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Iran : Le Figaro s’en fout royalement !
03.04.2007

Dans nos précédents articles consacrés à la prise des 15 otages Britanniques nous avons émis l’idée d’une exploitation politique de l’affaire et expliqué les deux contextes nationaux (actuel et historique) de l’affaire. Delphine Minoui dont nous mettons régulièrement à jour les manipulations journalistiques a repris sa plume pour donner sa version (qui est la version officielle du régime des mollahs). Ceci mérite des mises au point.



1. décodages

Tout d’abord dans l’article intitulé « Décodages des images et des contextes nationaux », nous avons évoqué le rôle joué par les britanniques dans l’institutionnalisation du pouvoir du clergé chiite en Iran. Nous avions déjà abordé le sujet dans un article consacré à la condition de la communauté juive en Iran des Qajars aux Pahlavi et nous avions également souligné d’autres aspects de la présence britannique en Iran dans un article consacré à la nationalisation du pétrole iranien (pétrole qui avait été confisqué par les Britanniques de 1901 à 1953).

Ces articles sont basés sur les recherches menées par des auteurs historiques confirmés, auteurs iraniens, canadiens, français et britanniques. Dans son article du vendredi 30 mars, Delphine Minoui se moque de ces recherches en les qualifiant comme le font les mollahs et leurs alliés de balivernes. Et pour preuve, elle se fonde sur un roman supposé humoristique (et fort peu drôle) d’un certain de Pezeshkzad, qui sillonne les universités américaines aux frais de la république islamique et avec l’aide des membres (comme Abbas Milani) du Lobby universitaire des mollahs pour affirmer que « celui qui parlerait de réseaux britanniques occultes en Iran serait un attardé ou un être complexé ».

Dans un document sonore audible sur le net, Pezeshkzad parle ainsi de l’histoire en 9 volumes des relations diplomatiques Irano-Britanniques, oeuvre de M. M Mahmoud fondée sur une étude précise des archives mêmes du Foreign Office.

Dans cet article du vendredi 30 mars, Minoui se fait aider par un des faux dissidents du régime : Morteza Firouzi. Ensemble, les deux complices lient l’affaire des 15 marins captifs au « coup d’état contre Mossadegh ».

Le problème énorme avec ce « coup d’état » est que les européens voient en Mossadegh une figure laïque et démocrate. Ce qu’il ne fut pas, ni dans ses alliances, ni dans ses propos et encore moins dans les projets politiques qu’il défendait : c’est-à-dire le respect de la constitution iranienne de 1906.

La révolution constitutionnaliste de 1906 a islamisé le pouvoir politique en Iran et ce avec l’aide des Britanniques. Ceci aussi est un fait historique, répertorié dans l’ensemble des journaux de l’époque. Si selon les vœux de Mossadegh, le Shah avait accepté de respecter à la lettre la constitution, l’Iran serait devenu un Etat islamique parlementaire comme l’Afghanistan ou l’Irak actuels. Les plus récentes recherches sur l’histoire iranienne donnent une image très complexe de Mossadegh et les références constantes du régime des mollahs à ce musulman anti-laïque ne font que renforcer les doutes à son sujet en Iran, alors qu’il continue à jouir d’une bonne image en Europe et aux Etats-Unis.

Quand Minoui évoque le cas de Mossadegh, elle ne fait que flatter les lecteurs européens, ce même texte en Iran serait perçu comme un texte de la ligne tout ce qu’il y a de plus officiel. D’ailleurs les derniers iraniens qui continuent à évoquer l’image figée de Mossadegh sont ces communistes iraniens qui ont participé à la révolution islamique et sont tolérés à Téhéran pour faire office d’opposition officielle. En Europe, on retrouve les mêmes dans les mouvements qui militent pour une lente évolution de la révolution islamique vers un islam réformateur qui reste à être défini.

Ces alibis du régime sont souvent évoqués dans les articles de Minoui : il y a les alibis de gauche mais aussi les ex-ultras du régime. Dans son article du 30 mars, Minoui consultait Morteza Firouzi et dans son très long article de ce lundi 2 avril, elle est allée à la rencontre d’un plus gros poisson : Abbas Abdi, un des éléments les plus noirs du régime des mollahs et un des principaux auteurs de la prise d’otages de l’ambassade américaine à Téhéran.

