Le principal motif de cette cérémonie courte était l’absence des attachés militaires occidentaux en poste à Téhéran. Ces messieurs refusent d’assister aux défilés par peur de devoir condamner les slogans anti-israéliens du régime inscrits sur ses missiles ou prononcés par ses dirigeants. Ces messieurs préfèrent éviter cette déconvenue…

D’ailleurs cette année encore, des camions transportaient des missiles où l’on pouvait lire « mort à Israël ». En l’absence de ces précieux spectateurs occidentaux, le régime a remplacé l’exposition outrageante de ces missiles anxiogènes (Ghadr-1 ou Shahab-3) par un défilé aérien, qui fut également court. L’armée de l’air des mollahs est fort mal équipée, ne disposant que des vestiges de la puissante armée impériale.

En 1974 l’Iran avait la cinquième armée conventionnelle la plus puissante du monde et était clairement une superpuissance régionale indiscutée. Son armée de l’air qui disposait même avant l’armée américaine des avions les plus performants du moment, était le fleuron de cette construction stratégique qui sans avoir livré bataille allait forcer Saddam à accepter un accord de paix ambitieux et révolutionnaire pour la région.

Ce temps est révolu, on ne verra plus ces alignements majestueux, les américains ont cassé ce rêve et à la place, il y a un régime économiquement fragile avec une armée vétuste dont on perçoit furtivement quelques avions dans le ciel.

Certes, les Phantoms de l’armée impériale ont survolé Téhéran, mais le danger était au sol, non sous la forme des missiles soi-disant anti-israéliens, mais sous la forme d’un slogan discret destiné seulement aux iraniens (encadré) :
« Nous nous maintiendrons jusqu’à la fin ».

En Iran, il est d’usage de répéter que « les mollahs sont bien différents du Chah, les mollahs tireront sur le peuple », ce que le Chah a refusé de faire, bien qu’en Occident l’opinion soit convaincue du contraire. Il est connu qu’il aurait suffi d’arrêter les quelques 50 meneurs de cette révolution pour classer l’affaire, mais personne ne fut inquiété, allez savoir pourquoi, et ces messieurs continuaient d’aller et venir à leur guise.

Cette fois les mollahs ont toutes les cartes en main et disent :
« Nous (Pasdaran) nous maintiendrons jusqu’à la fin », avec ces troupes.

Les fantômes du passé hanteront longtemps ceux qui n’ont pas su prévenir le fléau de l’islam au pouvoir, ceux qui ont crié vive Khomeiny. Moins d’un an après, ils se sont retrouvés avec un fusil entre les mains sur le front irakien sans la protection de la puissante armée impériale, celle qui gagnait sans livrer bataille. Si le régime leur dit (discrètement mais) ouvertement que ses Pasdaran et ses Bassidjis le défendront « jusqu’à la fin », c’est bien parce que l’amertume du peuple est à son comble. Ceci signifie que tout soulèvement sera châtié sans pitié.

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