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La place de la Hongrie dans l’offensive énergétique Russe
26.03.2007

Plutôt que de diversifier ses sources d’approvisionnement en hydrocarbures et d’appuyer les projets européens, la Hongrie préfère miser sur ses seuls fournisseurs russes.



Heti Válasz : Vive le gaz de l’amitié !

« Nous sommes de nouveaux amis » : c’est avec ces mots que les Hongrois ont accueilli la réouverture, mi-janvier, de l’oléoduc Droujba (« Amitié »), après le énième différend qui a opposé le Kremlin à l’un des pays de transit, en l’occurrence la Biélorussie. Ce n’est pourtant pas un sujet de plaisanterie, vu que 80 % de la consommation annuelle en hydrocarbures du pays, pétrole aussi bien que gaz, est assurée par la Russie. Si la Hongrie, en cas d’arrêt prolongé de Droujba, peut s’approvisionner en pétrole au moyen d’un autre oléoduc, Adria, qui vient de Croatie, la situation est encore plus simple en ce qui concerne le gaz, puisqu’il n’existe aucune alternative. Or les autorités hongroises n’étudient pas sérieusement les moyens de diversifier cet approvisionnement, ni le recours aux sources alternatives. Vu le degré de dépendance de la Hongrie à l’égard de la Russie (80 %), ce serait pourtant une démarche vitale, non pas par russophobie, mais afin de garantir la sécurité stratégique du pays.

Le ministre de l’Economie hongrois voit la solution dans la mise sur pied d’un Conseil énergétique national. Mais, malgré ses déclarations d’intention d’il y a un an, aucun document n’a vu le jour. Pis encore, le gouvernement de Ferenc Gyurcsány continue à renforcer ses relations avec les Russes. Il n’appuie que du bout des lèvres le projet préféré par l’Union européenne, le gazoduc Nabucco, qui transporterait le gaz d’Asie centrale à travers la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l’Autriche. Au lieu de cela, Budapest a pris position pour le projet russe, la construction du gazoduc Blue Stream. On aurait pu imaginer qu’en échange de toute cette bonne volonté côté hongrois les Russes nous fassent un prix d’ami. Las, la Hongrie, qui achète le gaz russe à prix fixe jusqu’en 2014, le fait à un prix élevé par rapport à d’autres pays de l’UE. De plus, le gouvernement hongrois n’était pas prévenu de la coupure en Biélorussie.

Cette intransigeance a une explication économique : un fournisseur en position de monopole peut faire ce que bon lui semble. L’attitude et l’expansion de Gazprom font fi des règles de bonne conduite économique en vigueur dans l’UE. La direction de l’entreprise fourmille d’anciens généraux du KGB, souvent en lien direct avec le Kremlin. Depuis leur ascension, ils se sont employés à remonter les bretelles aux anciennes Républiques soviétiques. Ils ont également tout fait pour bloquer l’accès des entreprises étrangères dans ce secteur en Russie. La Commission européenne vient de publier sa vision de la politique énergétique pour les prochaines années. Le texte déclare la guerre aux monopoles ; le gazoduc Nabucco permettrait de relâcher la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie ; d’ici à 2020, 20% des sources énergétiques de l’UE doivent provenir des énergies renouvelables. On observe également un changement de ton envers la Russie de la part d’Angela Merkel, dont le pays occupe actuellement la présidence de l’UE.

Quant à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), elle vient de refuser un crédit de 1 milliard d’euros pour la construction, conjointement par l’Allemagne et la Russie, de l’oléoduc Nord Stream, qui devrait passer sous la mer Baltique. La principale raison est la résistance qu’ont opposée la Pologne et les Etats baltes à ce projet destiné à les contourner. Les Hongrois devraient s’en inspirer également, selon leurs partenaires européens. Seulement le gouvernement Gyurcsány ne semble pas avoir compris que le vent peut ou est déjà en train de tourner.

Par Bálint Ablonczy

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