Mais Abdi est surtout un des fondateur de la BCU, un organisme qui a étouffé toute forme de liberté dans les universités iraniennes en mettant sur pied un réseau de répression et de délation entièrement dirigé par les plus jeunes partisans de Khomeiny. La BCU (bureau de Consolidation des Séminaires coraniques et de l’Université) s’est attelée à détruire ce bastion de la laïcité que fut l’université iranienne dès son fondement en 1934 par le premier monarque Pahlavi, Reza Shah. Cette œuvre d’islamisation de l’université a été menée conjointement avec Khatami.

Les articles de Delphine Minoui sont formatés pour aller dans le sens des attentes du régime. Elle fut parmi les premiers à saluer la victoire d’Ahmadinejad, plus tard elle a évoqué le soutien populaire à Ahmadinejad, plus tard elle a évoqué le soutien populaire à la guerre du Hezbollah, et depuis quelque mois elle est le promoteur de la ligne officielle qui prétend que Ahmadinejad est isolé et que le peuple attend le retour des modérés. Elle défend invariablement la ligne officielle du régime. Sa défense de Mossadegh appartient à cette catégorie, sa moquerie des recherches historiques aussi. Son absence de références historiques valables et documentées est due à cette soumission à la grille de lecture des mollahs.

2. des éléments d’un puzzle médiatique

Delphine Minoui est sans opinion fixe. Elle n’évoque que ce qu’elle a le droit d’évoquer. Cette restitution partielle de l’histoire iranienne est évidemment au menu de ses articles. Ainsi les mollahs qui sont les alliés historiques des Britanniques s’en défendent et pour leur donner raison, Minoui évoque le roman humoristique de Pezeshkzad.

« Que la terre tremble, que les prix augmentent ou qu’une crise diplomatique se profile, c’est, vous souffle-t-on, toujours « de la faute des Anglais ». Le mythe de l’Anglais... », écrit-elle. Dans le même article, pour justifier la réaction des mollahs, elle parle de la chute de Mossadegh qui au gré des besoins du régime n’est plus l’oeuvre des Américains mais l’œuvre des Anglais. Il serait peut-être plus honnête que les lecteurs du Figaro puissent lire autre chose et des articles fondés sur des recherches documentées. Ces articles loin des passions et des slogans existent sur notre site.

Mais le problème est encore ailleurs. Toutes ces références historiques sélectives sont mélangées dans les articles de Minoui pour alimenter la thèse de l’existence des « modérés » au sein de ce régime. Modérés qui seraient hostiles à la violence ou ouverts au dialogue.

3. le cas des otages avec la grille de lecture de Minoui

Dans l’article du 2 avril, Minoui nous donne un bâton pour la battre. Elle s’est donc entretenue avec Abbas Abdi, le fondateur des milices islamistes estudiantines pour verrouiller les universités. Afin de prétendre que ce dernier est une figure suivie par la jeunesse, Minoui écrit que le site d’Abdi, www.ayande.ir est visité au quotidien par 4000 internautes !

Nous avons vérifié, le site en question a un pagerank de 0 à 3 (ce qui correspond à un maximum de 100 visites par jours). Le taux d’impact de ce personnage est quasi nul, mais qu’importe après avoir menti sur l’impact du personnage, Minoui aborde avec lui tous les sujets autorisés : Mossadegh, l’utopie révolutionnaire de Khomeiny et la démocratie islamique en construction, la justification de la prise d’otages de l’ambassade américaine et surtout la justification de la prise d’otages des marins britanniques !

Abdi affirme : « il est difficile de parler aujourd’hui de prise d’otages, car il est d’abord nécessaire de prouver géographiquement s’ils se trouvaient dans les eaux iraniennes ou irakiennes » !

Mais, le plus drôle est que des personnages comme Abdi sont vendus clé en main aux lecteurs du Figaro. Delphine Minoui est là pour arrondir les angles. Ainsi quand son invité parle de « l’entité sioniste » au lieu de dire Israël, Minoui précise que c’est le jargon officiel. Minoui est l’attaché de presse du régime des mollahs comme nous l’avons écrit. Son rôle est essentiel. Elle manipule les faits historiques dans le but de s’en servir comme arguments pour ses invités qui sont censés être une alternative à Ahmadinejad. Tout est toc.

