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Iran : Persépolis et la « culture patriarcale » invités d’ARTE
23.06.2007

Selon l’AFP, le Persépolis de Marjane Satrapi est une charge contre le régime iranien, dépeint comme violemment répressif des libertés individuelles, en particulier celles des femmes forcées, du jour au lendemain, de se voiler et de déserter les lieux publics. Pourtant l’auteur s’en défend et à chaque sortie médiatique insiste sur la nécessité de cette révolution. Elle sera ce soir l’invité de Métropolis. Les médias français invitent beaucoup Satrapi, mais aucun ne l’écoute.



Pour notre part, nous estimons qu’il est nécessaire de l’écouter attentivement, de reproduire ses paroles et de les analyser.

Satrapi le répète à chaque fois : « C’est un film humaniste, qui va à l’encontre de tous les clichés sur l’Iran ». Or, les clichés sur l’Iran contemporain sont les clichés faisant référence aux mollahs, barbus fous de dieu. Le message de marjane Satrapi est donc fort ambigu.

« Je suis une vraie amoureuse de la liberté et une vraie démocrate ouverte à toutes les indignations, à toutes les protestations, à toute critique, et je pense qu’on ne peut construire que dans les critiques et la protestation : Il faut un dialogue ouvert », insiste-t-elle.

Que faut-il comprendre : que les opposants au régime font fausse route et qu’il faut dialoguer avec des négationnistes ou encore ceux qui ont non seulement réduit les droits constitutionnels de la femme mais aussi ont dépénalisé le viol ? Ceux qui estiment qu’une fillette de 9 ans est responsable devant la loi ?

« Le vrai ennemi de la démocratie, ce n’est ni un régime, ni une personne, ni un gouvernement, le vrai ennemi de la démocratie, c’est la culture patriarcale », estimait encore Marjane Satrapi. C’est la ruse trouvée par certaines de nos fausses féministes pour ne pas parler des mollahs... Est-ce que la Turquie a aboli la culture patriarcale pour devenir une démocratie ? Non, elle a simplement fait le choix de la laïcité.

Ce mot, « la laïcité », est absent du vocabulaire de Satrapi, mais elle compense cette lacune par des formules redondantes comme la « culture patriarcale » ou la comparaison simpliste du dictateur qui a le dernier mot au père, chef de la famille qu’il a le dernier mot.

Avant la révolution islamique, les pères iraniens n’avaient pas le dernier mot car les lois de l’Etat garantissaient des droits aux femmes. Les lois sont adoptées par les régimes et par les hommes qui les dirigent.

Ceux qui actuellement dirigent l’Iran parlent au nom de la tradition, de la charia... de la « culture patriarcale »... Satrapi parle comme eux. Aucun amoureux de la liberté ne dira : je veux dialoguer avec les ennemis de la liberté pour négocier des demi-droits !

Mais toutes les figures médiatiques iraniennes parlent ainsi : dialoguer, négocier... Ces personnes tuent les urgences. De plus la laïcité est une règle claire : c’est la loi qui l’impose. En faisant référence à la « culture patriarcale », on introduit l’idée d’une société sous-développée qui a besoin de temps pour évoluer à sa vitesse. C’est tout ce dont a besoin le régime des mollahs : qu’on lui f... la paix et qu’il avance selon sa volonté sans aucune ingérence ou impatience.

La laïcité est la règle fondamentale pour créer une société qui n’exclue pas la moitié de sa population. Bien avant la révolution islamique, dès les années 30, l’Iran avait fait le choix d’une société mixte garantissant l’émancipation de la femme iranienne.

Les mollahs et les féodaux n’acceptaient pas ce modèle de société. Il y eut plusieurs révoltes des mollahs contre les droits qui avaient été accordés aux femmes mais aussi aux paysans qui avant ces lois étaient réduits à l’état de servage pour travailler sur les terres du clergé et des féodaux. La dernière de ces révoltes a été la Révolution islamique qui a détruit les droits des femmes mais aussi la paysannerie et la classe moyenne.

Aujourd’hui, il est essentiel d’aimer les Iraniens, de les aider à se libérer, mais pour l’instant vous leur refusez votre amour en continuant à préférer le respect de sa soi-disant « spécificité culturelle » à l’amour des droits universels et de la laïcité.

Ironiquement Satrapi parle beaucoup de l’universel mais au final son discours va bien à l’opposé de l’universel.

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| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Marjane Satrapi, auteur de Persépolis |

| Mots Clefs | Institutions : Dialogue des Civilisations |

| Mots Clefs | Réformateurs : Les Intellectuels « apolitiques » iraniens |