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Annapolis : La solution se trouve à Téhéran et à Washington
30.11.2007

La conférence d’Annapolis s’est terminée après trois jours sur un accord sur la nécessité d’un accord de préférence avant fin 2008, c’est-à-dire pour la fin du mandat de Bush. Après deux jours de négociations et l’absence d’un consensus sur autre chose que la nécessité d’un accord de préférence avant fin 2008, Bush a même décrété qu’il s’agissait d’une réunion et non d’une conférence. On est loin des accords de Camp David, accords-cadres qui furent signés à la Maison-Blanche après 13 jours de négociations secrètes à Camp David. On dirait que la qualité de la publicité est inversement proportionnelle à la qualité des signatures. Ce n’est pas la seule différence entre Annapolis et Camp David. Et cette différence est liée au rôle de l’Iran.



Les contours de l’affaire restent flous mais c’est le Chah d’Iran qui a oeuvré en coulisse pour rapprocher Israël et l’Egypte, afin que ses deux alliés régionaux enterrent enfin la hache de guerre et parviennent à résoudre le plus épineux conflit du monde. Il y avait derrière cet activisme discret, le rêve que les palestiniens disposent d’une terre et qu’arabes et juifs cessent de s’entretuer et se joignent à l’Iran pour construire un Moyen-Orient bien portant. À cette époque, les russes dépensaient des fortunes pour encourager le terrorisme et ils avaient dans leur camp des pays comme la Syrie, l’Irak et l’Egypte.

Sans les efforts du Chah, l’Egypte serait restée un allié de l’URSS et les accords de Camp David n’auraient pas existé. Mais en 1977, les américains ont décidé d’appliquer le programme géopolitique conçu par Brzezinski pour un remodelage général du Moyen-orient et de l’Asie Centrale.

Ils ont utilisé Khomeiny, son réseau de mosquées, ses mollahs incultes et teigneux ou encore ses liens avec les bazaris et la populace pour rassurer le peuple pendant que les guérilleros de l’OLP organisaient un terrorisme local pour abattre le régime. Ils espéraient alors que Khomeiny irait prier à Qom et laisserait le pouvoir à ses autres alliés parrainés par Washington, les islamo-gauchistes de la mouvance Bani-Sadr alliés à l’OMPI.

Au final, Khomeiny a conservé le pouvoir et chassé les révolutionnaires islamo-gauchistes qui plaisaient à Washington mais ne disposaient pas d’un réseau aussi puissant que les mollahs.La chute de l’Iran progressiste, laïque et pro-occidental a modifié à jamais le cours des évènements de la région : elle a affaibli l’OPEP et détruit l’Iran et l’Irak, les deux plus industrialisés des Etats « musulmans » de la région, dans une guerre abreuvée d’armes made in USA.

Les américains ont éliminé de l’échiquier de la région un allié qui leur avait permis d’aboutir aux accords de Camp David. Sans doute s’imaginaient-ils que l’on peut redessiner les frontières de cette région (Moyen-Orient-Asie Centrale) de manière à mettre en péril l’URSS sans que ce remodelage n’affecte le Proche-Orient.

Aujourd’hui, les américains continuent à mener la même politique de remodelage, cette fois pour contrôler les ressources énergétiques de ces deux régions pour épuiser l’économie chinoise et continuent à croire qu’ils peuvent décréter où commence et ou s’arrête l’onde de choc de leur projet. Ils continuent à vouloir imposer à l’Iran les déchets islamo-gauchistes de la révolution anti-iranienne de 1979. Le seul moyen d’y parvenir est d’espérer que ces loosers puissent participer à des élections réformatrices organisées par les mollahs !

Donc ils s’entêtent à préserver ce régime, pour aboutir à l’autre régime, celui composé de fédéralistes officiellement iraniens qui ne rêvent que d’un démantèlement de leur patrie natale pour former une multitude de petites républiques sunnites ou chiites.

Cette nouvelle configuration sera encore plus nocive que le rôle des mollahs dans la région. L’Amérique ne renonce pas à son remodelage et se risque à créer des Etats qui seront l’objet de convoitise permanente de la Russie et de la Chine et reprendront plus efficacement encore le relais des mollahs pour financer et équiper le Hamas, le Hezbollah ou leurs successeurs. Certes, les américains n’ont pas invité le Hezbollah et le Hamas à Annapolis, mais ceci ne veut pas dire que ces mouvements téléguidés par Téhéran et Moscou ont cessé d’exister.

La solution ne se trouve donc pas à Annapolis ou dans d’autres lieux de conférence, ni même à Tel-Aviv ou à Ramallah, mais à Washington et elle est liée à l’Iran. Ce pays doit retrouver son poids régional et redevenir le lien neutre entre les juifs et les arabes, le lien qui a abouti aux accords de Camp David. Accords qui ne peuvent réussir sans le soutien de grands alliés régionaux, respectés et craints par leur puissance de représailles économiques contre les fauteurs de troubles.

Un Etat iranien (conformément aux attentes de la jeunesse iranienne) et non un allié chiite des Etats-Unis, un état stable telle est la solution, mais dans ce cas, il ne pourra pas être l’instrument des objectifs anti-chinois de Washington. La solution se trouve donc à Washington et lui échappera tant qu’il refusera de mener une politique plus réaliste.

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Tous les enjeux géopolitiques de la « crise iranienne » :
- Iran : Etat des lieux de la crise nucléaire iranienne
- (17 septembre 2007)

| Mots Clefs | Enjeux : Remodelage du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale |

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Pays du Moyen-Orient |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Palestine |

| Mots Clefs | Histoire : Mohammad-Reza Shah (le Chah) |