Dès le début, l’affaire avait de quoi surprendre car généralement, le régime des mollahs comme tous les régimes totalitaires n’annonce pas la mise en place de nouvelles structures pour de nouvelles répressions. Généralement, ce régime frappe en cachette. Mais quand le régime désire promouvoir ses faux-opposants intérieurs, il envoie les caméras : ainsi nous avons eu droit récemment à des étudiants anti-ahmadienjad, puis à des enseignants Anti-ahmadinejad et puis à des féministes réformatrices (c’est-à-dire Anti-ahmadinejad), nous avons dénoncé chacune de ces manipulations et leur montage grossier, mais sinsibles à ces critiques, cette fois le régime a changé de tactique. L’affaire de la chasse aux mal-voilées est un autre épisode de la mise en scène de mouvements Anti-ahmadinejad !

Après une semaine de surmédiatisation via les agences de presse des mollahs et l’AFP, aujourd’hui l’affaire de la chasse aux mal-voilées s’étale dans l’ensemble des titres de la presse écrite internationale. Les agences photographiques du régime habituellement uniquement présentes pendant les fausses manifs ont également participé à la fête et ont fourni des images de cette répression avec dans le rôle des gentilles, des habituelles iraniennes BCBG, ultra fardées des quartiers riches (vitrines exiguës de l’émancipation sous les mollahs) et dans le rôle des méchantes, 3 ou 4 horribles mégères !

Malgré le côté un peu factice des images et le casting restreint, le monde entier a marché dans la combine et diffusé ces images mises en scène. Au surlendemain, de la diffusion par le régime des mollahs, sur des sites du régime, les premières protestations se sont levées contre cette répression et devinez quoi ? Ces protestations visent Ahmadinejad !

Il y eut les étudiants de l’université de Chiraz, aussitôt rejoints par le chef du système judiciaire du régime des mollahs, l’infâme mollah Chahroudi, responsable de dizaines de lapidations, d’amputations ou autres sévices inhumains comme l’énucléation. Le mollah Chahroudi a critiqué la campagne actuelle de la police contre les femmes mal voilées !

Cette mise en scène est promue en Iran par des quotidiens pseudo-modérés (comme Etemad Melli) et c’est encore l’AFP qui diffuse ces péripéties dans ce qui est présenté comme une facette inattendue de la multipolarité au sein du régime des mollahs. C’est ce genre de supposition qui permet de croire qu’une partie du régime serait hostile à Ahmadinejad et par conséquent favorable à des négociations avec l’occident.

Afin de corser le débat, le régime a cette fois fait les choses en plus grand et dans le rôle du super méchant qui soutient Ahmadinejad, il a placé le procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi… L’un des problèmes majeurs de ces mises en scène est le passé des acteurs de ces mises en scène : Mortazavi est surtout le violeur et le meurtrier de Zahra Kazemi, mais aucun des journaux soudainement féministes du régime des mollahs ne dénonce cet homme.

C’est pourquoi, aucun iranien non lié au régime ne peut croire de tels personnages (Chahroudi ou Mortazavi). Ces mises en scène médiatiques ne trompent que les médias occidentaux à l’affût de nouveautés dans la vie politique iranienne. En revanche, les correspondants étrangers qui vivent en Iran connaissent ces personnages mais ils participent à la réussite de ces opérations de manipulations médiatiques de l’opinion occidentale.

Sur un plan pragmatique, il s’agit d’une nouvelle approche de diabolisation d’Ahmadinejad. Actuellement le régime des mollahs est sous pression et il a choisi d’intensifier son aide militaire des mouvements guerriers irakiens ou afghans hostiles aux Etats-Unis. Les Etats-Unis espèrent qu’ils affaibliront les mollahs sur le plan économique et les auront à l’usure. En diabolisant délibérément Ahmadinejad sur tous les plans (politique, économique, social –la présente affaire-), le régime prépare le terrain pour une éventuelle mise à l’écart d’Ahmadinejad au cas où les Américains décideraient de mener des actions plus hostiles à l’égard du régime comme celle de placer Rafsandjani (le vrai patron du régime) sous mandat d’arrêt international pour crime contre l’humanité ou de saisir ses avoirs en Europe, aux Etats-Unis et au Canada.

Au gré des besoins, cette affaire de la chasse aux mal-voilées fera entrer en scène diverses factions des faux-opposants et le régime pourrait accélerer son évolution si les choses s’envenimaient avec les américains et le Conseil de Sécurité. Mais vous pouvez être certains qu’aucun des intervenants ne critiquera la charia, le régime, Khomeiny, Khamenei, ni même Mortazavi le violeur ! Tous en auront après le bouc émissaire Ahmadinejad !

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