Accueil > News > Iran : Les amis et les ennemis de la Palestine



Iran : Les amis et les ennemis de la Palestine
19.06.2007

Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité Palestinienne, a « suspendu » par décret dans la nuit de samedi à dimanche la Constitution afin de neutraliser le Conseil législatif (le Parlement actuellement dominé par le Hamas depuis sa victoire aux élections législatives en janvier 2006). Ainsi le gouvernement d’urgence qu’il a formé peut exister sans le vote de confiance des élus palestiniens. Voici donc une situation scabreuse. Le nouveau gouvernement n’a pas de légitimité intérieure alors qu’il plaît aux Etats-Unis, à l’Europe et même à Israël.



La république islamique d’Iran n’a pas raté une si merveilleuse occasion : Mehdi Mostafavi, le vice-ministre des Affaires étrangères, a déclaré que le gouvernement d’urgence était illégitime. « La création d’un gouvernement d’urgence palestinien est contraire à la démocratie et accentue les tensions politiques en Palestine occupée », a précisé le vice-ministre.

« Nous avons toujours conseillé aux groupes palestiniens de mener des discussions pour renforcer le gouvernement d’Ismaïl Haniyeh car nous estimons que les actions qui affaiblissent ce gouvernement ne sont pas utiles », a-t-il ajouté.

Le gouvernement dirigé par Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas, a été limogé le 14 juin par le président Abbas au moment où le mouvement islamiste prenait le contrôle de la bande de Gaza. C’est la première fois que le régime des mollahs dénonce aussi ouvertement la décision de Mahmoud Abbas.

« La mise en place d’un autre gouvernement au côté du gouvernement de Haniyeh affaiblit la Palestine et c’est ce que veut le régime sioniste. Les divisions dans les rangs palestiniens ne peuvent que réjouir les partisans du régime sioniste, notamment les Etats-Unis », a ajouté Mostafavi.

L’Union Européenne a annoncé lundi qu’elle apportait son soutien au gouvernement palestinien de Salam Fayyad. Le consul général des Etats-Unis à Jérusalem Jacob Walles a dit samedi au président palestinien Mahmoud Abbas que les Etats-Unis lèveraient l’embargo sur le nouveau gouvernement palestinien une fois qu’il serait formé. Le 1er ministre israélien Ehud Olmert, qui n’avait accordé aucune chance à l’initiative Saoudienne et au gouvernement d’unité nationale, a promis de prendre des mesures en vue d’améliorer la qualité de la vie en Cisjordanie.

Les mollahs ont su mener la seule action qui divise les Palestiniens, et plus ces acteurs de la politique internationale feront des efforts à l’égard de Mahmoud Abbas et plus ils feront du Hamas, l’élu du peuple palestinien, la victime désignée d’une coalition internationale formée de pays non musulmans. Et en plus, nous assistons à une division des palestiniens en bons palestiniens aidés par Israël et mauvais palestiniens qui ont voté pour le Hamas.

La stratégie de Téhéran se précise : organiser le chaos et proposer une capitulation comme l’unique alternative pour éviter une escalade susceptible d’embraser toute la région. Il ne faut pas oublier la rue Arabe qui risque quand même d’être choquée par cette intervention internationale qui distribue les bons et les mauvais points.

Téhéran a fourni les fonds, les armes et même les conseillers Pasdaran qui se sont rendus sur place pour épauler les combattants du Hamas. Et Téhéran a attendu patiemment et silencieusement la prise de pouvoir à Gaza, puis le début de l’instabilité en Cisjordanie pour intervenir en modérateur. C’est ce qu’on appelle être l’arbitre du chaos.

Les Russes, qui aimeraient jouer un rôle similaire dans la région, ont également commencé à jouer un rôle de modérateur en appelant le nouveau gouvernement à dialoguer avec le Hamas. Au final, nous aurons un autre gouvernement d’unité nationale mais sans l’Arabie Saoudite. 4 mois après le revers diplomatique infligé aux mollahs par l’initiative Saoudienne, ces derniers reviennent en force et montrent la supériorité de leurs réseaux régionaux et de leurs renseignements qui font d’eux, les maîtres de la région et ce sans disposer d’aucune armée surpuissante.

Et la Palestine dans tout ça ? Rien, la Palestine est une crise de substitution. Comme le Liban l’a été en juillet 2006. Ces crises permettent aux mollahs de rappeler leur pouvoir de nuisance, et ils rappellent ceci aux Américains, c’est-à-dire ceux qui ont une armée puissante, mais n’arrivent pas à contrôler cette région. La Palestine est la dernière mise dans le poker que jouent ensemble les mollahs et les Américains.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur :
- Iran : 3 Alternatives pour éviter l’escalade !
- (16 Juin 2007)

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Palestine |

| Mots Clefs | Terrorismes : HAMAS |