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Iran – Etats-Unis : Que veut dire l’expression « admettre leur échec » en Irak
20.05.2007

La rencontre qui doit avoir lieu à Bagdad le 28 mai entre les diplomates américains et les barbouzes islamiques reconvertis en diplomates commence à ressembler de plus en plus à la conférence de Charm El Cheikh. Ce sont les mollahs qui en avaient eu l’idée au départ et ce sont eux qui n’en voulaient plus à l’arrivée.



La situation | Souvent on réduit du chaos irakien à un affrontement entre chiites et sunnites, où le rôle joué par l’Iran est assez flou… Pourquoi ce flou ? Le chaos irakien est dû à l’ingérence des mollahs en Irak qui utilisent ce chaos comme un atout dans leurs négociations secrètes avec les Etats-Unis. Seulement voilà, les Américains et leurs « alliés » Britanniques dissimulent cette réalité qui pourrait contribuer à démobiliser les militaires engagés.

Il y a une version officielle de la guerre et une version réelle. Dans la version réelle, les mollahs inondent l’Irak d’armes sophistiquées et de conseillers Pasdaran pour répandre la terreur en tuant des civils irakiens (sunnites et chiites) et des Américains, et dans la version officielle, les Etats-Unis retiennent la diffusion des preuves car ces preuves rendront politiquement incorrecte une entente régionale avec les mollahs.

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La rencontre du 28 mai à Bagdad

ACTE 1 | Au départ, c’est Nouri al Maliki, proche de Téhéran, qui avait proposé la tenue d’une conférence le 10 mars sur l’Irak (3169), les américains par la voix de Condoleezza Rice avaient fait savoir qu’ils participeraient et l’on avait alors parlé de « tournant américain ». L’enthousiasme affiché de Rice a eu des effets dévastateurs : Les Libanais ont soupçonné les Américains de vouloir arriver à une entente globale régionale. En langage diplomatique, le terme employé par Téhéran est l’octroi des garanties régionales de sécurité. En langage non diplomatique, ceci veut dire une acceptation du rôle régional que joue la république islamique via les milices islamistes au Liban ou en Palestine. Les inquiétudes Libanaises étaient fondées au point que Condoleezza Rice a dû par la suite accorder un entretien au quotidien Libanais Al Nahar afin de rassurer très clairement les Libanais en précisant que l’Amérique n’allait pas octroyer des garanties régionales de sécurité aux mollahs et que l’ordre du jour de la conférence n’évoquerait que la sécurité de l’Irak.

ACTE 2 | Depuis, les Américains n’ont cessé de changer de ligne hebdomadairement, tantôt promettant un dialogue global sur tous les sujets et tantôt se disant attachés uniquement à un dialogue sur l’Irak. A chaque fois qu’ils se sont éloignés de l’idée de négociations bilatérales et globales, Téhéran a commencé à chercher des excuses bizarroïdes pour ne pas se rendre au rendez-vous fixé en Egypte. En réponse, les Américains évoquaient la possibilité de négociations plus larges avant de se rétracter. La rencontre a finalement eu lieu au niveau diplomatique le 10 mars et les Américains ont soigneusement évité de mettre en cause l’ingérence des mollahs en Irak, afin de laisser la porte ouverte à une entente globale. Une stratégie a été adoptée : puisque les mollahs se disent soucieux du rétablissement de la stabilité de l’Irak, proposons leur de prendre part au rétablissement de la sécurité en Irak.

Par la suite, les deux parties ont décidé de se réunir à Charm el Cheikh pour une rencontre à plus haut niveau entre les ministres des affaires étrangères. Là encore, les mollahs espéraient un changement d’attitude du côté des américains : une reconnaissance de leur rôle régional et un abandon des sanctions qui pèsent sur le régime. Fidèles à leur stratégie, ils ont donc intensifié l’effort de guerre en Irak pour mettre sous pression l’occupant américain, devenant ainsi eux-mêmes très impopulaires dans le monde arabe en raison de leur soutien aux acteurs du chaos et cette guerre indirecte contre les Etats-Unis dont les victimes sont les arabes irakiens.

La politique ou la diplomatie des mollahs est en général une politique de réactions et d’excès : pour certains besoins ponctuels on prend certaines orientations et par la suite on prend la direction opposée. Par exemple pour mener en bateau la Troïka, le régime a joué à fond la carte des modérés et quand il devait conclure un accord avec l’Europe, pour y échapper, il a orienté les résultats des élections dans une direction opposée aux réformateurs et le président « élu » Ahmadinejad a rompu les négociations.

Dans le cas de l’Irak où les mollahs entendent jouer un rôle aussi occulte que déterminant, cette politique de réactions et d’excès est soumise à une perpétuelle évolution. De plus, si les mollahs maîtrisent tant bien que mal la situation en Iran ou avec l’Europe, en Irak, ils se retrouvent en guerre et ils ont dû faire face à un élément imprévu qui leur pose d’énorme problème : en intensifiant le terrorisme, ils contribuent à une montée de haine anti-« IRAN » dans l’opinion arabe.

