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Iran : une affaire d’arrestation universitaire un peu louche
03.05.2007

Cinq Iraniens ont été arrêtés après la publication de caricatures et d’articles jugés insultants pour les valeurs religieuses, dans des publications étudiantes de l’université Amir-Kabir de Téhéran. Nous pensons qu’il s’agit d’un nouvel épisode du Feuilleton anti-Ahmadinejad de cet été.



Actuellement le régime des mollahs fait face à de nombreux problèmes économiques dus aux sanctions bancaires et pétrolières imposées à différents degrés par les Américains et l’ONU. Le régime des mollahs pourrait mettre fin à ces sanctions en changeant de politique nucléaire, mais il n’en fait rien et préfère insinuer que cette politique nucléaire est celle de l’actuel gouvernement. On entend d’ailleurs de nombreux dirigeants occidentaux évoquer le retour aux affaires des modérés. Le régime des mollahs a mis au point une mise en scène qui donnerait à ce retour un aspect démocratique car ce régime islamiste se prétend démocratique. Cette singerie démocratique lui permet d’ailleurs de parler plusieurs langages en même temps afin de se dérober aux demandes du Conseil de Sécurité.

Constitutionnellement le président n’a aucun pouvoir dans la république islamique, mais cette comédie démocratique laisse entendre que le régime n’est pas monolithique, qu’il y a un débat interne et que l’Europe peut espérer avoir bientôt des interlocuteurs plus modérés ou plus pragmatiques.

Le problème est que ces débats que l’on nous promet sont déconnectés de la réalité économique et sociale de l’Iran et qu’aucun des partisans de ce débat n’évoque jamais les fléaux sociaux ou le principe non démocratique et islamiste du régime et aucun ne remet à aucun moment en cause la politique nucléaire qui est responsable des nouveaux problèmes économiques en Iran.

Sous le régime des mollahs, le débat est formaté mais en revanche le régime lui-même crée des crises qu’il médiatise à bon escient en sachant que le sujet de la crise touche une fibre sensible de l’opinion internationale. Cette médiatisation s’adresse aux Européens afin de les convaincre que la société civile iranienne et sa classe politique ne sont pas monolithiques.

Cette propagande s’appuie sur des thèmes mobilisateurs comme les droits des femmes, les étudiants, les enseignants… L’affaire des arrestations de l’université Amir-Kabir est un exemple d’affaire pour attirer l’attention sur l’existence de cette vie politique dissidente en Iran, mais le problème est que cette dissidence ne doit ni évoquer le nucléaire, ni le soutien au Hezbollah, ni les dégâts de Khomeiny et encore moins la corruption économique… Il reste peu de sujets ! Mais l’affaire des arrestations de l’université Amir-Kabir est un très bon exemple car dès le moment que ces arrestations ont eu lieu et que le régime le médiatise, peu importe le motif de l’arrestation !

D’ailleurs en dehors de ce fait (l’arrestation confirmée par le gouvernement), tout le reste est flou : d’une part, il serait question de parutions estudiantines dans une gazette estudiantine (donc sans importance nationale) et d’autre part de publications dans quatre quotidiens réformistes. Mais les responsables de ces quotidiens affirment que des « inconnus » se seraient appropriés leurs logos pour publier ces caricatures (le mot caricature peut être mobilisateur en occident).

Détourner des logos et imprimer des faux exemplaires de journaux demandent d’énormes moyens et pour quel résultat ? Tout le monde ignorait ces soi-disant publications sans cette arrestation médiatique. En introduisant ces « inconnus », le régime prévoit une marge de manœuvre : il semblerait qu’il ne soit pas encore fixé sur le retentissement nécessaire à donner à cette affaire : une révolte estudiantine bis ?

Le but est de diaboliser Ahmadinejad et ensuite mettre en place une campagne médiatique pour le retour des modérés mais pour lancer cette seconde campagne, il faut des publications réformistes ! Il faudrait donc qu’elles ne soient pas fermées d’où ce flou autour du rôle des réformateurs dans cette affaire cousue de fil blanc.

Rappelons que les personnalités réformistes sont d’ex-ultra khomeynistes issus du système des mollahs terroristes et businessmen. Ce sont eux par ailleurs qui ont mené en bateau la Troïka en faisant exactement les mêmes manœuvres dilatoires que Ahmadinejad… Ou encore ce sont eux qui ont préparé le Hezbollah pour en faire une machine de guerre infernale en commençant la livraison de missiles performants par avions humanitaires au moment du tremblement de terre de Bam.

Chaque jour, le régime alimentera en polémiques le feuilleton anti-Ahmadinejad, mais aucun des intervenants ne soulèvera les sujets tabous comme celui de la politique nucléaire.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

L’université d’Amir Kabir, complice du régime :
- Iran : Attention, les étudiants reviennent !
- (08.01.2007)

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