Abdi est un pur révolutionnaire islamiste qui n’évoque à aucun moment Khomeiny car ce n’est pas autorisé de dénigrer ce monstre. Abdi pense par exemple qu’il est contre-productif de faire du négationnisme. Il ne condamne pas le négationnisme, il dit évitons le sujet. Idem pour le nucléaire, il dit ne faisons pas de vagues.

Mais ce discours toc est repris par Minoui qui ajoute sa touche personnelle pour éviter les hauts le cœur aux lecteurs du Figaro. Elle bichonne son invité et lui offre une tribune pour diffuser tous les messages du régime (nous sommes des ex-utopistes et patati et patata...).

Nous aurions comme tout iranien voulu entendre un souffle de solidarité entre cette vermine et les 85% d’iraniens qui vivent sous le seuil de pauvreté. Abdi n’en parle pas, Minoui non plus. Ce n’est pas autorisé. Nous aurions aimé entendre qu’il regrette son utopie meurtrière, Abdi n’en souffle mot et Minoui s’en fout royalement.

4. conclusions mensongères de Delphine Minoui et d’Abbas Abdi
Le Pétrole !

Minoui ne perd pas le nord, ce texte écrit (à deux mains avec comme co-rédacteur ce khomeyniste non repenti) reste conforme à toutes les attentes du régime : non seulement Abdi et sa copine, l’attachée de presse des mollahs, n’évoquent pas la pauvreté mais en plus ils évoquent les rentrées de l’argent grâce aux revenus de pétrole. L’actuelle arrogance d’Ahm adinejad serait due aux revenus du pétrole et un certain soutien populaire ! C’est drôle parce que récemment, Minoui écrivait sur la fronde sociale anti-Ahmadinejad. Le revirement est rendu possible par l’expertise de l’invité !

Cette affirmation est placée dans le contexte de l’entretien car depuis peu de temps le Figaro est devenu un des rouages pour attirer les capitaux français en Iran. Afin que le récit soit plausible, Abdi et Minoui inventent l’existence d’un programme social payé par ces soi-disant revenus !

Minoui oublie que même le régime exhibe les pauvres et utilise leur existence comme la preuve de l’échec économique d’Ahmadinejad ! Ce qui est incroyable c’est qu’elle même en avait parlé dans ces récents articles. Elle n’a vraiment aucune éthique ni aucune opinion fixe. Tout est à la commande, si le régime veut prétendre à l’existence d’un front social intérieur anti-Ahmadienjad, Minoui s’exécute. Et quand le régime veut leur contraire, Minoui se contredit et répète le slogan du jour.

En ce qui concerne l’Iran et son pétrole : la montée ou la baisse du prix du pétrole n’ont aucune incidence sur les revenus iraniens du pétrole. Le pétrole iranien est vendu en Buy-Back à un prix fixe. L’économie iranienne est plombée depuis l’été 2007 suite aux sanctions bancaires américaines. Le pétrole iranien est surtout une source d’enrichissement pour les mollahs, mais ça, Minoui n’est pas autorisée à en parler. Ainsi l’affaire Total-Rafsandjani a été esquivée par cette attachée de presse des mollahs. L’affaire du mandat d’arrêt contre Rafsandjani a aussi été oubliée. Minoui s’en fout. Le Figaro qui l’embauche, France 24, le Temps, l’Express et Géo qui l’embauchent, s’en foutent également de la vérité. Toutes les vérités de l’Iran dépeintes par ces médias sont tronquées. Tout est toc.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Ce que Minoui et ces médias ne vous diront jamais sur Mossadegh
- La révolution de Khomeiny, l’héritage de Mossadegh
- (11 février 2007)

Quand le Figaro flirte avec les mollahs
- Quand « Débats et Opinions » vire à « Eloges et Slogans »
- (07.07.2006 )

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Delphine Minoui |

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs ! |

Abbas Abdi & confrères

| Mots Clefs | Réfomateurs & dissidents : Les Réformateurs |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |