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Liban : Celle-Saint-Cloud à l’heure des manœuvres iraniennes
17.07.2007

Décodages d’un article du Figaro | « L’invitation était française, mais le dialogue était libanais », a souligné le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Une trentaine de délégués représentant les principaux partis et courants politiques se sont réunis à huis clos à La Celle-Saint-Cloud.



LE DIALOGUE est « amorcé ». Le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, s’est déclaré hier soir « satisfait » à l’issue de la réunion interlibanaise organisée par le Quai d’Orsay à La Celle-Saint-Cloud, près de Paris, rencontre qui constitue selon lui « un premier pas » pour « briser la glace » entre les différentes factions libanaises. Bernard Kouchner a annoncé qu’il se rendrait à Beyrouth le 28 juillet, et qu’il espérait y constater « les progrès du dialogue amorcé ici ».

Tout ou presque est dit dans ce texte d’introduction écrit par Adrien Jaulmes, un journaliste français qui écrit des articles particulièrement favorables aux mollahs ou au Hezbollah.

Cette rencontre avait été initialement présentée comme une rencontre de dernière chance ! Par la suite avant la rencontre on avait précisé qu’il ne s’agissait pas d’une rencontre de dernière chance mais d’une pré-rencontre pour préparer d’autres rencontres ! Un peu sur le modèle des rencontres à rallonges en vigueur dans les négociations nucléaires avec les mollahs…

Et finalement il semblerait que les futurs dialogues « inter Libanais » soient très influencés par les mollahs, leurs méthodes et leurs manoeuvres dilatoires :

Ainsi quand il n’y a aucun résultat probant, on prétend que le fait positif est que le dialogue a commencé (copie conforme d’une reprise des négociations nucléaires avec les mollahs). Autre point de ressemblance : on évoque de futures rencontres, mais on ne sait pas quand !

C’est d’ailleurs confirmé par Jaulmes dans son article pour le Figaro : « L’invitation était française, mais le dialogue était libanais », a souligné le ministre. La rencontre n’a pas débloqué, loin s’en faut, la crise institutionnelle libanaise. Mais le Quai d’Orsay avait, dès le début de la conférence, insisté sur les ambitions « modestes » de la réunion. Aucun ordre du jour n’avait été fixé et aucune obligation de résultats n’avait été imposée aux participants, l’idée étant d’arriver à « renouer le dialogue ».

On se demande alors pourquoi on avait choisi la date symbolique du 14 juillet pour signer ce retour de la France sur un sujet aussi important ! Mais Adrien Jaulmes n’a pas de réponse, son rôle est de parler d’une certaine manière du régime des mollahs ou du Hezbollah pour présenter ces deux facteurs de déstabilisation régionale comme étant au contraire des facteurs de cohésion. Nous assistons à un alignement de Nicolas Sarkozy sur les procédures de base, les rhétoriques et les solutions classiques du Quai d’Orsay. Les résultats seront à la hauteur des ambitions.

Sous l’influence de Jean-David Levitte [1], conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Paris va agir pour gommer le caractère terroriste du Hezbollah et des mollahs et c’est cela qu’on appelle jouer un rôle au Liban. Le rôle est joué par les mollahs et la France fait semblant de ne rien voir.

Les paragraphes consacrés par Jaulmes au Hezbollah sont un modèle du genre : « Les parties en présence se sont accordées sur un certain nombre de principes, souligne-t-on au Quai d’Orsay, notamment sur l’attachement aux institutions libanaises, sur le soutien à l’armée, le rejet des tutelles étrangères, du recours à la violence et de la nécessité d’une retenue dans les discours ».

La réunion à huis clos pendant le week-end d’une trentaine de délégués, représentant les quatorze principaux partis et courants politiques libanais, ne pouvait sans doute pas, en aussi peu de temps, trouver une solution à l’impasse institutionnelle dans laquelle est plongé le pays depuis novembre 2006. Mais elle représente peut-être un premier jalon pour mettre fin à un bras de fer que ni les partis prosyriens ni la majorité du 14 mars ne peuvent espérer remporter.

Plus loin, le journaliste du Figaro se félicite de la présence du Hezbollah à cette réunion, « à la fois une avancée dans un dialogue qu’on imagine mal se dérouler sans eux, mais peut aussi renforcer la légitimité du mouvement chiite, seul parti à posséder une puissante milice armée, sans exiger de lui la moindre concession en contrepartie ».

Admirable prose de langue de bois. Aucune allusion à l’origine de la crise institutionnelle (démission des députés du Hezbollah). Aucun allusion au rôle du Hezbollah dans l’élimination de ses adversaires. Black-out total sur l’affaire Hariri. Aucune référence à la guerre menée par ce parti politique chiite contre un Etat voisin. Aucune référence à l’ingérence des mollahs au Liban, par l’intermédiaire de la milice du Hezbollah, mais toujours cette sempiternelle référence à la Syrie. Et c’est ainsi que la France espère jouer un rôle au Liban. En blanchissant le Hezbollah, ce rôle ne peut être que celui du sous-fifre des mollahs.

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Pour en savoir + sur la complaisance française vis-à-vis des mollahs :
- Liban : Entre deux néants grâce à l’Iran et les Etats-Unis

- (24 juin 2007)

Sur la nouvelle stratégie régionale des mollahs :
- Gaza : Alan Johnston et la Stratégie Gigogne de l’Iran !
- (5 juillet 2007)

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Liban |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Adrien Jaulmes |

[1Jean-Daniel Levitte | Dans les dernières années, il y a eu quelques ambiguïtés dans la politique française vis à vis du Hezbollah. Ainsi en Mai 2004, Jean-Daniel Levitte, ambassadeur de France aux USA, a décrit le Hezbollah comme une organisation essentiellement sociale. En outre il a ajouté qu’il ne voyait aucune raison à mettre le Hezbollah sur la liste des terroristes de l’Union Européenne. Pourquoi les Français sont si prévenants vis-à-vis du Hezbollah ? |