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Le discours de Bush sème le désordre mais pas en Iran
15.01.2008

Le discours de Bush à Abou Dhabi reconnaissant les mollahs comme les principaux parrains du terrorisme dans le monde a suscité beaucoup de commentaires, les iraniens y ont vu à tort la preuve d’une nouvelle orientation diplomatique de Washington qui ne chercherait plus à conclure une entente avec les mollahs. Or, le 15 mars 2006, Washington avait déjà qualifié les mollahs de Banque Mondiale du Terrorisme (central bank of terror), mais avait par la suite changé de cap pour leur proposer à plusieurs reprises un dialogue bilatéral sur tous les sujets. Washington cherche encore et toujours à intimider les mollahs afin de les forcer à accepter un dialogue bilatéral pour conclure une entente.



C’est pourquoi le président américain a accusé l’Iran de soutenir le Hezbollah, le Hamas et les talibans ou encore Al Qaeda, mais en dissociant le cas de l’Irak où, selon Bush, les mollahs ne seraient responsables que des « extrémistes chiites ». C’est un point essentiel de la rhétorique d’intimidation de Washington : Les Etats-Unis refusent de relier Téhéran à Al Qaeda Irak (tueurs des jeunes soldats américains) car dans ce cas, toute entente serait politiquement incorrecte et inacceptable pour les électeurs américains. C’est la quadrature du cercle : Washington doit accuser les mollahs, mais pas en Irak qui focalise d’importants enjeux de politique intérieure.

Il y a donc une volonté de dissimulation concernant l’Irak. Cette dissimulation conduit Bush à minimiser l’importance de l’ingérence des mollahs en Irak, en le réduisant à un soutien aux milices chiites alors que les mollahs expérimentent en Irak une nouvelle forme de guerre asymétrique avec des combattants ni chiites ni sunnites qui s’attaquent à tout le monde y compris aux musulmans chiites et sunnites non intégristes.

En dissimulant cette tactique particulière mise au point par les mollahs, les américains alimente également la théorie selon laquelle, l’insécurité en Irak serait en partie due à une hostilité incontrôlable entre les sunnites et les chiites, hostilité qui nécessiterait la partition du pays. La volonté de dissimulation sur l’Irak a différents objectifs, mais elle pousse en revanche les américains à amplifier une soi-disant menace navale iranienne qui est plus médiatique que militaire.

Ce double choix de Washington n’est pas innocent : la théorie de l’hostilité entre chiites et sunnites justifie la présence américaine en Irak et la soi-disant menace navale des mollahs justifie la présence des troupes américaines dans le Golfe Persique chez les alliés arabes, ainsi que les ventes massives d’armes à ces mêmes alliés sunnites. Oh sunnites, tremblez, les chiites veulent votre peau !

Le discours de Bush est donc plus riche au niveau des sous-entendus et des non dits qu’au niveau de ses accusations tronquées contre le régime des mollahs. En plus, Washington démontre que s’il refuse d’accuser les mollahs d’être liés avec Al Qaeda Irak, il a en sa possession une large palette d’accusations fondées (soutien au Hezbollah, Hamas et Talibans) ou même infondées (la soi-disant menace balistique des mollahs) pour évoquer à nouveau l’option militaire afin d’intimider Téhéran.

En plus, les mollahs ne lui donnent que l’embarras du choix, tant leur diplomatie est fondée sur la provocation et la diffusion de rumeurs sur leurs soi-disant capacités militaires. Etrangement, cette renaissance de l’option militaire qui ravit les mollahs déplait au principal allié arabe des Etats-Unis. En effet, si les mollahs rêvent de se retrouver en position d’agressés afin d’exiger des garanties de sécurité, l’Arabie Saoudite redoute de prêter son territoire à des mécréants américains pour attaquer un autre état islamique, ce geste pourrait coûter cher à la dynastie wahhabite en tant que leader du monde musulman.

Le discours de Bush sème le désordre mais pas en Iran.

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