Les Russes changent continuellement d’avis sur Bouchehr, tantôt ils annoncent que les paiements sont en règle et puis ils évoquent à nouveaux des difficultés de paiements. Bizarrement ces changements ont lieu quand les mollahs cherchent à arriver à un consensus dans le dossier nucléaire au cours de négociations qui privent les Russes de leur rôle d’arbitre. Le représentant en nucléaire des mollahs était à Ankara et les médias évoquaient des rumeurs d’une entente partielle entre l’UE et le régime des mollahs.

Comme à chaque fois et comme les précédentes fois, la Russie réagit sans réagir, en utilisant la menace de ne pas finir la centrale de Bouchehr. Mais cette réaction est avant tout un avertissement, c’est pourquoi les termes des reproches faits par les Russes aux mollahs sont très vagues.

Kirienko a déclaré qu’il était « prématuré d’évoquer les délais de la construction de la centrale nucléaire à Bouchehr » faute de versements financiers réguliers... « Quand il y a des paiements corrects, les travaux ne s’interrompent pas... et pour l’instant je ne trouve pas que les paiements sont corrects ».

Les Russes sont les principaux fournisseurs militaires de Téhéran et si cette affaire d’irrégularités de paiements était fondée, ils auraient depuis longtemps diminué leur coopération avec les mollahs, mais il n’en est rien. Il s’agit d’une affaire politique et d’un avertissement. Les premières déclarations sur l’irrégularité des paiements pour Bouchehr ont fait leur apparition quand les mollahs avaient décidé de faire une proposition d’entente aux 5 membres du Conseil de Sécurité dans une table ronde en présence simultanée de tous les Etats membres. Ceci aurait privé la Russie de son rôle d’agitateur dans l’ombre et d’arbitre des négociations secondaires. Dans un face à face, ils auraient été incapables de s’opposer à une proposition de consensus. Poutine préfère un état permanent de crise dans le dossier nucléaire iranien, cette crise et ses conséquences régionales lui permettant de contrôler la région toute entière.

Depuis peu, les mollahs ont moins besoin de la Russie que la Russie d’eux, ils prennent donc des libertés avec ce pays. La Russie a de grandes ambitions régionales, mais dispose de peu de moyens pour les réaliser et sa seule chance est le maintien du régime des mollahs et de son pouvoir de nuisance régionale.

Dans cette crise, chacun a conscience des difficultés et des limites de l’autre et chacun a besoin de l’autre. Ceci est également vrai dans le cas des relations Irano-américaines. Les Américains aussi souhaitent contrôler à leur propre profit le pouvoir de nuisance des mollahs et comme les Russes, ils se contentent d’avertissements à son encontre. Quant aux Européens, ils mangent dans la main des mollahs. Cette situation est presque idéale pour les mollahs qui la font durer pour en tirer le maximum de bénéfices.

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Une situation est presque idéale ! | Certes, ils sont économiquement asphyxiés, mais ils feront sans doute appel à des capitaux détournés et déposés à l’étranger pour maintenir le cap car ils n’ont aucun compte à rendre au peuple. La Russie peut également agir de la sorte, mais les Américains et les Européens ne peuvent pas se permettre d’agir ainsi car leurs mandats dépendent du verdict des urnes. Les mollahs ont intérêts à faire durer la situation (gagner du temps), toutes les manœuvres dilatoires seront les bienvenues !

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