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Irak : Cette fois, l’Iran mène la danse !
28.05.2007

Les médias japonais rapportent que le 25 mai, la Corée du Nord a effectué des tirs de courte portée en direction de la mer du Japon, sans toutefois mettre directement en danger l’Archipel. Pour nous, les manifestations hostiles de la Corée du Nord ne sont pas fortuites, il s’agit d’une alliance des nuisances, mais avec qui ?



Nous en avions parlé au moment de la crise suscitée par les tests de missiles de juillet 2006. Même s’il est vrai que les Nord Coréens sont les plus assidus fournisseurs en missiles du régime des mollahs, cette alliance des nuisances n’est pas téléguidée par Téhéran, mais par Moscou, principal allié des mollahs et principal bénéficiaire de la crise régionale qui agite les terres musulmanes du Liban à l’Afghanistan.

Cette alliance des nuisances a un bénéficiaire (la Russie), et une cible : les Etats-Unis. Cette affaire dépasse donc le cadre des tensions entre la Corée du Nord et le Japon. L’objectif de la Russie est de harceler les Etats-Unis et profiter de leurs erreurs dues à leur dispersion dans des conflits à répétition.

Le principal bénéficiaire de la crise régionale qui agite les terres musulmanes du Liban à l’Afghanistan est la Russie | Le territoire Afghan a un intérêt stratégique : les Américains désirent y faire transiter leurs tubes (TAP) pour libérer l’Asie Centrale de son enclavement naturel qui le rend dépendant de l’Iran ou de la Russie pour exporter son pétrole ou gaz. Les Talibans se battent avec des armes Russes, livrées par Téhéran. Cette guerre a profité aux Russes car elle semble interminable : les pays de l’Asie Centrale ont été donc forcés d’arriver à un accord énergétique global avec la Russie et désormais, la victoire américaine en Afghanistan est totalement sans intérêt énergétique, mais néanmoins les Américains ne pourront arrêter la guerre, car ils perdraient aussi un allié stratégique qui peut au moins servir de base militaire.

En Irak aussi, les Russes comptent sur la nuisance des mollahs pour engager l’Amérique dans un conflit interminable qui la contraindrait à partir pour longtemps. Leur alliance avec l’Iran et ses mollahs est donc vitale et les Russes doivent protéger ce régime et pour cela il n’y a rien de mieux qu’un autre allié, super nocif, capable de disperser les efforts militaires Américains. Cet allié est la Corée du Nord.

Il est curieux de constater que les Nord Coréens ne se manifestent qu’à des moments précis, des moments où la Russie (ou son allié essentiel, le régime des mollahs) sont en difficulté.

Ainsi, les 10 tirs de missiles vers le Japon ont eu lieu le 4 juillet 2006, on a certes parlé du symbolisme lié à la fête nationale américaine, mais si on s’intéresse à la concordance des dates, on s’aperçoit que ces tirs ont eu lieu au moment où le Sénat américain songeait à installer le système de défense antimissile de l’Otan, pour faire face à la menace « iranienne ». Ce fut donc une réplique (russe) en missiles contre une affaire de missiles anti Russes.

L’affaire coïncidait également avec l’échéance d’un ultimatum adressé aux mollahs dans l’affaire nucléaire. Cette affaire a permis à la Russie de se poser en arbitre du règlement des hostilités avec la Corée du Nord. Sur la base de cet arbitrage pipé, les Russes ont cherché à revendiquer « une expertise en résolution des affaires avec des pays voyous ». Et dès cette époque, ils ont soutenu l’idée d’une négociation globale avec Téhéran (le régime+le Hezbollah). Il s’agit vraiment d’un enchaînement prodigieux, preuve de la vitalité et du dynamisme de la diplomatie Russe : mélange de réactions aux avancées des Américains et d’une exploitation de la crise. Dès cet essai, les Russes ont flairé l’utilité d’une gestion globale de la crise fondée sur l’exploitation des nuisances suivant l’axe Téhéran-Moscou-Pyongyang.

La seconde crise Nord Coréenne en 2006, l’essai nucléaire, qui n’en était peut-être pas, a eu lieu au moment où le dialogue avec Téhéran était dans l’impasse et l’on craignait une rupture définitive du dialogue, rupture qui aurait accéléré le transfert définitif du dossier au Conseil de Sécurité pour l’ouverture d’un processus d’applications de sanctions.

Le simili-essai nucléaire Nord Coréen (téléguidé par Moscou) a servi de double test aux Russes pour mesurer la détermination des Européens à suivre les Américains dans leur volonté de transférer le dossier iranien au Conseil de Sécurité. Double test parce que l’essai a créé une hausse importante du prix du pétrole, principal obstacle à cette époque pour le transfert du dossier iranien au Conseil de Sécurité. La Russie a de son côté a fait son maximum pour encourager cette hausse en créant des problèmes sur ses propres champs pétroliers, en sachant que la hausse du pétrole est également en sa faveur d’une manière générale.

Malgré les efforts de Poutine pour créer une Jurisprudence commune à la crise iranienne et Nord Coréenne, cette affaire fut un échec en termes d’exploitation diplomatique pour la Russie car les Chinois se sont rangés du côté des américains et ont imposé des sanctions à la Corée du Nord. Ces sanctions ont considérablement limité les futures marges de manœuvres de ce petit pays (de son allié russe) et désormais la Corée du Nord se limite à des ruptures de pourparlers.

Ces efforts permanents de la Russie sont le reflet que ce pays veut préserver son alliance avec les mollahs pour continuer à en tirer des bénéfices régionaux comme son retour triomphal en Asie Centrale. Les mollahs pour leur part préfèrent une alliance avec les Etats-Unis : ils ont utilisé leur flirt avec les Russes et leur ingérence guerrière en Irak pour contraindre les américains à une entente régionale. Les mollahs se méfiant des Russes parce que ces derniers sont plus constants et plus difficiles à manœuvrer que les Américains.

Cette nouvelle affaire de test de missile a lieu à la veille d’une rencontre Iran-USA qui inquiète les Russes. Ces derniers ont fondé leur stratégie anti-américaine sur des confrontations via des pôles de nuisances car ils sont loin de pouvoir se mesurer économiquement aux Américains. S’ils perdaient les mollahs, ils devraient revoir leur stratégie de fond en comble.

Cette affaire de missiles Nord Coréens est une réaction d’énervement face à une entente Iran-Hezbollah-USA que redoutent les Russes. Par malheur, les Russes ne peuvent trop tirer sur la corde Nord Coréenne, d’où cette provocation qui a été médiatiquement ignorée par les Japonais, mais aussi par les Américains. Cette réaction d’énervement de la Russie est aussi la preuve que ce sont les mollahs qui mènent la danse cette fois car ils ont la certitude que ni les Russes, ni les Américains ne désirent les renverser.

Et Téhéran mènera la danse tant que les Américains continueront à privilégier leur projet régional fondé sur une stratégie du désordre. Mais ce changement n’est pas prêt à se réaliser. Les Américains préfèrent livrer de terribles combats en Irak au cours de l’été 2007 à venir, plutôt que de se débarrasser de la source des tensions dans la région. Les Russes n’ont pas à se faire du souci, pour le moment…

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