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Analyse : Kouchner, sans discrétion
04.10.2007

Bernard Kouchner a écrit aux ministres européens des Affaires étrangères pour qu’ils examinent la possibilité de nouvelles sanctions contre l’Iran sans attendre une résolution de l’ONU. De quoi s’agit-il ? Kouchner est en train d’appliquer la promesse du président Sarkozy d’obtenir une unanimité pour de nouvelles sanctions hors ONU. Mais à ce cocktail d’impossibles, les géniaux conseillers du Quai d’Orsay ont ajouté deux autres ingrédients indispensables pour jeter la responsabilité de l’échec prévisible des sanctions unanimes sur les autres. Il s’agit de propos tenus loin de toute discrétion qui sont susceptibles de provoquer inutilement les mollahs afin de créer une crise parallèle entre Téhéran et Paris.



« Si nous voulons parvenir avec Téhéran à obtenir une solution négociée, nous ne pouvons pas attendre sans réagir face au fait accompli iranien. Il en va de notre responsabilité et de notre crédibilité », peut-on ainsi lire dans un courrier publié par l’agence Britannique Reuters. Pour Paris, il serait donc temps d’ajouter « de nouvelles entités, en particulier dans le domaine bancaire et de nouveaux individus aux listes européennes de gel des avoirs et d’interdiction de visa ».

Malgré les apparences de fermeté, la France est en train d’aider indirectement les mollahs : Au lendemain du report des sanctions, les mollahs lançaient un appel pour mettre en garde contre ceux qui ne voudraient pas leur faire confiance, laissant entendre qu’ils pourraient se montrer encore moins coopératifs en guise de représailles.

C’est alors que Kouchner a enchaîné des déclarations qui en substance affirment que Paris n’a aucune confiance en Téhéran. Hier, Bernard Kouchner affirmait que selon tous les experts, Téhéran avait un programme nucléaire militaire. Aujourd’hui il a évoqué ces sanctions Européennes hors ONU tout en connaissant par avance l’opposition de l’Allemagne et de l’Italie à des sanctions hors ONU.

Ce même Kouchner avait coursé le ministre iranien des affaires étrangères dans les couloirs de l’ONU pour présenter pour la Nième fois ses excuses et le rassurer de la pleine coopération de la France pour la poursuite des négociations, quoiqu’il arrive…

On ne peut s’empêcher de voir dans ces nouvelles déclarations « va-t-en-guerre » de Kouchner, une volonté de Paris de donner un prétexte aux mollahs de cesser leur soi-disant coopération. Une crise de confiance où ce sont les mollahs qui seraient dans le rôle de la victime et qui exigeraient un nouveau délai, délai qui serait utilisé pour un coup de force terroriste en Irak, ou un coup de force politique au Liban.

Du temps de Jacques Chirac, Paris jouait souvent les alliés indirects de l’axe Téhéran-Moscou. Paris revient à ses bonnes habitudes de diversion dans une crise où elle ne peut avoir le premier rôle car il s’agit d’un bras de fer entre les mollahs et les Etats-Unis pour l’obtention d’une reconnaissance du rôle régional des mollahs et de leurs milices.

Kouchner, sans discrétion | Pourtant, si la France voulait réellement faire avancer le cas de nouvelles sanctions efficaces contre Téhéran, elle ne s’opposerait pas aux sanctions contre les Pasdaran ou elle oeuvrerait pour la rupture des relations économiques avec les mollahs qui en souffriraient énormément. Paris pourrait également agir discrètement auprès de ses partenaires Européens pour discuter de nouvelles sanctions contre Téhéran.

Mais la France fait le contraire de toutes ces actions : Kouchner multiplie des déclarations intempestives susceptibles de créer une nouvelle crise avec Téhéran. Cette mini crise comme l’affaire des « bombardements » se terminera par d’autres excuses directes ou indirectes de Kouchner et de ses supérieurs, excuses accompagnées de nouvelles promesses de négociations (Fillon : « une logique de paix ») et un nouveau délai accordé à Téhéran, délai qui sera sans doute bien vu pour les industriels Français présents en Iran.

Téhéran parle souvent de solution « gagnant gagnant », Paris vient de montrer sa capacité intellectuelle à donner une nouvelle interprétation à cette formule : chacun gagne un délai supplémentaire.

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L’enjeu de ce délai supplémentaire « gagnant gagnant » :
- Iran : Vers de nouvelles sanctions ou vers un statu quo ?
- (18 août 2007)

| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |

| Mots Clefs | Décideurs : Kouchner |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |