Le groupe, premier producteur et exportateur mondial de gaz, avait annoncé fin juin avoir doublé (+101,46%) son bénéfice net sur l’ensemble de l’année 2006 à 636,46 milliards de roubles, soit 18,3 milliards d’euros, contre 9,1 milliards d’euros en 2005. Selon les estimations, Gazprom pourrait parvenir à son objectif en cinq ou sept ans. Il est probable qu’il essaie de brûler quelques étapes.

Car certes le groupe attribue ses progrès à ses efforts permanents pour se moderniser ou baisser les coûts, mais il faut reconnaître que Moscou considère Gazprom comme un instrument de conquête, et les frontières entre l’économie et diplomatie sont inexistantes en ce qui concerne Gazprom (qui pourrait même être dirigé prochainement par Poutine).

Gazprom table surtout sur le désordre mondial pour se développer : la crise nucléaire iranienne est une alliée occulte de Gazprom, l’Iran qui possède les secondes réserves mondiales du gaz est éliminé du jeu, frappé par les mesures bancaires américaines, qui empêchent tout investissement dans le domaine énergétique. Cette élimination de l’Iran profite également à d’autres pays comme les pétromonarchies du Golfe Persique.

D’une manière générale, Moscou s’intéresse aux pays musulmans et cet intérêt est partagé car il peut leur vendre des armes, des centrales nucléaires et de la technologie spatiale, bien plus bon marché que les modèles américains, sans exiger en échange que ces îlots de stabilité fragile organisent des élections « démocratiques » qui pourraient être gagnées par les islamistes.

Mais l’intérêt de la Russie pour cette région est d’ordre stratégique et en ce sens, elle s’intéresse aussi bien à la stabilité qu’au désordre de cette région. Comme les Etats-Unis, le point essentiel est que cette région soit toujours un îlot de stabilité fragile : sinon ces pays n’auront plus besoin d’une grande puissance protectrice !

Pour les Etats-Unis aussi bien que pour la Russie, le désordre mondial est indispensable. Chacun des deux veut préserver un facteur de déstabilisation régionale et l’avoir dans son camp : le régime des mollahs est idéal dans ce rôle en raison de ses capacités de nuisance et de l’emplacement géographique de l’Iran.

C’est grâce au désordre entretenu que Gazprom pourra braconner sur les terres de ses adversaires. Le perdant de ce braconnage sera l’Europe qui n’a pas une diplomatie digne de ce nom pour inverser ce désordre mondial voulu par les 2 super-puissances en lice.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG