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Iran : Vers de nouvelles sanctions ou vers un statu quo ?
18.08.2007

Et l’on reparle d’une nouvelle résolution dans le cadre du contentieux nucléaire avec l’Iran. Cette résolution est attendue en septembre ou en octobre. Mais elle ne changera rien à ce contentieux qui ne se résume pas au droit des mollahs à l’enrichissement nucléaire. | Rétrospective et analyse



En décembre 2006, le Conseil de Sécurité adoptait la résolution 1737 tout en accordant deux mois de délais aux mollahs. Ces derniers avaient alors ignoré cette résolution en multipliant les déclarations quant à leur intention d’accélérer leurs activités nucléaires. Par la suite ils se montraient plus conciliants juste avant l’expiration du délai. Ils avaient alors obtenu un battement d’un mois avant l’adoption de la résolution suivante, la 1747, en mars 2007. Cette dernière, qui allait expirer en mai 2007, leur accordait 2 autres mois de délais.

Nous avions prévu des retards et c’est presque 3 mois après ce dernier ultimatum, c’est-à-dire 5 mois après l’adoption de la résolution 1747 que l’on reparle d’une nouvelle résolution… Elle accordera sans doute avec un nouveau délai plusieurs mois aux mollahs dans l’espoir d’un changement de politique nucléaire des mollahs.

Les deux résolutions adoptées étaient accompagnées de sanctions qui étaient susceptibles de faire plier le régime des mollahs. C’est depuis 2003 que les Américains exigeaient l’adoption de résolutions comportant des sanctions économiques contre les mollahs et pendant ces 4 années, nous avons été bombardés de rapports sur les dangers des programmes balistiques et nucléaires des mollahs, ces derniers sont eux-mêmes à l’origine d’une grande partie des rumeurs : leur stratégie a toujours été d’amplifier la crise et d’exiger des contreparties pour abandonner ces activités. Ces contreparties sont appelées des « Garanties de Sécurité ». Ces dernières sont au centre du contentieux. Les mollahs l’exigent, les Européens recommandent aux Américains de les leur accorder et ces derniers refusent.

Pendant longtemps, la seule Garantie de Sécurité du régime des mollahs était son rôle d’arbitre du conflit israélo-arabe et cet arbitrage était exercé par l’intermédiaire du Hezbollah. Quand les mollahs exigeaient des « Garanties de Sécurité », ils parlaient d’une reconnaissance de leur rôle régional au Liban (voisin d’Israël). Si vous étudiez les diverses déclarations de la diplomatie française, vous retrouvez des références à cette reconnaissance. Le Hezbollah est une création du régime des mollahs entièrement gérée par les Pasdaran, la milice révolutionnaire et islamiste qui a remplacé l’armée iranienne après la révolution islamique. Le coeur du conflit entre les mollahs et les Etats-Unis réside dans le refus des Américains de faire des mollahs les maîtres reconnus de la région.

Actuellement, le champ d’action de l’influence régionale des mollahs s’est étendu au-delà du Liban. L’invasion de l’Irak leur a permis d’ouvrir un nouveau front contre les Etats-Unis dans ce pays. Ils ont également décidé de harceler les Américains en Afghanistan : désormais, les Garanties de Sécurité ont changé de format et ce changement est le résultat des retards accumulés par les Américains.

Les Américains se contentent de chercher à affaiblir les mollahs afin que ces derniers abandonnent leur politique de surenchère nucléaire, surenchère destinée à obtenir (en contrepartie) une reconnaissance de leur rôle régional (qui est réel).

Ainsi les Américains concentrent leurs sanctions sur les Pasdaran, cette milice terroriste qui possède des banques mais qui gère également le Hezbollah. Cette tactique Américaine est censée diminuer la puissance des Pasdaran et par conséquent de casser l’exigence de la reconnaissance du rôle régional du régime (rôle exercé par les Pasdaran via le Hezbollah, le Hamas ou al Qaeda Irak). Les Américains espèrent que les sanctions qu’ils ont mises en place finiront pas affaiblir les mollahs et de ce fait, l’étalement des résolutions dans le temps ne les perturbe pas.

Le contentieux nucléaire est donc une crise de substitution pour les Américains. De l’autre côté, la surenchère atomique est un atout dans le jeu des mollahs : le véritable objet de ce conflit d’intérêts est le rôle régional du régime des mollahs qui lui garantit sa survie. Les Américains jouent leur propre rôle stratégique dans cette région et leurs adversaires, la Russie et la Chine sont également impliquées. Chacun de ces deux adversaires espère utiliser le régime des mollahs pour chasser les Etats-Unis de cette région pétrolière pour devenir le maître de la région et de ses ressources. On retrouve les mêmes conflits d’intérêts au Conseil de Sécurité, où ces deux pays font traîner les choses tout en soutenant l’économie iranienne en panne sèche d’investissements occidentaux.

Une nouvelle résolution avec des délais à rallonge et des sanctions molles ne changera rien au fond du problème. Cela fait 28 ans que les mollahs utilisent le terrorisme pour « Garantir » leur survie : c’est seulement aujourd’hui que les Américains évoquent ces activités des Pasdaran. Les Américains doivent cesser de vouloir un arrangement avec ce régime.

Si les Etats-Unis refusent de jouer franc jeu, ils contribueront à aider la surenchère des mollahs qui comptent de plus en plus sur la Russie et la Chine pour se maintenir dans ce rôle de perturbateur.

Le rôle joué par l’Europe n’en est pas plus limpide car les Européens ne sont pas non plus hostiles à un rôle régional accordé aux mollahs et n’évoquent jamais leur rôle terroriste. En revanche nous assistons à des gesticulations diplomatiques sur la nécessité d’une grande fermeté à l’égard de ce dossier. Chacun espère un KO par abandon de l’un des deux principaux camps, l’Iran ou les Etats-Unis, et sans doute plus vraisemblablement un KO américain et une reconnaissance implicite du rôle régional des mollahs satisferont plus les intérêts Européens en Iran. Ce rôle garanti, ces intérêts pourraient péricliter au détriment des futurs intérêts chinois en Iran.

Le rôle régional de l’Iran est déterminant pour cette région, mais aucun des acteurs du conflit ne semble séduit par la solution de la stabilité régionale assurée par un autre régime en Iran. En l’absence de cette volonté, tous les prétextes sont bons pour faire durer la crise et provoquer un abandon par KO de l’une des 2 sources de conflits.

Cet abandon équivaut à un statu quo régional avec maintien en état du Hezbollah (armé). Actuellement, pour faire durer le conflit et exiger des contreparties, le régime des mollahs prétend qu’il collabore avec l’AIEA et les Européens prétendent que c’est vrai !

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| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Chine |

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |

| Mots Clefs | Institutions : Pasdaran, Gardiens de la Révolution |