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Iran : Décodages à propos de Moqtada Sadr et Al Qaeda
10.07.2007

Toutes les agences de presse ont écrit unanimement que Moqtada Sadr était, selon les sources militaires américaines, reparti vers l’Iran. Il convient nuancer : Sadr travaille pour le régime des mollahs, il n’est donc pas reparti pour l’Iran, mais a été appelé à rentrer. Seconde nouvelle à propos de l’Iran mais de provenance irakienne : la mise en garde d’Al Qaeda contre le régime des mollahs. Décodages de ces deux nouvelles afin d’échapper à une euphorie qui n’a aucunement lieu d’être.



Moqtada Sadr est un élément du régime des mollahs qui entend l’utiliser comme un pion politique. Si le pion a été retiré de l’échiquier, c’est parce que les mollahs veulent le préserver, afin que rien ne lui soit reproché dans les semaines à venir. Ce retrait annonce des évènements grave pour l’Irak, sans doute une vaste offensive contre le gouvernement irakien et ceux qui le soutiennent, civils, l’armée américaine et « autres ».

Cette offensive sera menée par Al Qaeda en Irak qui est alimenté en armes par la Syrie, le chauffeur-livreur régional du régime des mollahs.

Or, par une heureuse coïncidence, Al Qaeda vient de menacer le régime des mollahs dans une opération médiatique retransmise par toutes les agences de presse. Ainsi Téhéran pourra continuer d’alimenter ce mouvement sans que l’on puisse le soupçonner d’appuyer ce groupe. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que l’Etat islamique d’Irak, l’organisation d’Al Qaeda dans le pays, a adressé de telles menaces à l’encontre des mollahs. Il l’avait déjà fait le 30 mai 2007, c’est-à-dire il y a plus d’un mois.

Durant ce mois écoulé, les armes mises au point par les Pasdaran n’ont cessé d’affluer vers l’Irak, aussi bien par la frontière iranienne que du côté Syrien. Certains prétendent que le régime des mollahs ne soutient pas Al Qaeda parce que ces derniers sont des sunnites. Allégation qui est fausse et nous y reviendrons. Mais en supposant que cette allégation soit fondée, on ne comprend pas pourquoi l’Iran continuerait d’entretenir des très bonnes relations militaires avec la Syrie alors que son protégé irakien menace de frapper l’Iran. Par ailleurs, le régime des mollahs finance des groupes terroristes de toutes natures parmi lesquels des groupes djihadistes sunnites comme le Hamas.

Le choix des groupes est fait selon des critères stratégiques et non selon des critères religieux. L’objectif de Téhéran est de jouer un rôle régional : il est question de géopolitique et de contrôle sur certains territoires et non pas question de débats religieux. Les groupes terroristes et leurs commanditaires souhaitent se substituer à l’Etat qui contrôle le territoire en question.

De ce point de vue, la théorie en vigueur en France selon laquelle les mollahs ne soutiennent que des mouvements chiites est complètement erronée. Cette théorie suppose que des pays sunnites comme l’Arabie Saoudite ou le Pakistan seraient les protecteurs des groupes dont l’objectif est de les renverser. On le voit en ce moment au Pakistan, où Al Qaeda a essayé d’éliminer le président. Par ailleurs, ces groupes perpétuent aussi des attentats contre le grand protecteur de l’Arabie Saoudite et le Pakistan : c’est-à-dire les Etats-Unis.

Cette théorie fondée sur l’opposition entre les terroristes sunnites et les terroristes chiites est d’autant plus fausse que le Pakistan ne veut aucun jouer de rôle au Moyen-Orient ! La désignation du Pakistan comme le protecteur et trésorier d’Al Qaeda et des Talibans est le résultat de cette théorie religieuse, sans fondement géopolitique, professée par l’école française et des personnages comme Alexandre Adler, Olivier Roy ou Gilles Kepel. La désignation du Pakistan comme bouc émissaire du terrorisme islamique est le résultat d’une théorie qui en premier lieu innocente la république Islamique d’Iran et faute de coupable, elle désigne d’autres Etats musulmans. Cette disculpation facilite les activités terroristes des mollahs partout où ils ont des pions (c’est-à-dire dans tous les pays musulmans sunnites).

La nouvelle menace anti-mollahs d’Al Qaeda irakien a été accueillie avec euphorie par certains alors qu’il y a lieu plutôt lieu de s’en inquiéter. Par cette menace surmédiatisée, Al Qaeda en Irak s’est affranchi de tout lien avec le régime des mollahs. Désormais, il peut agir en électron libre et même si on attrape des combattants munis d’armes d’origine iranienne, ils diront que ce sont des prises de guerre.

La situation est parfaite pour le régime des mollahs qui peut ainsi lancer sa vaste offensive anti-américaine en Irak sans que l’on puisse l’accuser de l’avoir provoquée. Ce sera encore mieux que la guerre du Liban durant l’été 2006 : au Liban, on aurait pu évoquer le rôle des mollahs derrière le Hezbollah (même si on s’est gardé de le faire), mais en Irak, la guerre sera contre un ennemi sans affiliation et pourtant bien équipé (en armes, en radars, en lunettes nocturnes, en missiles portatifs) et bien financé.

La promesse d’attentats en Iran est une garantie supplémentaire pour le régime des mollahs. Par ailleurs, le régime pourra lui-même organiser ces attentats en Iran et les exploiter comme il l’entend pour lancer une vaste répression interne pour bien intimider les iraniens qui rêvent d’un changement de régime.

Au moment où Al Qaeda Iranien entend entreprendre sa vaste offensive de l’été, promise depuis longtemps, Moqtada Sadr a été rappelé à Téhéran et mis à l’écart des carnages afin que sa réputation ne soit pas entachée et qu’il puisse jouer un « rôle national ».

Comme au Liban, le principal pion des mollahs se met en retraite et le sale boulot est confié à un groupe inconnu classé dans le fourre-tout Al Qaeda. Au Liban, le Hezbollah, protégé des mollahs, intervient désormais en modérateur.

En Palestine, grâce à Jaysh al Islam, c’est le Hamas qui s’est posé en modérateur. En Irak, les mollahs entendent appliquer leur nouvelle stratégie « Gigogne ». Dans un premier temps Sadr avait critiqué les mollahs et même révélé des informations sur leurs réseaux en Irak. Cette tentative n’a pas réussi à donner une stature nationale à Sadr. On le retire temporairement de l’échiquier et l’on passe au plan B qui sera beaucoup plus sanglant.

L’objectif de ces manoeuvres est stratégique : l’objectif des mollahs n’est pas d’assurer la carrière de Sadr mais de contrôler le chaos en Irak afin de forcer les Américains à s’entendre avec eux selon leurs conditions. De cette entente dépend l’avenir du régime des mollahs et pour assurer sa survie, il est prêt à tous les sacrifices mêmes des attentats en Iran, même des attentats contre certains dirigeants devenus des gêneurs.

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