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Iran : La semaine en images (édition n°5)
23.03.2008

L’édition n°5 de la semaine en images est consacrée aux deux événements de la semaine : le voyage de Micheline Calmy-Rey à Téhéran et la fête du nouvel an iranien.



Le lundi 17 mars, Micheline Calmy-Rey est arrivée à Téhéran pour assister à la signature d’un contrat gazier entre une compagnie privée helvétique et les mollahs. Sa présence avait été exigée par les mollahs. Micheline a répondu présente dûment voilée et très souriante. Voici de nouvelles photos de cette mémorable journée de rigolade à Téhéran où Micheline Calmy-Rey a oublié d’évoquer les violations des droits de l’homme, des femmes et des enfants.

En revanche à Téhéran, le port désinvolte du voile n’a pas été interprété comme un signe de révolte de Micheline. Les mollahs qui avaient exigé sa présence étaient ravis d’exhiber cette bonne prise. Et les iraniens ont eu droit à une jolie photo de Micheline en première page du principal quotidien du régime : Keyhan !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

A l’occasion du nouvel an iranien -Nowrouz-, le régime a publié une photo d’Ahmadinejad en famille dans un décor de famille démuni. Il faut connaître les coutumes iraniennes pour décoder cette photo. Un iranien même très démuni peut s’endetter pour offrir une nappe garnie des 7 ingrédients qui symbolisent le nouvel an, mais aussi d’une multitude de fruits hors saison et de sucreries de toute sorte à ses hôtes. Ce jour-là, tout iranien et sa famille s’habillent avec des vêtements neufs pour recevoir leurs amis.

Sur cette photo, nous ne voyons rien de tel : Ahmadinejad porte sa tenue de tous les jours, ses frères l’imitent et les deux femmes se couvrent avec des tchadors en tissus élimés... il y a quelques pauvres fruits, des sucreries bon marché et pas de nappe. L’intention était de donner l’image d’un président vraiment pauvre dans sa pauvre famille pauvrement vêtue et dans un pauvre environnement !

Dans le souci de faire pauvre, les directeurs artistiques de l’agence Mehr et la famille d’Ahmadienjad, ont réduit les effets de richesses à leur strict minimum. En retirant tout ce qui aurait pu faire bling bling, ils ont oublié de dresser une nappe de nouvel an avec ses 7 ingrédients qui symbolisent le retour du printemps ! En l’absence de cet élément du décor, la photo n’évoque plus le nouvel an ! Mais, on ne peut guère leur en vouloir, ils ont avant tout un esprit mercantile et totalement déconnecté de Nowrooz. Cependant il y a dans ce « décor pauvre » un autre détail qui tue :

Ahmadinejad et sa pauvre famille, démunis au point de vivre sans nappe trônent sur un tapi d’une grande qualité (probablement un Kermân) qui vaut dans les 25,000 $, soit 8 ans de salaire d’un fonctionnaire iranien ou 20 ans de salaire d’un ouvrier ou encore 50 ans de salaire d’une vendeuse iranienne !

Mais le plus choquant est que pour Ahmadinejad et les auteurs de cette mise en scène, ce tapis n’est pas bling-bling mais un bien banal. C’est vrai que comparé aux fortunes des mollahs ou Pasdaran qui sont en haut de la pyramide du pouvoir, ce tapis ne représente rien. C’est le détail qui montre l’énorme disparité entre les mollahs et les iraniens.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Cette image officielle de pauvreté des dirigeants est destinée à ceux qui ont tout perdu avec les mollahs : leur avenir, leurs enfants. Ceux-là fêtent le nouvel an au cimetière avec le souvenir d’un fils perdu à jamais sur le front de l’interminable guerre Iran-Irak.

En 1982, malgré d’importantes erreurs de commandements, les soldats iraniens sont parvenus à repousser les irakiens et à reprendre les territoires occupés par Saddam. A ce moment là, l’Iran aurait pu mettre fin à la guerre et obtenir de Saddam des compensations car ce dernier était en train de perdre la guerre.

Mais en 1982, les généraux improvisés du régime des mollahs (Mohsen Rafiq-douste, Jannati, Asgar-olâdi et Rafsandjani, Chef d’état majeur de l’armée), ont préféré continuer la guerre pendant 6 années supplémentaires afin de s’enrichir en percevant des commissions sur les achats d’armes. L’argent était injecté dans les fondations ou expédié sur des comptes bancaires notamment en Suisse, au pays de Micheline Calmy-Rey !

Et quand il s’agit de justifier ces erreurs passées, le régime n’hésite à politiser la fête de Nowrouz comme dans les voeux présentés d’Ahmadinejad ! En témoigne cette hallucinante image d’une relecture révolutionnaire et macabre des 7 éléments de vie symbolisant Nowrouz : on y voit un casque perdu d’un soldat mort, des cartouches, un pistolet, un Coran, la panoplie du parfait iranien selon le régime des mollahs.