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Les Etats-Unis invitent l’Iran à jouer un rôle régional en Irak !
27.03.2008

La région de Bassorah est en état de guerre civile : Les forces de sécurité irakiennes ont lancé une vaste opération dans la ville de Bassorah, centre pétrolier du sud, pour lutter contre des « gangs » qui, selon le 1er ministre Nouri al-Maliki, ont pris le contrôle de certaines parties de la ville. L’armée américaine a appelé mercredi le « gouvernement iranien à user de son influence (régionale) pour stopper les violences à Bassorah ».



« Il ne fait aucun doute que le gouvernement iranien a une influence importante à Bassorah, dans la province (de Bassorah) et dans le sud-est de l’Irak en général... Nous aimerions que le gouvernement iranien honore ses engagements en aidant à améliorer la sécurité et la stabilité (de Bassorah) et à réduire les activités de ceux qui agissent en dehors de la loi », a déclaré le général Kevin Bergner lors d’une conférence de presse à Bagdad.

Ce n’est pas la première fois que les américains invitent l’Iran à jouer un rôle régional positif dans l’arène irakienne. Ce genre d’invitation précède la reprise des négociations bilatérales américano-iraniennes à Bagdad.

Ententes indispensables | Au cours de ces négociations, les deux parties s’affrontent et s’efforcent de finaliser une entente selon leurs intérêts nationaux. Les sanctions américaines contre le programme nucléaire iranien constituent l’un des aspects de ce bras de fer. Ces sanctions doivent permettre aux américains de faire pression sur les mollahs afin que ces derniers acceptent une entente selon les intérêts américains, entente qui n’est pas du goût des mollahs.

En effet, les américains veulent un allié chiite contrôlé en Iran (sans rôle régional positif ou négatif), juste un allié car celui qui contrôlera l’Iran, contrôlera le goulot du Golfe Persique et l’accès à l’Asie centrale, c’est-à-dire qu’il aura la mainmise sur la majeure partie du pétrole du monde. Concrètement, ceci veut dire que les mollahs devraient renoncer à leurs milices armées (l’Armée de Mahdi, le Hamas et le Hezbollah) et qu’en l’absence de ces alliés, ils pourraient être renversés par Washington (avec une révolution orange) sans pouvoir riposter en sévissant dans le conflit israélo-palestinien. Tout tourne donc autour d’une reconnaissance du rôle régional des mollahs.

Ces derniers temps, les américains ont monopolisé la gestion des sanctions à l’encontre de l’Iran et ont choisi d’annuler à la dernière minute des négociations programmées à Bagdad, en laissant ensuite mijoter les mollahs. Par la suite, les américains avaient évoqué qu’ils n’avaient pas d’interprètes ce jour là !

Téhéran a réagi avec ses propres armes pour inverser les vapeurs. Pour forcer les américains à reprendre les négociations, les mollahs ont selon leur « méthode » intensifié leur ingérence terroriste en Irak tout en attendant que l’on vienne les chercher pour jouer les arbitres.

Il y a une semaine, Téhéran qui avait déjà programmé les attaques des partisans de Sadr contre Bagdad s’est payé le luxe de prévenir les américains. Après le show Calmy-Rey à Téhéran, survoltés par ce véritable pied de nez aux sanctions américaines, les mollahs ont laissé entendre qu’une reprise des négociations était possible à condition que l’invitation émane de Washington. C’est fait.

Rhétoriques consensuelles | Nous avions donc raison de lire avec une extrême prudence les déclarations de David Petraeus à propos de certains liens entre l’Iran et les miliciens incontrôlés de l’armée de Mahdi. En effet, il s’agissait de déclarations très précises où Petraeus avait choisi ses mots afin de ne pas accuser définitivement le dirigeant chiite irakien Moqtada Sadr ou encore les dirigeants du régime des mollahs afin de laisser la porte ouverte à une entente.

On retrouve également ce même choix précis des mots dans les déclarations de son subordonné le général Kevin Bergner. Selon ce dernier, « les forces américaines et irakiennes ne visent pas l’Armée du Mahdi, mais ceux de ses membres qui ne respectent pas la trêve conclue par Moqtada Sadr ! Les cibles sont ces combattants démobilisés de l’Armée du Mahdi qui auraient reçu en Iran un entraînement à l’utilisation d’armes sophistiquées. Ces renégats sont sommés de déposer leurs armes ! »

Conclusions | La communication officielle de l’armée américaine devient de plus en plus alambiquée et contradictoire afin de harceler les mollahs par certaines accusations sans aller jusqu’à les rendre responsables du chaos irakien.

Afin d’éviter cette accusation ultime qui pourrait rendre politiquement incorrecte une entente Téhéran-Washington, les américains se retrouvent en train de distinguer Sadr de ses soi-disant « combattants démobilisés ».

C’est une reconnaissance par défaut de Moqtada Sadr et par conséquent du rôle régional des mollahs. Cette semi-reconnaissance est renforcée par l’invitation lancée par le général Kevin Bergner aux mollahs pour intervenir et calmer le jeu. Même si la parole du général Kevin Bergner manque de poids, à force de tenir un discours contradictoire, les américains vont dans le sens contraire de leur impératif diplomatique qui est de contrôler le régime des mollahs sans reconnaître son rôle régional.

Post-scriptum | C’est fait, Washington a lancé une invitation à Téhéran, mais il lui faut reprendre la main. En guise de représailles, on va assister dans les prochains jours à une reprise des déclarations américano-atlantistes sur la gravité de la menace nucléaire iranienne et la nécessité de renforcer les sanctions.

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| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les relations avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Terrorismes : Ingérence des mollahs en Irak |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

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