Les contrats pétroliers du régime des mollahs ont deux spécificités. En premier, ce sont des contrats buy-back (prévente), le régime vend un droit d’exploitation des champs pétro-gaziers à un prix fixe. La capacité du champ est minimisée afin de conclure un accord pour un montant officiellement conforme au prix du marché, mais il s’avère que les capacités sont beaucoup plus élevées. Au final, le nouveau partenaire des mollahs a droit à ce surplus de capacités sans aucun contrat supplémentaire.

La seconde spécificité est la combinaison entre une totale discrétion pendant la phase d’approche et une sur-médiatisation du contrat après l’accord. Ces sur-médiatisations sont exploitées comme des victoires sur les sanctions imposées par les américains à l’encontre des partenaires commerciaux de Téhéran. Ces sur-médiatisations sont de ce fait également liées à l’actualité de l’adoption de nouvelles résolutions par le Conseil de Sécurité.

Ces aspects sont présents dans le contrat signé en grande pompe par Micheline Calmy-Rey. En réalité, cette signature avec la présence de Calmy-Rey souriante et voilée n’a été qu’un de ces shows sur-médiatisés.

Ce show a lieu après une nouvelle résolution adoptée contre le programme nucléaire iranien et il s’agit même d’un bis ! En septembre 2007, quand le Conseil de Sécurité était sur le point d’adopter une nouvelle résolution contre l’Iran, les mollahs avaient déjà évoqué la signature d’un important contrat gazier avec EGL.

Le bis pompeux avec Micheline Calmy-Rey est cependant très intéressant à plusieurs titres : tout d’abord, il montre que les mollahs ont besoin de s’afficher avec des partenaires européens capables de défier les sanctions américaines. Mais en même temps, il montre que les mollahs ont du mal à renouveler ce genre de partenariats avec les compagnies comme Total ou Shell… C’est pourquoi, ils ont remplacé l’absence de la quantité (de contrats en série avec des partenaires intéressants) par la qualité du show médiatique avec une Calmy-Rey en guest-star souriante et voilée et l’annonce d’un montant des transactions en euros !

Les annonces de montants de transactions en Euros sont de nature propagandiste, Téhéran entend prouver qu’il peut faire un pied de nez aux sanctions américaines tout en défiant l’hégémonie du dollar sur le marché pétrolier mondial.

C’est pourtant cette annonce qui nous mis sur une très bonne piste : Shana Telex, l’agence de presse de la compagnie iranienne de pétrole, a annoncé un montant de 10 milliards d’euros tout en précisant qu’ils étaient l’équivalent de 13,320 milliards de dollars. [1]

Si Téhéran avait vraiment conclu ce contrat en euro, Shana Telex aurait évoqué un montant équivalent de plus de 15 milliards de dollars au taux actuel de conversion euro-dollar (ou un montant de 14 milliards si l’accord avait été signé en septembre 2007).

Ce contrat sur-médiatisé une première fois en septembre 2007 puis à nouveau ces derniers jours par Calmy-Rey avait donc été conclu à un moment où l’euro était à 1,332 dollars, c’est-à-dire en mars ou en juin 2007, une période marquée par le refroidissement entre Téhéran et Total.

L’accord avec EGL est d’ailleurs doublement lié à Total : les mollahs n’ont jamais cessé de relancer Total alors qu’ils avaient déjà signé avec EGL et même en fait l’annonce à la presse en septembre 2007. En réalité, Téhéran espère utiliser les contrats avec les compagnies non-européennes pour faire réagir Total ou encore la France.

L’invitation en Iran des personnalités politiques de pays partenaires fait partie de la même stratégie pour faire réagir les Etats européens afin qu’ils reprennent leurs investissements en Iran. Les personnalités étrangères en visite à Téhéran doivent donner le bon exemple à leurs homologues de l’UE !

Le cas de Micheline Calmy-Rey en est un parfait exemple : Sa présence n’était pas nécessaire pour aider EGL, puisque l’accord avait été conclu avant juin 2007 ! Calmy-Rey s’est rendue à Téhéran uniquement à la demande des mollahs comme l’avait fait quelques jours plus tôt le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono. Ce dernier a eu au moins la décence de ne pas se donner en spectacle comme Micheline Calmy-Rey.

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