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Iran : Ashkan Dejagah, un footballeur sans ami
13.10.2007

Ashkan Dejagah, un footballeur iranien installé en Allemagne a refusé de jouer quand son équipe devait se rendre en Israël, ce refus a été transformé en affaire d’Etat au point que des institutions juives allemandes se sont mêlées au scandale soulevé en exigeant l’expulsion du joueur de l’équipe allemande Espoirs. La punition nous paraît très sévère et une mise au point est nécessaire.



Les sportifs iraniens refusent systématiquement de concourrir contre des sportifs israéliens, cependant nous avons tous assisté à un match de foot entre l’équipe nationale iranienne et celle des Etats-Unis pendant le mondial qui a fini par le sacre des bleus. Le refus de concourrir contre des israéliens est une exigence du régime des mollahs et non une initiative du sportif.

Il y eu une seule exception. En 1983, un lutteur gréco-romain iranien du nom de Seyfi-khani avait décidé de passer outre les consignes du régime et il concourrut contre son adversaire israélien pendant le champinonnat du monde. Son acte s’était soldé par le limogeage du responsable de la fédération et le sportif fut poignardé quelques mois après alors qu’il marchait dans la rue.

Ashkan Dejagah vit en Allemagne, mais sa famille vit en Iran. S’il acceptait de jouer contre des Israéliens, la permission de retourner en Iran pour rendre visite à sa famille ne lui serait plus accordée, quant à sa famille, elle se verra refuser un visa pour rendre visite à un traître qui a désobéi. Ashkan Dejagah a d’ailleurs expliqué que sa décision n’avait rien de politique mais qu’il voulait éviter des tracasseries.

Le grand gagnant du scandale médiatique de cette affaire est le régime des mollahs et Ashkan a beau protester, plus il refusera d’invoquer des raisons politiques ou racistes et moins on le croira. De plus, son frère est footballeur en Iran. Dans ce pays où plus de 85% de la population vit dans la misère, il arrive sans doute à nourrir ses parents et bien au-delà toute la famille. Les mollahs pourraient le virer, mais cela ne fera pas une ligne dans la presse allemande ou encore en France.

De nombreux journalistes, comme Nathalie Versieux de Libé, se sont jetés sur cette affaire sans rien connaître de la situation en Iran ni les problèmes qu’Ashkan pourrait rencontrer à vouloir déplaire à ceux qui ont le droit de créer d’innombrables tracassasseries à ses vieux parents.

Tous les iraniens qui cherchent à éviter des tracasseries ne sont pas des anti-sionistes, ne pas jouer au foot avec un israélien n’équivaut pas à nier l’holocauste. En France en 2005, Barthez avait exprimé des craintes à l’idée d’aller jouer en Israël, mais on ne l’avait pas alors accusé d’être un négationniste ! Il est particulièrement choquant de voir que le Conseil central des Juifs d’Allemagne se soit saisi de l’affaire pour exiger l’expulsion à vie d’un iranien qui est exclu de bien des droits par la faute d’un régime qu’il n’a pas choisi.

La pire des réactions dans cette affaire est sans doute celle de Menashe Amir, un vieux et expérimenté jouranliste iranien naturalisé Israélien qui a longtemps dirigé la Radio Kol Israël en persan et dirige aujourd’hui le site persanophone du ministère israélien des affaires étrangères. Ce site s’appelle Hamdami et signifie amitié, mais son responsable Menashe Amir n’a rien fait pour informer le Conseil central des Juifs d’Allemagne afin qu’il n’exige pas une punition démesurée contre ce footballeur qui est lui-même une victime d’une situation épouvantable. Cette situation est celle des iraniens qui refusent de se soumettre aux exigences du régime des mollahs.

Le silence de Menashe Amir n’a rien de surprenant pour les iraniens, puisque l’amitié recherchée par le ministère israélien des affaires étrangères est une entente avec les mollahs et non un soutien au peuple iranien ou à son désir de se débarasser des mollahs.

Menashe Amir évite les opposants hostiles à l’islam politique, il ne dénonce pas certains propos anti-iraniens de Shimon Pérès et ne s’affiche volontiers qu’avec des soi-disant opposants d’un genre particulier. Pour plaire à ces amis absents il faut appartenir au régime en défendant les théories de la réformabilité du régime.

Pour plaire à Menashe Amir, il faut montrer patte blanche, être recommandé par Washington ou par Téhéran. C’est ainsi que Menashe Amir a reçu en 2006 Hossein Derakhshan, un soi-disant journaliste iranien, mais véritable agent du régime qui avait participé au fichage et à l’arrestation de nombreux vrais opposants exilés. Tous les opposants en exil connaissent Hossein Derakhshan et surtout ses écrits pro-régime, pro-Rafsandjani, anti-sanction, antichangement de régime, pro-nucléaire militaire, pro-Hezbollah. Tous les iraniens avaient été consternés par l’accueil amical que Menashe Amir lui réserva !

Hossein Derakhshan n’était pas allé à Tel Aviv en cachette, il s’était baladé partout en se faisant photgraphier dans un T-shirt provocateur « I love Téhéran » : comme tous les agents liés au régime, il n’avait pas évoqué des craintes pour sa famille et il avait arpenté les lieux publics de la ville pour bourrer les crânes des bobos israéliens sur la nécessirté de dialoguer avec Téhéran et ses mollahs (sur la nucléaire, sur le Hezbollah..). Love & Peace.

Ce n’est pas le cas d’Ashkan Dejagah qui sait que l’on ne peut pas dialoguer avec les mollahs, même pour leur expliquer la nécessité de faire un match par obligation professionnelle ! Il a refusé un match qui aurait pu le priver à vie de sa famille, sa carrière semble compromise et il devra sans doute retourner en Iran avec amertume.

Nous ne pouvons hélas que condamner la médiatisation inaproporiée décidée par le Conseil central des Juifs d’Allemagne et le silence du site israélien de l’amitié avec le peuple iranien.

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