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Iran : Le pschitt change de mains !
06.10.2007

C’est le mot qui convient à propos de la diplomatie iranienne de la France. Bernard Kouchner provoque. Puis tempère. Reprovoque. Retempère. Pschiit. Pschiit. Pschiit. Par petites touches, le ministre des affaires étrangères s’applique à déposer la marque de la France dans la crise, en initiant des pistes... Il a ainsi parlé d’une guerre que la France n’a pas les moyens de faire ou des sanctions qu’elle peut commencer mais ne désire pas faire.



Le dernier épisode de cette politique a été la tenue de ses propos sur le rôle de l’IRAN dans la déconfiture irakienne. Sur la base des informations qui lui ont été remises, Kouchner a affirmé que c’est le régime des mollahs qui orchestrait une guerre factice entre différentes milices payées pour s’entretuer et tuer des civils ou des militaires américains.

Là, Kouchner est allé trop loin et a ouvert la porte interdite des tabous du Quai d’Orsay : il a reconnu que le régime des mollahs avait des objectifs purement stratégiques et non des oeillères religieuses. Cette politique de guerre civile orchestrée via des milices apparemment ennemies est la nouvelle stratégie terroriste des mollahs, mais en admettant cette vérité, le ministre Kouchner s’est mis dans le pétrin.

La France ne peut être consciente de ce rôle terroriste des mollahs tout en refusant de classer les Pasdaran et le Hezbolah comme entités terroristes. De plus les propos de Kouchner contredisaient l’analyse officielle de l’Administration Bush qui refuse de diaboliser le régime des Téhéran afin de ne pas compromettre la possibilité d’une entente régionale. Kouchner est allé vraiment trop loin cette fois.

Nous avions parié sur le désarroi des journalistes cireurs de pompes qui allaient devoir commenter ses propos. Nous avons perdu notre pari. Alors que la guerre que la France ne peut faire avait fait couler beaucoup d’encre, ces dernières déclarations susceptibles de bouleverser l’ensemble de la diplomatie Française n’ont suscité aucun commentaire sur aucun des supports info [1]. Rien. Personne n’a écrit sur ce dérapage. Au diable l’Irak ou encore le Liban où sévissent les mollahs et leurs milices : Affaire classée.

Ces messieurs de la presse reviendront dans quelques jours sur le sujet, pour reparler des sunnites et des chiites, ils y reviendront pour affirmer que l’Irak est la scène d’affrontements entre deux religions, en somme une affaire interne, complexe, incompréhensible (l’orient compliqué d’Adler compliqué), une affaire sans aucun enjeu géopolitique. Et on écrira les mêmes foutaises : les perses chiites s’opposent aux arabes sunnites... Mais aucun de ces experts qui savent tout sur tout ne nous expliquera pourquoi des irakiens chiites qui ont combattu férocement les iraniens pendant la guerre Iran-Irak acceptent de s’aligner sur ces fameux mollahs perso-chiites pour tuer d’autres arabes ?

Il n’y a pas d’explication religieuse à ces faits parce que ces affirmations d’Adler, Sfeir, Malbrunot ou Heisbourg sont des foutaises. Il ne s’agit pas de querelles sur l’interprétation de l’Islam mais de territoires. Ce jeu s’appelle géopolitique et ses enjeux sont le contrôle des territoires par des réseaux politiques. Même le conflit entre sunnites et chiites a un fondement géo-politique : le contrôle des lieux saints, véritable jack pot économique pour ses gardiens.

Comprendre les enjeux géopolitiques permet de maîtriser les crises et avoir une diplomatie alerte et puissante. En France, il y a un consensus pour éviter le sujet pour ne pas se retrouver en contradiction avec les choix du passé, ceci s’appelle de l’immobilisme. Le monde change, les mollahs innovent dans le terrorisme et la France reste immobile, plus soucieuse de gommer le dérapage mal contrôlé d’un ministre que de s’adapter au monde présent. Le Pschitt a changé de mains, hier c’était Chirac, aujourd’hui c’est Kouchner. Les têtes changent et la diplomatie demeurre, immobile.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

La diplomatie selon Bernard Kouchner :
- Analyse : Kouchner, sans discrétion
- (4 octobre 2007)

| Mots Clefs | Décideurs : Kouchner |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |

| Mots Clefs | Terrorismes : Ingérence des mollahs en Irak |

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

[1L’Iran est responsable de « tout » en Irak | Notons une seule prise de parole par un certain Clément Therme, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), spécialiste de l’Iran, qui pense que le régime des mollahs a pour objectif de chercher à stabiliser l’Irak. Il faut préciser que l’IFRI est un grand défenseur du dialogue et de l’entente avec Rafsandjani, l’homme fort du régime, actuellement sous mandat d’arrêt internatinal. Ce détail ne gêne pas Clément Therme. Ce dernier estime que Kouchner a tort : « contrairement à ce qu’affirme Bernard Kouchner, l’Iran n’est pas responsable de "tout" en Irak », dit-il. Clément Therme estime néanmoins que la solution passerait par une entente entre les mollahs et les Américains. Mais il ne précise pas pourquoi les Américains devraient s’entendre avec cet Iran, si ce dernier ne contrôle rien en Irak !

- En février 2005 le directeur général de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI), Thierry de Montbrial avait écrit dans le Monde : « Si le successeur de Khatami est un homme fort et expérimenté, comme Rafsandjani, on peut imaginer que la République islamique reconnaisse Israël et s’engage durablement à respecter les obligations du Traité de non-prolifération - pour s’en tenir à deux demandes occidentales impérieuses - en échange de la prise en considération de son rôle légitime dans l’organisation de la sécurité régionale et de concessions économiques ».

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Article de Thierry de Montbrial dans le Monde du 19 Février 2005

Pour en savoir + sur Rafsandjani | L'Iran ne se pliera pas aux pressions |