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Iran, Sarkozy et Bush : une autre politique
09.11.2007

Le voyage de Nicolas Sarkozy a enthousiasmé les médias. Le président français a été ovationné par les sénateurs et représentants américains réunis au Capitole, pendant plusieurs minutes. Ses propos ont été même très proches de certaines déclarations de Bush à propos de l’Iran, mais pour nous leur entente sera difficile toujours à propos de l’Iran. | Décodages |



Si le sujet de discorde international était l’obtention de la bombe atomique par les mollahs, il est évident que le monde entier moins les mollahs et les russes seraient d’accords pour l’empêcher. Mais la crise nucléaire iranienne est une partie de poker entre les Etats-Unis et le régime des mollahs dont l’enjeu est la définition des modalités d’une entente régionale.

Les américains souhaitent avoir le régime des mollahs (réformé et « Chalabisé ») dans leur camp pour verrouiller le Moyen-orient et l’Asie Centrale, et les mollahs entendent rester tels qu’ils sont mais néanmoins partager leur butin avec les américains en échange d’une autonomie d’action en Iran, au Liban et en Palestine.

Et c’est là, le point de tous les futurs désaccords entre Paris et Washington. Si Washington arrive à intégrer le régime des mollahs, tout le marché pétrolier iranien sera bouleversé et Total devra plier bagage et abandonner ses 346,000 barils quotidiens payés 8 dollars la pièce. Si les américains arrivent à conclure une entente avec les mollahs, les iraniens rouleront en Cadillac et non en Peugeot. Ils achèteront des Boeing et non des Airbus, des usines nucléaires américaines et non françaises, ainsi de suite. Pour l’instant, leurs vues convergent car Paris et Washington ne parlent que de solution pacifique et de négociation. Mais ils ne s’entendent ni sur les définitions, ni sur les méthodes.

Par exemple, Washington stipule la cessation des investissements européens en Iran, mais ne fait rien pour accélérer le désinvestissement des capitaux engagés par les fonds de pensions américains dans des sociétés européennes actives en Iran. Par ailleurs Washington recommande des restrictions bancaires contre les mollahs mais en sous-main leur fait accorder des prêts pour qu’ils ne sombrent pas et qu’ils restent encore au pouvoir pour accepter un deal.

Paris ne gagnera rien au cours de ce deal. Même en cas d’arrangements préalables, les engagements pris par les américains de préserver les intérêts pétroliers français en Iran ne seront pas honorés par les New Chalabis iraniens au prétexte réel que le précédent régime (celui des mollahs) n’était pas démocratique. L’objectif des américains est de contrôler les ressources pétrolières et non de les partager, car ils pourraient déjà le faire aujourd’hui, les mollahs ne demandent que ça !

Paris et Washington ne peuvent donc prétendre à une entente durable à propos de l’Iran. Mais en attendant, on se fait des sourires et l’on s’envoie des mots doux, mais chacun négociera avec Téhéran pour ses propres intérêts et d’ailleurs, il ne peut en être autrement.

Cependant, les intérêts à très long terme des Etats-unis seront de plonger cette région dans le désordre (avec ou sans une alliance avec mollahs). Cet objectif qui a pour but de déstabiliser la croissance de la Chine (par un pétrole inaccessible ou très cher) aura aussi des conséquences sur tous les actuels partenaires commerciaux de l’Iran et de la Chine.

Suite au voyage du président français, on ne peut donc être surpris par la satisfaction affichée par les décideurs américains (républicains et démocrates) qui avancent leurs pions dans la bonne direction sans aucune résistance du côté de leurs concurrents européens.

Pour notre part, nous pensons qu’une autre politique conforme à la tradition pro-orientale de la diplomatie française est possible et nous ne nous découragerons pas de la re-proposer à Nicolas Sarkozy.

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Une politique conforme à la tradition pro-orientale de la diplomatie française :
- Iran : Lettre au futur ministre des Affaires Etrangères de Nicolas Sarkozy
- (15 mai 2007)

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