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Iran : Décodages de la demande israélienne de révocation d’El Baradei
08.11.2007

Shaul Mofaz, le vice-Premier ministre israélien chargé du dossier iranien, a recommandé la révocation de Mohamed El Baradei, l’actuel directeur de l’AIEA, pour sympathie pro-mollahs. Les preuves ne manquent pas à l’encontre d’El Baradei, mais il a de nombreux appuis parmi les pays intéressés par le nucléaire militaire dont un grand nombre de pays musulmans hostiles à Israël.



Cette demande a le mérite de mettre les Etats arabes qui sont également hostiles au programme nucléaire des mollahs devant un fait concret : choisir entre leur hostilité envers Israël ou envers les mollahs.

Cependant, Mofaz accuse Mohamed El Baradei de fermer les yeux sur le programme nucléaire iranien. Mofaz estime que les mollahs ont des capacités nucléaires extraordinaires et que El Baradei fait son possible pour le cacher. « El Baradei affirme ne pas avoir de preuves concernant le programme nucléaire iranien alors qu’il dispose sur sa table de renseignements recueillis dans plusieurs pays et qu’il est à la tête d’une organisation chargée précisément d’exploiter ce genre d’informations », a déclaré Mofaz et c’est bien là le problème !

Les renseignements dont disposent El Baradei viennent de partout sauf de ses inspections en Iran. Voilà ce que l’on peut reprocher au directeur de l’AIEA : être devenu le porte-parole des mollahs en se basant sur les seules déclarations officielles faites par les mollahs.

Les renseignements évoqués par l’ancien chef d’état-major Mofaz sont des photos satellites qui ne peuvent en aucun cas être utiles pour connaître l’état d’avancement dont se targue le régime des mollahs.

La technologie de l’assemblage des chaînes de centrifugeuses est extrêmement simple, mais exige une précision imparable. A titre de renseignement, la capacité militaire d’enrichissement est atteinte avec 50,000 centrifugeuses. Ces appareils doivent être assemblés dans un seul local qui aurait les dimensions d’un terrain de foot, mais la difficulté est que cette pièce immense doit avoir une planéité parfaite et même une pente de 1mm n’est tolérée sur l’une de ses longueurs.

On ne peut guère connaître l’état de la réussite ou de l’échec rencontré par les mollahs en visionnant des photos satellites. Le refus des mollahs d’ouvrir la salle des centrifugeuses n’est pas le signal d’une réussite remarquable que l’on peut revendiquer. Mais en l’absence d’inspection, ce refus est anxiogène et laisse une liberté de mouvement aux mollahs qui peuvent continuer à revendiquer des résultats afin d’obtenir une compensation pour mettre fin à ces activités fantasmées.

Malheureusement, cette analyse manque à la demande légitime de révocation d’El Baradei. Mofaz souhaite voir El Baradei remplacé par un autre qui dira que les mollahs ont des capacités nucléaires toujours en se basant sur des photos et non sur des inspections. Sans doute cet ancien iranien rêve-t-il de bombarder sa terre de naissance ?

Quoiqu’il en soit, à Washington comme à Paris, les décideurs savent qu’il s’agit d’une partie de poker où les surenchères se font à base de déclarations anxiogènes. C’est du bluff.

C’est d’ailleurs pour cette raison que personne ne prend au sérieux la menace nucléaire des mollahs. C’est pourquoi chacun se satisfait des rapports bidonnés d’El Baradei qui comme une girouette tourne dans la direction attendue par les mollahs. Les mollahs comme leurs adversaires américains jouent la même partie de poker et s’accommodent très bien de ces rapports qui amplifient la crise ou calment le jeu selon les attentes de deux parties. Ce qu’il faut changer ce n’est pas un seul homme mais toute la partie et ce d’autant plus que ce bras de fer a des conséquences sur l’équilibre de la région.

L’activisme nucléaire des mollahs agite le monde arabe, il fait peur aux dirigeants car il séduit la rue arabe et rend séduisant un régime qui globalement voit sa survie dans la poursuite d’une politique d’agitation populiste et islamiste du Moyen-Orient via l’aide des groupes armés jusqu’au-boutistes. La demande de révocation d’une complice indirecte de ces mollahs agitateurs peut donc intéresser certains Etats arabes qui pourraient être balayés par la déferlante islamiste financée par Téhéran.

La réponse viendra de ces Etats et de leur décision de choisir entre la passivité ou une certaine indépendance vis-à-vis des Etats-Unis qui jouent ce jeu au Moyen-Orient sans demander l’avis des Etats qui le composent. Et sans doute, les choses iraient mieux si Israël dénonçait aussi ce poker de marchandage entre Téhéran et Washington.

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Pour en savoir plus...
- Iran : L’importance du rapport d’El Baradei
- (23 février 2007)

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei |

| Mots Clefs | Décideurs : Dirigeants Israéliens |

| Mots Clefs | Pays : ISRAEL |