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Iran : Le discours de Sarkozy se chiraquise !
28.08.2007

Ce lundi 27 août avait lieu la traditionnelle rencontre annuelle entre le Président et les ambassadeurs de France. Dans son discours sur l’ensemble des orientations de la diplomatie française, Nicolas Sarkozy a formulé à la fois une mise en garde et une offre d’ouverture à l’Iran. Malgré les apparences, si les formules ont changé, le discours de Sarkozy ressemble beaucoup à celui de son prédécesseur... Analyse d’un néo-chiraquisme trompeur !



Le 29 août 2005, Jacques Chirac déclarait : « Nous en appelons à l’esprit de responsabilité de l’Iran pour rétablir la coopération et la confiance… L’offre européenne est à la mesure du rôle que ce grand pays qu’est l’Iran doit jouer dans le monde »…

Le 28 Août 2006, il redisait : « Il y a toujours place pour le dialogue. L’Iran est un grand pays. Mais la reconnaissance de son rôle lui crée aussi des obligations : celles de dissiper les appréhensions et de travailler à la stabilité régionale, comme il convient à un grand pays responsable ».

Et ce 27 Août 2007, Nicolas Sarkozy a dit que la France restait fidèle à sa démarche actuelle alliant sanctions croissantes (héritage de Chirac), mais aussi ouverture, si l’Iran faisait le choix de respecter ses obligations en suspendant ses activités d’enrichissement d’uranium. « La France maintient avec les dirigeants de l’Iran un dialogue sans complaisance, qui s’est avéré utile en plusieurs occasions », a ajouté Sarkozy dans une allusion au Liban...

Le néo-chiraquisme de Sarkozy | Si Chirac insistait dans son style emphatique sur la reconnaissance possible du rôle régional de l’Iran et la possibilité d’une coopération diplomatique au Moyen-Orient, Sarkozy est déjà dans l’étape qui suit l’étape de la reconnaissance ! Sarkozy a souligné l’utilité de ce dialogue régional avec le régime des mollahs (en tant qu’acteur régional) dans le cadre d’une coopération déjà opérationnelle (on se souvient que le Hezbollah n’a pas bloqué l’organisation d’une conférence à Paris sur le Liban et en échange le mouvement qui a tué des paras français a été invité à Paris).

Ce ricochet qui part de la nécessité d’un dialogue sur le nucléaire pour atterrir sur l’utilité du dialogue au sujet du Liban est du pur Chiraquisme. A plusieurs occasions, l’ancien président français avait fait ce genre de transition, notamment dans un entretien au Monde en juillet 2006, et par la suite lors de son dérapage en voix-off en septembre 2006.

Le discours de Sarkozy abandonne peu à peu ses jolis slogans électoraux et ses propos se chiraquisent. On y retrouve d’ailleurs le même empressement à reconnaître le rôle régional de l’Iran (2530) sans pour autant établir explicitement un lien entre les différents conflits qui engagent les mollahs face aux Occidentaux (Monde en juillet 2006).

Certes Sarkozy a effleuré l’hypothèse d’un bombardement de l’Iran (comme Chirac l’avait fait à 2 reprises avant lui), mais il est certain que la France ne pourra être de la partie car, contrairement à l’époque de Chirac , le porte-avions Charles-de-Gaulle est en cale sèche à Toulon pour 18 mois de réparations. De toutes les façons, malgré ce soi-disant avertissement, le coeur du discours est l’appréciation qu’accorde Sarkozy à la nécessité d’un dialogue dans la crise nucléaire : « L’Iran aurait beaucoup à gagner (des contrats – ndlr) en s’engageant dans une négociation sérieuse avec les Européens, les Américains, les Chinois et les Russes ».

La négociation multipartite avec la participation de la Russie est encore un héritage de Chirac comme l’offre commerciale qui est laissée en suspens dans cette dernière déclaration. Philippe Douste-Blazy avait tenu le même discours commercial en Août 2005 ! On connaît le degré de son succès et celui de la proposition française d’inclure les Russes dans le processus des négociations.

La Russie, elle-même, ne veut en aucun cas d’une négociation ouverte dans laquelle elle perdrait le rôle occulte de l’arbitre du jeu : elle veut être consulté sans pour autant s’engager dans une négociation multipartite avec la présence iranienne.

La méthode Sarkozy | En réalité, c’est en apparence que le discours de Sarkozy se chiraquise ; en réalité, le nouveau président a des ambitions diplomatiques bien plus élevées ! Et malheureusement pour lui, il applique les mêmes méthodes qu’il a utilisées pour exploser le parti socialiste et il risque de s’apercevoir que son jeu n’intéresse ni les Américains, ni les Russes et encore moins les mollahs.

En effet, malgré les apparences, concernant la ligne générale de la nouvelle diplomatie française, nous sommes loin de l’immobilisme de la diplomatie Chiraquienne fondée sur les vieilles alliances. Au fil des déclarations et des actions les plus récentes -notamment au Liban et en Irak-, la ligne diplomatique du nouveau président de la république se précise : elle adapte le Quai d’Orsay aux défis mondiaux en imitant les stratégies régionales pro-chiites des Américains et des Russes.

Le problème est que ces 2 puissances cherchent à déstabiliser les régions limitrophes de l’Iran (avec l’aide des mollahs agitateurs) : les Russes du côté de l’Afghanistan (voie d’accès des occidentaux vers l’Asie Centrale) et les Américains globalement dans l’ensemble du monde musulman. Les deux jouent la carte des mollahs pour s’assurer l’alliance de cet acteur majeur des instabilités régionales. Mais la France n’a pas vocation à amplifier cette instabilité qui lui sera préjudiciable sur tous les plans. Cependant, c’est ce que risque de faire Sarkozy, l’ambitieux pressé.

Prémonitions | Cependant, cette méthode Sarkozy n’est ni plus ni moins la diplomatie Européenne, celle de la Troïka et de Javier Solana (à quelques nuances près). La différence entre Chirac et Sarkozy est que l’un cherchait le statu quo immobiliste et l’autre va de l’avant en imitant les deux prétendants au trône du Moyen-Orient sans se soucier des conséquences de son imitation pro-chiite. Nous reviendrons sans doute dans les prochaines semaines sur les désordres provoqués par cet acteur indésirable dans la partie exclusive qui se joue entre le régime des mollahs et les Etats-Unis.

Cette partie se joue en Asie Centrale, en Irak, au Liban et en Afghanistan et sur le terrain glissant de la confrontation entre l’Islam et l’Occident. Autant de scènes que l’ambitieux Sarkozy veut occuper.

Bizarrement, cette méthode volontariste et empressée risque de produire des résultats contraires aux attentes de son auteur : elle risque de bloquer la situation (sur le dossier nucléaire) et produire encore plus d’immobilisme qu’avec Jacques Chirac. De l’immobilisme, mais aussi des attentats sur le sol Français qui seront commandités par des mollahs excédés par les intrusions indésirables de Sarkozy dans leur partie exclusive avec les Etats-Unis.

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La france peut adopter une troisième voie :
- Lettre au futur ministre des Affaires Etrangères de Nicolas Sarkozy
- (15 Mai 2007)

Pour en savoir + sur le désordre mondial :
- L’Express | Puzzle mondial
- (23 Mars 2007)

Duel Chirac - Sarkozy :
- Iran : Tendances 2007-2012 !
- (19 Janvier 2007)

Quand Chirac menacait Téhéran :
- La dissuasion française peut « décapiter » le régime et son armée
- (19 Février 2006)

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