Tous les responsables du régime ou pris la parole pour se prononcer sur la nécessité du maintien de l’enrichissement. Mohammad Saïdi, le vice-directeur de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, a d’abord déclaré que le combustible iranien devrait alimenter les 8 futures centrales iraniennes dont celle de 360 Mgw de Darkhovin qui selon le même homme serait déjà en construction. Il a par la suite reconnu que Darkhovin n’était pas encore en construction. Après cette piteuse prestation de Saïdi, deux responsables politiques, Rafsandjani et Larijani, ont pris la parole pour réparer ces bourdes et tous deux ont affirmé que le maintien de l’enrichissement était une volonté politique de Téhéran.

Ces deux déclarations sont importantes car pour bon nombre de journalistes français, Larijani et Rafsandjani sont deux « modérés » qui souhaiteraient une politique nucléaire plus souple. Récemment quand le régime a décidé de remplacer Larijani à la veille d’une réunion avec Solana, tous les journalistes et les faux experts des affaires iraniennes avaient parlé d’une démission pour désaccord avec Ahmadinejad. Ses propos d’aujourd’hui confirment plutôt notre diagnostic, c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une seule ligne politique en Iran et que Larijani ne diffère guère d’Ahmadinejad. La remarque est également valable pour Rafsandjani, le candidat préféré des experts français qui continuent d’affirmer qu’avec « ce pragmatique », la crise serait rapidement résolue.

Le véritable patron occulte du régime, mais aussi celui qui concentre le plus grand nombre de leviers de pouvoir, Rafsandjani était en déplacement à Khorram-abad pour assister à une conférence sur la nécessité de l’unité entre l’université et les écoles coraniques. Il a consacré son discours à la nécessité du maintien du programme de l’enrichissement.

« Nous devons continuer dans la voie choisie et de ne pas céder du terrain sur nos positions nucléaires et encore moins de renoncer à l’acquisition du savoir-faire nucléaire. Sinon l’ennemi se permettra de se mêler de toutes nos affaires », a déclaré Rafsandjani.

De son côté, l’ex- responsable de la communication du Hezbollah Larijani participait à une conférence sur la nécessité de la coopération entre les milices islamistes et le soft power. On se rend contre que ces conférences ou réunions sont des prétextes médiatiques pour permettre à certains responsables du régime connus (en occident) de parler aux médias, puisque comme Rafsandjani, il a fait du hors sujet en évoquant constamment le maintien du programme d’enrichissement.

Dans le cadre d’une question posée par un journaliste sur la notion de la condition préalable pour une reprise des négociations avec les 5+1, Larijani a déclaré : « précédemment (c’est-à-dire au cours de l’été 2005), la condition préalable était de ne pas redémarrer l’enrichissement, mais nous l’avons fait. Cette condition est donc périmée. Nous leur conseillons donc de ne pas vivre dans le passé et s’adapter à la situation présente ! »

Toujours hors sujet à propos de la conférence à laquelle il participait, il a rappelé la qualité de la coopération entre le régime et l’AIEA en précisant que si le camp adverse avait encore des remarques, Téhéran accepterait d’y répondre lors de futures négociations. Il s’est moqué de son ex-interlocuteur et ami Solana. Pour Larijani, Solana est bien grognon et il a manqué de délicatesse en exprimant sa déception car Téhéran souhaitait la poursuite des négociations avec Solana ou avec El Baradei. Et on le comprend bien, les mollahs aiment les négociations sans fin, sans inspections et sans conditions préalables. Cependant, Larijani a précisé que désormais Téhéran ne souhaitait que négocier directement avec les 5+1. Cette demande est conforme à la dernière proposition de la Chine, l’un des deux principaux alliés de Téhéran.

Le régime des mollahs tient le programme d’enrichissement pour acquis et inamovible et se prépare pour les étapes suivantes : se donner les moyens de le continuer et exiger une reprise des négociations en présence de ses alliés russes et chinois sans aucune condition préalable.

Cependant, son intransigeance à continuer le programme d’enrichissement peut avoir des conséquences comme un embargo de vente d’uranium à l’Iran : en effet, les mines iraniennes d’uranium sont de mauvaise qualité et le minerai n’a pas une densité intéressante. Quand l’Iran avait signé le contrat Eurodif, la France avait mené des prospections en Iran et découvert moins d’une dizaine de sites très peu prometteurs (mauvaise qualité de minerai et peu de capacité) : le pays avait alors acheté du minerai sud-africain.

Pour répondre à une telle éventualité d’embargo, le régime a annoncé aujourd’hui la découverte de plusieurs mines d’uranium en une seule journée et dans plusieurs sites iraniens ! Ces découvertes feraient de l’Iran l’un des premiers exportateurs mondiaux dans les dix prochaines années !

Mais les observateurs européens sont priés de ne pas exiger de preuves. Pour les faire patienter, le vice-directeur de l’Agence iranienne de l’énergie atomique Mohammad Saïdi a précisé qu’il fallait au moins quatre ans pour que ses services puissent donner un aperçu des extraordinaires capacités de ces mines. Cependant, il est à parier que ces minerais invisibles seront bientôt enrichis dans l’usine de Natanz (que personne n’a pu visiter) afin de produire un combustible aussi fantomatique que les centrales que ce combustible doit alimenter.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG