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Iran : Le Fatah Al-Islam et le Hezbollah sont complémentaires
25.05.2007

Nous l’avions écrit en 2006 et puis en 2007, celui qui veut contrôler une région doit y disposer d’une force d’intervention asymétrique. Cette force régionale a longtemps été le Hezbollah mais selon nos analyses après la guerre du Liban, il fallait que les mollahs créent une autre force plus insaisissable et plus impénétrable pour renouveler certaines méthodes et reprendre l’avantage sur le terrain. Cette étape vient d’être franchie par le Fatah Al-Islam.



Qu’est-ce le Fatah Al-Islam ? Un mouvement dissidence dirigé par un certain Chaker Al Abssi, un Jordano-Palestinien de 52 ans, dit « Abou Hussein », qui a combattu en Irak sous la direction de Zarqawi, le turbulent chef d’Al Qaeda coaché par les mollahs et tué en juin 2006 par les Américains. Dans une récente interview accordée au New York Times, Chaker Al-Abssi déclarait vouloir punir l’Amérique pour sa présence dans le monde musulman.

Au-delà de ces aspects légendaires, le Fatah Al-Islam fait ce que ne peut pas faire le Hezbollah : c’est-à-dire attaquer l’armée libanaise, l’adversaire du Hezbollah.

Le Fatah Al-Islam continuera d’être l’allié invisible du Hezbollah et donc des mollahs dans cette région. Il appelle à la guerre sainte contre Israël : c’est-à-dire encore une autre performance impossible à réaliser pour les deux autres alliés majeurs de Téhéran dans la région. Le Hamas est au gouvernement et pour y rester doit se calmer et le Hezbollah est engagé dans un processus de blocage constitutionnel. Les deux laissent le champ militaire inoccupé.

Le Fatah Al-Islam remplit cette lacune et occupe l’armée libanaise quand au même moment le Hezbollah continue son effort pour se réarmer. Et en plus ce Fatah Al-Islam, la victoire de l’Islam, veut le départ des Américains comme d’autres l’évoquent en Irak : Il ne faut pas être un génie pour ne pas y voir la patte des mollahs.

Pour bien brouiller les cartes, les mollahs encouragent des analyses fumeuses qui attribuent cette création à d’autres : pourvu que ce ne soit pas Téhéran peu importe la paternité de ce mouvement mystérieux. Mais il y a un détail intéressant dans ces allégations : on attribue cette création (sunnite) à la guerre sunnite chiite.

Ainsi dans sa chronique sur France Culture, Alexandre Adler a lié ce mouvement aux Sunnites (anti-chiites) et surtout à la Syrie (cherchez l’erreur)… Et dans un élan inattendu, il en a profité pour annoncer le divorce entre Téhéran et Damas en raison des ingérences de cette dernière au Liban et en Irak, ingérences que ne désireraient pas les mollahs. Ces affirmations caricaturales sont en contradiction avec les protestations exprimées par le Fatah qui a accusé les mollahs de promouvoir le chaos au Moyen-Orient. Alors que le Monde Arabe accuse les mollahs de promouvoir cette confrontation sunnite-chiite pour perpétuer leur rôle d’arbitre du chaos, toutes les analyses qui attribuent cette promotion de la guerre sunnite-chiite au Monde Arabe et à surtout à son chef, l’Arabie Saoudite, paraissent évidemment partisanes et suspectes.

En dehors des élucubrations confuses d’Adler, un peu trop pro-mollahs au point d’inventer des syriens-sunnites-anti-chiites, ces idées sont diffusées par un certain Hasni Abidi, directeur Algérien du Centre (Genevois) d’étude et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam : centre proche de certains lobbyistes des mollahs comme Vali Nasr).

Abidi estime que la création du Fatah Al-Islam peut être attribuée à l’Arabie Saoudite sunnite qui aimerait jouer un rôle au Liban. Abidi manque de discernement : l’Arabie Saoudite mènerait ainsi une action qui pourrait servir de diversion au Hezbollah pour continuer à s’armer et se renforcer. Hasni Abidi a une drôle de conception de l’exercice d’une influence durable dans la région. Cette analyse ressemble beaucoup à celle de Chatham House, cet organe du ministère des affaires étrangères Britanniques qui avait produit un rapport favorable à Téhéran (rapport aussitôt remis en cause par The Guardian).

Abidi l’imite pour le plus grand bonheur des mollahs qui ont relancé la guerre au Liban quelques jours avant l’échéance d’un ultimatum de l’ONU exactement comme l’action guerrière qu’ils ont initiée contre Israël via le Hezbollah mais toujours au Liban durant l’été 2006.

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| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Terrorismes : Hezbollah |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Liban |

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