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Le régime est archaïque. Le pays est prêt à exploser !
17.06.2005

Le Monde, Entretien avec Reza Pahlavi. Reza Pahlavi, fils aîné du chah d’Iran et de l’impératrice Farah Diba, en exil aux Etats-Unis déclare au Journal Le Monde : "Il faut une campagne de désobéissance civile et démocratique appuyée par la communauté internationale. La confrontation est désormais inévitable... La violence est inutile. La désobéissance civile est un outil de travail nécessaire et efficace...."



Le Monde : Vous avez qualifié l’élection présidentielle de mascarade, pourquoi ?

Reza Pahlavi : Un régime qui a une Constitution qui nie la souveraineté du peuple et où les candidats sont sélectionnés par le régime, où le Parlement ne peut voter les lois qu’il propose, n’est pas un système représentatif du peuple. Ce régime interprète la loi divine comme il l’entend et les élections sont comme des élections en URSS ou sous Saddam Hussein.

Tout cela, c’est pour faire croire au monde qu’ils ont une certaine légitimité. Il faut boycotter l’élection. Voter pour ce régime, c’est prolonger sa survie. S’abstenir sera la démonstration que le peuple rejette cette théocratie. Le peuple veut une nouvelle Constitution laïque basée sur la déclaration universelle des droits de l’homme. Les réformateurs n’ont rien pu faire. On a perdu dix ans. L’heure du changement est venue.

Le Monde : Quel est le taux de participation qui, pour vous, sera considéré comme une victoire ?

Reza Pahlavi : Nous pouvons nous attendre à une participation de 30 %, pas plus. Deux tiers d’abstention serait un très bon signe. Mais le régime peut manipuler les résultats et fait pression sur les citoyens par le tampon obligatoire de vote sur la carte d’identité. Cela dit, je crois que le régime n’est plus en mesure de vouloir menacer nos concitoyens. La crainte et la peur se dissipent de plus en plus. C’est un mouvement collectif de plus en plus profond et qui se propage. Et, il n’est pas seulement le fait d’une élite intellectuelle. Il est de plus en plus enraciné dans le peuple.

Le Monde : Appelez-vous à un soulèvement populaire ?

Reza Pahlavi : Le monde libre doit faire pression sur l’Iran. Il ne doit plus céder au chantage nucléaire d’un régime terroriste qui veut accéder à la bombe. Le monde extérieur doit jouer la carte des Iraniens eux-mêmes, ne plus parler aux geôliers mais à ses prisonniers. Il ne faut pas retomber dans le piège du changement de sièges car le jeu de cartes est toujours identique même si les cartes qui sortent sont différentes. Il faut une campagne de désobéissance civile et démocratique appuyée par la communauté internationale. La confrontation est désormais inévitable.

Le Monde : Va-t-elle déboucher sur des violences ?

Reza Pahlavi : La violence est inutile. La désobéissance civile est un outil de travail nécessaire et efficace. Il faut paralyser le système, favoriser la réconciliation nationale. Un Etat policier ne peut contrôler un soulèvement massif. Les Iraniens ne sont pas dupes de ce qui se passe dans le monde, surtout la jeunesse. Le régime est archaïque. Le pays est prêt à exploser. Mais cela ne doit pas se faire dans l’anarchie.

Nous voulons une implosion de manière démocratique et pacifique. Si le champion de la réforme Mohammed Khatami -le président sortant- n’a rien pu faire, ce n’est pas Ali Akbar Rafsandjani, le plus détesté et le plus corrompu du pays, qui va pouvoir faire changer les choses. C’est un régime maffieux, paralysé.

Le Monde : Êtes-vous pour une restauration de la monarchie ?

Reza Pahlavi : Le terme restauration a une connotation négative. Les Iraniens doivent pouvoir choisir librement leur avenir. Ma mission se terminera le jour où nous arriverons à des élections libres. A partir de ce jour, je serai prêt à servir mon pays. Je ne me préoccupe pas de mon avenir personnel.

Propos recueillis par Michel Bôle-Richard
Article paru dans l’édition du 18.06.05