Leur guerre contre les Américains en Irak fait principalement des victimes civiles arabes (irakiens), leur guerre contre Israël (par l’intermédiaire du Hezbollah) a surtout tué des Libanais. Ils soutiennent également les Talibans en Afghanistan.

Le premier objectif de cette guerre totale contre les Etats-Unis est de mettre l’administration Bush en difficulté aussi bien sur le plan international ou que sur le plan intérieur américain. L’objectif final de cette guerre totale est que les Américains soient obligés de faire appel à eux pour arrêter le massacre et ainsi qu’ils obtiennent une reconnaissance de leur rôle d’arbitre du chaos au Moyen-Orient. En utilisant la guerre chez les autres pour un objectif aussi discutable les mollahs sont passés du statut du Champion de la rue Arabe à celui d’ennemi des Arabes et de la cohésion du monde musulman !

Ils se sont retrouvés en conflit avec leur propre discours islamiste, tiers-mondiste et anti-impérialiste (vu qu’ils se comportent en colonialistes hégémonistes au Liban ou en Irak, et cherchent une reconnaissance de « l’impérialiste par excellence »). Afin de corriger les méfaits de cette politique très bricolée, ils multiplient les discours télévisuels à l’attention de la rue arabe au sujet de leur attachement à l’unité de l’Islam (le nouvel an iranien, le Nowrouz, placé sous le signe de la cohésion du monde musulman).

Mais en même temps, ils fuient désormais les face à face avec les dirigeants arabes, qui à chaque rencontre leur reprochent leur participation active dans des attentats aveugles qui massacrent principalement une centaine d’Irakiens par jour.

Dans ces conditions, ils ont envisagé de ne pas se rendre à Charm el Cheikh afin d’éviter le face à face avec les dirigeants des Etats arabes leur demandent de cesser leur ingérence en Irak.

Ce refus de se rendre au rendez-vous a immédiatement eu le même effet que le refus de se rendre à la conférence de Bagdad le 10 mars : les Américains ont déclaré par la voix de Condoleezza Rice qu’ils étaient ouverts à des négociations bilatérales et globales (Elle s’est dite prête à répondre à « n’importe quelle question » de l’Iran !). Le problème est que les Américains veulent bien d’une négociation bilatérale et globale, mais pour imposer leur propre « deal » aux mollahs et non pour accepter le statu régional proposé par Téhéran.

Dès lors, les mollahs sont allés au rendez-vous en traînant du pied, et alors que le monde arabe qui les accusait depuis des mois attendait un geste, ils ont accusé les Américains d’être à la source de l’insécurité en Irak pour démontrer qu’ils peuvent aussi être l’arbitre des jeux diplomatiques et des conférences à venir sur l’ensemble des dossiers brûlants du Moyen-Orient. Les Américains n’ont pas relevé car ils continuent à espérer une entente avec ce régime.

ACTE 3 | Arrive ce troisième rendez-vous qui suit le même schéma : les mollahs minaudent et cherchent des excuses pour faire capoter ponctuellement la rencontre car ils ont la certitude que les Américains n’ont pas bougé de leur position et n’entendent pas faire des mollahs leur principal allié régional. C’est pourquoi nous avons tous les jours droits à des déclarations des dirigeants du régime qui profèrent des propos hostiles aux Etats-Unis, déclarations susceptibles de perturber le déroulement de la rencontre. La dernière en date est cette demande incongrue que les Américains vont devoir « admettre leur échec » en Irak au cours des discussions à venir entre Washington et Téhéran à Bagdad.

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Les Américains devront « admettre leur échec » : Décodages

Il s’agit aussi de leur faire admettre la réussite de l’ingérence des mollahs en Irak, et l’efficacité de leurs réseaux d’influences dans la région. Il s’agit de la reconnaissance officielle de leur rôle d’arbitre du Chaos.

Mais les Américains ne relèvent pas et ainsi ils prouvent qu’ils ont envie d’arriver à une entente régionale avec la république islamique d’Iran. Ils espèrent continuer ainsi en affaiblissant les mollahs par des sanctions afin de les pousser à accepter leur « deal » qui pourtant n’a rien d’hostile envers le régime. Les mollahs entendent traîner espérant que les républicains seront battus en novembre 2008 et que les négociations seront (et elles le seront) plus aisées avec les Démocrates. Entre temps des milliers d’Irakiens mourront, des milliers d’iraniens seront victimes du régime et mourront et la guerre continuera en Afghanistan.

Le problème n’est la politique de chantage et de terrorisme des mollahs, mais la dualité des Américains qui ne renoncent pas à leur « politique musulmane régionale » (pendant de la politique arabe de la France).

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On comprend alors l’animosité des certains analystes néocons qui fustigeaient la « politique arabe de la France » : en réalité ils l’enviaient et voulaient l’éliminer pour permettre aux Etats-Unis de faire cavalier seul dans cette région.

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Une autre politique est possible...
- Iran : Lettre au futur ministre des Affaires Etrangères de Nicolas Sarkozy
- (15.05.2007)

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les relations avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Terrorismes : Ingérence des mollahs en Irak |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : IRAK |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Pays du Moyen-Orient |