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Iran : Les crises se succèdent et ne se ressemblent pas
27.03.2007

Selon les autorités russes, Téhéran aurait repris les paiements à la Russie pour la centrale nucléaire de Bouchehr. C’est Moscou qui avait lancé la polémique et c’est encore Moscou qui y met fin unilatéralement au lendemain d’une résolution qui a consacré son pouvoir au sein du Conseil de Sécurité.



Cette mise en scène moscovite avait démarré quand Téhéran avait montré des signes pour arriver à un consensus avec les Etats-Unis ou tous les membres du Conseil de Sécurité à l’issue d’une rencontre soit bilatérale entre l’Iran et les Etats-Unis, soit en présence de tous les acteurs de cette crise. Dans les deux cas, Moscou aurait été privé de son rôle d’agitateur et de ses moyens de pressions occultes sur le régime.

En guise de représailles, Moscou avait lancé cette polémique et mis fin à sa coopération nucléaire civile avec Téhéran, allant jusqu’à rappeler les techniciens qui travaillent sur le site de Bouchehr ! Devant l’ampleur de la détermination des Russes, Téhéran a reculé et renoncé à dépêcher Ahmadinejad à New York. Parallèlement, Moscou a pris la direction des affaires au Conseil de Sécurité en laissant entendre que c’est elle qui est désormais l’arbitre de la crise iranienne (régulant les propositions pour aboutir à un vote à l’unanimité). La crise iranienne satisfait les objectifs géopolitiques Russes et chaque nouveau délai est un délai pour la Russie.

Le délai accordé, la Russie a mis fin unilatéralement à la crise de cessation de coopération sur Bouchehr. Ainsi prend fin la polémique instaurée par Moscou pour « moucher le régime des mollahs ». Un premier signe était venu au lendemain de l’annulation du voyage d’Ahmadinejad à New York : Moscou avait alors affirmé que les négociations reprendraient le 3 avril pour régler le problème de ces fameux paiements en retard. Les Russes ont accéléré leur processus de normalisation car cette histoire de l’insolvabilité du régime aurait pu nuire à un allié qui doit rester intact pour alimenter une crise fort profitable à la Russie aussi bien d’un point de vue géopolitique que d’un point de vue économique (augmentation du prix du pétrole).

Sergueï Novikov, le porte-parole de l’Agence fédérale russe de l’Energie atomique (Rosatom), a déclaré que la société Atomstroïexport avait reçu un premier paiement pour la construction de la centrale de Bouchehr ! Tout va bien jusqu’à la prochaine incartade de Téhéran, incartade de plus en plus difficile tant Moscou a bien verrouillé son allié et se présente comme l’intermédiaire le plus fiable de l’occident avec les mollahs. Moscou est partout.

Moscou est partout 2 !| La Grande-Bretagne a demandé l’aide de la Russie pour obtenir la libération de 15 marins britanniques interpellés par les autorités iraniennes le 23 mars ! On croit revenir au XIXe siècle quand la Russie et la Grande-Bretagne se partageaient l’Iran et ses richesses et les dirigeants de l’époque ne faisaient que de la figuration.

L’affaire des 15 marins captifs est une aubaine pour toutes les parties concernées : il s’agit d’une nouvelle crise qui remplace la crise nucléaire. La crise des marins capturés offre aux mollahs et leurs partenaires commerciaux (la Russie et l’Europe) l’occasion de souffler dans la crise nucléaire afin de donner du temps au temps pour des pourparlers secrets en vue de relancer des négociations avec des offres préalablement présentées aux mollahs. Si ces machinations ne se faisaient pas avec les Russes, il y aurait sans doute une autre crise russo-iranienne sur Bouchehr ou bien un autre sujet polémique.

Cette crise de la capture des marins, outres ses aspects invraisemblables, montre la volonté des mollahs à ne pas dépasser les bornes. Il s’agit avant tout d’une escalade médiatique. On a eu droit aux mêmes arguments au moment de l’arrestation de Klein et Lherbier : accusation d’espionnage, apparition de nouvelles preuves, etc...

Idem dans ce cas, les mollahs ont ressorti la même panoplie de déclarations susceptibles d’enflammer les médias, mais parallèlement, ces vaillants et invincibles défenseurs du Golfe Persique parlent à présent d’un droit de visite accordé à l’ambassadeur Britannique pour s’entretenir avec ces hommes accusés d’espionnage ! Le régime des mollahs a par ailleurs déclaré officiellement qu’il n’a pas l’intention d’échanger les 15 marins contre les cinq haut gradés miliciens arrêtés (par les Américains) à Arbil dans le nord de l’Irak.

Cette crise des 15 marins permet aux mollahs de faire l’actualité sans que l’on reparle de leur refus de se soumettre aux exigences du Conseil de Sécurité. Parallèlement à l’envie d’exploiter pleinement la veine médiatique, la volonté de Téhéran est de dénouer l’affaire, il ne s’agit pas d’une vraie crise mais d’une crise écran.

En Iran, les crises se succèdent et ne se ressemblent pas, même si le fil directeur est de contribuer à l’amplification de la crise et d’alimenter les risques d’un dérapage qui pourrait dégénérer sur un affrontement : Une attaque militaire contre les mollahs finira par des négociations de paix qui à leur tour pourraient aboutir à un accord de paix (avec les américains) et des Garantie de Sécurité (accordés par les Américains).

Pour sortir de la sphère d’influence de la Russie et se retrouver face-à-face avec les Américains, la seule solution est désormais de provoquer un affrontement avec les Etats-Unis. Cette politique délibérée d’amplification des crises finira par détruire l’Iran...

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Sur la Russie, arbitre de la crise nucléaire iranienne :
- Iran : La Russie a fait échec aux Etats-Unis et à L’Europe
- (26.03.2007)

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |