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Iran : Trois réactions au sommet des Pasdaran
19.08.2007

L’annonce américaine de l’inscription des Pasdaran sur la liste des entités terroristes suscite diverses réactions iraniennes.



1ère réaction | En Iran, le Général-milicien Yahya Rahim-Safavi, l’actuel commandant des Pasdaran, est allé droit au but en déclarant que l’occident devait « accepter l’influence et la puissance de l’Iran dans la région du Moyen-Orient et observer les droits de l’Iran ».

Cette réaction confirme notre analyse quant aux raisons profondes de la décision américaine à propos des Pasdaran : les Etats-Unis veulent diminuer l’influence régionale de cette milice polymorphe (sa capacité de nuisance) afin de diminuer les prétentions régionales du régime des mollahs qui exigent une reconnaissance américaine de cette influence avérée, aussi bien au Liban qu’en Palestine.

Rahim-Safavi, qui est une brute épaisse, s’est exprimé très directement alors que les autres dirigeants du régime évitent d’aborder le sujet aussi directement car ils préfèrent se dire victimes de la malveillance américaine. Rahim-Safavi est allé encore plus loin en déclarant que les puissances occidentales devaient « comprendre que l’établissement de la sécurité dans la région sans observer les droits de l’Iran n’était désormais plus possible ». C’est sans doute, la réaction qui prévaut à Téhéran dans le cœur des dirigeants, mais ils sont moins primaires que Rahim-Safavi et ne l’expriment pas en ces termes aussi limpides.

2nde réaction | Le Général-milicien Firouz-Abadi, un membre des Pasdaran qui est l’actuel commandant des Bassidjis, est resté dans la limite des slogans chers au régime pour exprimer sa colère. Il a qualifié la décision d’illogique et hâtive, et il a déclaré que cette décision contribuerait à renforcer la popularité des Pasdaran parmi tous les musulmans et même que l’étendard des Pasdaran deviendra comme celui du Hezbollah, le drapeau de tous les peuples de la planète. C’est généralement ce que le régime demande à ses miliciens haut placés : des slogans islamistes et non pas des déclarations sur la politique internationale du régime comme l’a fait Rahim-Safavi dans un moment de colère sincère.

3ème réaction | Dans un registre différent, l’AFP a interrogé Mohsen Sazgara, le fondateur des Pasdaran. Selon l’AFP, Sazgara est le plus célèbre des dissidents iraniens et un chercheur, mais pour nous il est l’un des plus emblématiques faux-opposant iraniens. Depuis qu’il réside aux Etats-Unis ce chercheur n’a rien publié sur le seul sujet qu’il maîtrise, c’est-à-dire les Pasdaran, cette milice qui a participé à tant d’attentats anti-américains ou anti-juifs. Le livre aurait été un succès phénoménal. Mais Sazgara n’a pas délivré ses secrets et il a ainsi évité consciencieusement un sujet qui aurait pu nuire au régime des mollahs et aurait rendu impossible toute reprise du dialogue entre Téhéran et Washington.

Dans son rôle de faux opposant, Sazgara doit uniquement agir dans le sens d’une reprise du dialogue entre les Américains et les mollahs et ce afin de faire normaliser les relations entre les deux Etats. Dans son interview AFP pour convaincre ses interlocuteurs, Sazgara a d’abord amplifié les rumeurs sur les super-capacités de nuisance des Pasdaran pour ensuite recommander le dialogue pour dénouer la situation [1]. Jusqu’à dans sa façon de faire du lobbying, Sazgara reste le modèle absolu d’officier de renseignement des Pasdaran.

C’est bien pour cette raison qu’il a été envoyé aux Etats-Unis à la place d’un Rahim-Safavi. C’est ce qui fait la force de cette milice polymorphe, elle a plusieurs niveaux de direction et une hiérarchie invisible dans laquelle Sazgara se trouve bien plus haut que Rahim-Safavi.

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Pour en savoir + sur les Pasdaran et Sazgara :
- Iran : La longue mésentente entre les Etats-Unis et les Pasdaran
- (17 août 2007)

| Mots Clefs | Institutions : Pasdaran, Gardiens de la Révolution |

[1Sazgara, l’homme du dialogue | Tout devrait passer par la négociation. (AFP) |