Accueil > News > Iran : Le contrat gazier avec les Suisses a 2 motifs



Iran : Le contrat gazier avec les Suisses a 2 motifs
16.09.2007

L’économie iranienne est dans le rouge depuis plus d’un an. Téhéran a besoin de nouveaux capitaux étrangers pour retarder la déroute. Pour relancer les investissements dans le secteur pétrolier, le régime a remplacé un milicien chargé du ministère du pétrole par Gholam-Hossein NOZARI, un technicien responsable chargé de toutes les négociations au niveau international avec les compagnies étrangères en activité en Iran. Après avoir entrepris un voyage (infructueux) en Inde pour relancer le projet de gazoduc Iran-Pakistan-Inde, NOZARI s’est rendu avec son équipe en Suisse pour signer un très important contrat avec le groupe Zurichois EGL (Elektrizitäts-Gesellschaft Laufenburg AG) pour l’exportation de 5,5 milliards de mètres cubes par année vers ce pays.



L’affaire a dû se conclure par un joli chèque d’avance… La Suisse parle du contrat du siècle en affirmant avoir trouvé une alternative au gaz Russe, mais le projet est loin d’être sans défaut et comporte plusieurs points noirs.

Ces 5,5 milliards de mètres cubes de gaz iranien doivent provenir du gisement sous-marins South Pars qui est certes l’un des plus grands du monde avec sa superficie de 1300 km2, mais il est surtout en panne d’investissements depuis plus d’un an et aucune compagnie majeure (Française, Japonaise, Russe, Chinoise ou même Malaisienne) ne se hasarde à y investir.

L’autre problème est la livraison du gaz qui, selon EGL, sera assurée par le gazoduc Trans Adriatic Pipeline (TAP), prévu pour avoir une capacité de transport de 10 à 20 milliards de mètres cubes de gaz par an. Les travaux de ce gazoduc financé à la hauteur de 25% par EGL n’ont pas encore commencé et nous avons de sérieux doutes quant aux chances de ce projet d’aboutir vers 2010.

Le gazoduc Trans Adriatic Pipeline (TAP - en rouge sur la carte) qui devrait relier la Suisse à la Grèce en passant par l’Italie et l’Albanie est une variante du gazoduc Turco-européen de Nabucco, de projet de gazoduc Italo-américain Greece-Italy pipeline, et du méga projet Russe South Stream qui transite également par la Grèce et par l’Italie.

Le South Stream Russe est sans doute le projet le plus abouti notamment grâce à Gazprom qui a signé un accord de coopération énergétique avec la Grèce mais surtout avec l’Italie pour le passage de ce tube sur son territoire en échange d’un droit d’exploitation du gaz Russe par le géant gazier italien ENI.

En supposant que le projet de gazoduc Trans Adriatic Pipeline aboutisse malgré une opposition prévisible des Russes, le tube reliera la Suisse à la Grèce, mais pour se connecter à l’Iran, il devra être tributaire de la Turquie, maillon indispensable pour tous les projets de tubes vers les réserves de l’Iran ou de l’Asie Centrale. La difficulté se trouve là. Les différents projets de gazoduc sont concurrents. Ils ne peuvent pas tous se connecter sur le même tube Turc !

Par ailleurs, l’Iran a actuellement beaucoup de difficultés pour assurer son contrat de livraison à la Turquie de 3 milliards de mètres cubes annuels de gaz et régulièrement, le débit chute au tiers du volume à cause de la vétusté des équipements iraniens. A chaque fois, la Turquie s’est toujours tournée vers la Russie qui lui a immédiatement fourni le volume nécessaire à ses besoins.

En supposant que les Suisses et leurs partenaires arrivent à surmonter la concurrence presque déloyale du Gazprom, pour permettre à l’Iran d’exporter 10 milliards de mètres cubes vers l’Europe, il faudra moderniser les équipement iraniens et surtout relancer les investissements sur le gisement South Pars.

Le groupe EGL a affirmé qu’il ne comptait pas exploiter le gaz en Iran afin de ne pas se retrouver en désaccord la loi américaine intitulée Iran and Libyan Sanctions Act (ISLA) qui interdit aux sociétés étrangères d’investir plus de 40 millions de dollars en Iran. En l’absence de ces investissements, le contrat reste pour le moment juste un engagement mutuel de nature politique entre le régime des mollahs et la Suisse.

Les mollahs s’engagent à vendre du gaz à prix sacrifiés aux Suisses après la crise nucléaire ; et les Suisses s’engagent à intensifier leur soutien existant aux positions des mollahs dans la crise nucléaire iranienne.

La Suisse ne sera pas en mesure d’apporter une solution à la crise comme elle le laisse entendre, mais elle contribuera à augmenter la confusion et cela suffit largement aux mollahs pour le moment. Plus de confusion dans la crise et des capitaux tout frais, voici les deux motifs de cet accord !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Pays : Suisse |

| Mots Clefs | Instituions : Economie iranienne |

| Mots Clefs | Enjeux : Gazoduc, Oléoduc & pipelines |

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Enjeux : Offensive énergétique Russe |