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Paolo Casaca, Député européen | Europe-Iran : pour une politique éclairée
27.03.2007

Il est temps pour l’Europe de cesser sa politique bicéphale envers l’Iran, qui est le principal soutien financier du terrorisme. Contrevenant à la récente résolution adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, l’Iran a continué à enrichir de l’uranium. Dans un véritable défi, le gouvernement iranien a même déclaré qu’il comptait accélérer son rythme d’enrichissement.



Jusqu’à présent, la politique européenne semble schizophrène. Préoccupés par les questions de sécurité, les représentants officiels de l’Union européenne ont accepté d’imposer des sanctions à l’Iran. Cet esprit pourrait permettre une résolution pacifique de ce dangereux face-à-face nucléaire.

Cependant, dans le même temps, d’importants groupes industriels européens ont privilégié leurs intérêts économiques au détriment de la sécurité. Manipulant diverses directives gouvernementales, ces entreprises ont amenés de nombreux contribuables européens à apporter (probablement à leur insu) un immense soutien économique et financier à la République islamique d’Iran. Il convient d’ailleurs de signaler que l’Union européenne est depuis longtemps l’un des partenaires commerciaux privilégiés de l’Iran. L’information a de quoi surprendre, mais l’UE a intensifié ses activités et ses investissements en Iran en même temps que la République islamique développait son programme nucléaire.

Entre 2003 et 2005, les exportations européennes vers l’Iran ont progressé de 29 % pour atteindre 12,9 milliards d’euros. La majorité des ventes portent sur l’équipement industriel, les transport et les produits chimiques. Les importations européennes provenant de Iran, (en majeure partie du pétrole) ont augmenté de 62 %, atteignant 11,4 milliards d’euros pendant cette période. En outre, l’Europe effectue d’importants investissements en Iran, dans les secteurs du pétrole, du gaz, de l’industrie minière, des transports et des communications.

L’Europe est le principal fournisseur de l’Iran : 44 % des importations proviennent du vieux continent. La majorité de ces échanges commerciaux est financée par les revenus fiscaux européens, qui garantissent tous les accords passés avec l’Iran. Dans certains pays européens, tels que l’Allemagne, les garanties de crédit du gouvernement jouent un rôle prépondérant dans les exportations vers l’Iran.

En reprenant l’exemple de l’Allemagne, les programmes de garantie à l’export fournissent une assurance de près de 65 % du volume total des exportations allemandes vers l’Iran. Après l’Allemagne (environ 5,5 milliards d’euros de garanties à l’export), on trouve l’Italie (près de 4,5 milliards d’euros de garanties à l’export), puis la France (près d’un milliard d’euros de garanties). Pour sa part, l’Autriche apporte une garantie de presque 800 millions d’euros à l’Iran. On peut tirer deux enseignements principaux de ces chiffres élevés : d’une part l’immensité du volume des échanges commerciaux entre l’Iran et les entreprises européennes, et d’autre part le soutien qu’apportent les principaux gouvernements européens aux activités de certaines des plus grandes entreprises nationales.

Diverses sociétés pétrolières européennes telles que Shell, Total et Repsol, ont conclu d’immenses contrats pétroliers avec l’Iran. Grâce aux recettes fiscales européennes, elles gagnent des sommes considérables en Iran. Ce faisant, elles menacent notre sécurité.

Il est temps de remettre en cause la politique bicéphale de l’Europe envers l’Iran. Sans notre soutien, le programme nucléaire iranien serait-il ralenti, voire stoppé net ? En exploitant des moyens de pression économiques, pourrait-on empêcher l’Iran d’obtenir les composants lui permettant de mener à bien son programme nucléaire et de fabriquer les missiles qui équipent, entre autres, le Hezbollah ? En cessant d’apporter un soutien financier à l’Iran, pourrait-on ralentir ou enrayer les achats iraniens ? De même, serait-il possible alors de mettre fin aux tests de missiles à longue et moyenne portée, qui peuvent frapper tout pays du Moyen-Orient, ainsi que certaines parties de l’Europe ? Enfin, en rompant les importants liens financiers qui unissent l’Europe à l’Iran, pourrions-nous stopper le transfert de millions d’euros issus des bénéfices iraniens vers les groupes terroristes du monde entier ? À ce titre, il est essentiel de signaler que ces groupes ont déjà recruté plus de 25 000 personnes qui se disent prêtes à devenir des kamikazes.

Les sanctions économiques n’offrent aucune garantie. Elles ont toutefois permis d’obtenir d’excellents résultats dans des contextes délicats, en Afrique du Sud et en Libye. De nos jours, elles commencent à porter leurs fruits au Soudan et en Corée du Nord. Il est capital de prendre fermement parti pour la paix. Nos gouvernements doivent étudier toutes les solutions diplomatiques dont ils disposent, notamment des sanctions économiques efficaces : suspension des subventions provenant des recettes fiscales européennes et allouées aux grandes sociétés qui font affaire avec ceux dont le dessein est de nous tuer. Les Européens ont les moyens de renforcer la sécurité dans le monde. Il est de leur responsabilité de le faire.

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Paolo Casaca est député socialiste portugais au Parlement européen

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