destiné à la centrale nucléaire de Bouchehr. Le chargement pourrait comme nous l’avions prédit hier reprendre bientôt sa route vers Bouchehr, sur les rives du Golfe Persique.



En effet, ce coup de théâtre était prévisible : selon notre analyse, le refus russe de dénouer la crise était dû à sa volonté de punir les mollahs pour leur flirt permanent avec Washington. La Russie avait instrumentalisé l’Azerbaïdjan qui dépend d’elle pour ses besoins gaziers. Pendant le mois écoulé, Téhéran n’a pris aucune mesure contre l’Azerbaïdjan ou protesté contre ce pays ou la Russie, mais il a finalement convié à Téhéran l’actuel responsable du Conseil de Sécurité russe afin de rassurer Moscou sur ses intentions non amicales vis-à-vis de Washington.

Les négociations ont duré deux jours et à l’issue des rencontres, Téhéran ne cesse d’affirmer l’intérêt vital que revêt à ses yeux son alliance avec Moscou. Les deux parties ne tarissent pas d’éloges mutuels sur leurs intérêts en commun, cependant, les déclarations et éloges ne sont pas de même nature des deux côtés.

Téhéran a mis les bouchées doubles pour rassurer les russes : de retour de New Delhi, à peine débarqué de son avion, Ahmadinejad a été envoyé à la rencontre du secrétaire intérimaire du Conseil de sécurité russe Valentin Sobolev qui était sur le départ pour lui répéter que la coopération entre l’Iran et la Russie assurait la stabilité et la sécurité régionale. Le régime des mollahs a même laissé entendre qu’il serait désormais aux côtés de la Russie comme une gestion commune des crises de la région (Moyen-Orient).

Côté russe, les déclarations sont amicales mais un peu plus ambiguës. Valentin Sobolev n’a pas dit grande chose, mais il a transmis un message de son supérieur ultime, Vladimir Poutine. Le message dit que « la Russie conservera ses bonnes relations avec l’Iran, quels que soient les dirigeants des deux pays ».

Selon le facteur Sobolev, « le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s’est dit satisfait de ce message ». Il ne le devrait pas car c’est un message à multiples sens qui signifierait également que peu importe le régime au pouvoir en Iran, dans l’absolu ce qui intéresse les russes est l’Etat iranien en tant qu’allié géopolitique.

Certes Moscou ne lâchera pas les mollahs car ils ont aussi des richesses extra-territoriales comme le Hamas et le Hezbollah, mais Moscou rappelle à son allié iranien qu’il peut aussi contribuer à un changement de régime en Iran et par conséquent il faudrait que Téhéran se montre très attentif aux attentes russes et qu’en échange Moscou ne se montrera pas ingrat.

D’ores et déjà Moscou a commencé à donner des échantillons de cette gratitude en apportant son soutien au Hamas. Sergei Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, a appelé les Etats-Unis et les Européens à cesser de « jouer la division » entre les mouvements palestiniens rivaux Fatah et Hamas. Il faut, selon la Russie, ne pas exclure le Hamas, cet allié de Téhéran, des négociations sur l’avenir du Moyen-Orient. Cet intérêt russe pour le Hamas est évidemment intéressé car Moscou a stratégiquement besoin du Hamas et du Hezbollah pour être l’allié des musulmans hautement anti-américains… De ce fait la preuve de la gratitude de Moscou est plutôt mince.

Il en est de même pour Téhéran qui grâce à ses promesses de coopération avec la Russie ne cherchait qu’à rassurer les russes pour réussir à libérer le chargement immobilisé en Azerbaïdjan afin que les matériaux reprennent leur route vers Bouchehr pour contribuer à l’achèvement de cette centrale qui est la justification officielle du maintien d’un programme nucléaire iranien d’enrichissement nucléaire à des fins de production d’un combustible nucléaire.

Intrinsèquement, les deux parties ont des intérêts en commun, mais leur franche alliance est impossible et ces promesses mutuelles d’amitié ne seront pas durables. Elles ne sont qu’un nouvel épisode des relations chaotiques entre Moscou et Téhéran.

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Une alliance stratégique vitale pour la Russie :
- Attaquer l’Iran équivaut à attaquer la Russie !
(Iran : Kouchner se rétracte et s’aligne sur Poutine)
- (19 SEPTEMBRE 2007 )

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