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Outlook India : Un nouvel axe New Delhi-Pékin-Moscou
26.03.2007

L’Inde, la Chine et la Russie ne pourraient-elles pas former un triangle stratégique ?



Lorsque cette possibilité avait été évoquée pour la première fois par les Russes, dans les dernières années du gouvernement de Boris Eltsine, elle avait été accueillie avec une dérision teintée d’appréhension. Ces trois puissances nucléaires, qui représentent presque 40 % de la population mondiale et 25 % de la surface du globe, pouvaient-elles hisser le drapeau de la révolte dans un monde unipolaire sous domination américaine ? A l’époque, tout le monde ou presque avait considéré cette idée comme extravagante. Les Chinois s’étaient montrés réservés et les Indiens intrigués. Mais les Russes ont insisté. Par exemple, pendant le sommet du G8 à Saint-Pétersbourg, l’année dernière, Vladimir Poutine, déterminé à envoyer un message à l’Occident, s’est assis à l’écart avec le Premier ministre indien et le président chinois. Il a ainsi donné une existence politique officielle au triumvirat.

Lors d’une rencontre, début février, les ministres des Affaires étrangères des trois pays ont été immortalisés par les photographes, unis par une poignée de main. L’image, à certains égards extraordinaire, a été commentée dans le monde entier. Pour les diplomates indiens, New Delhi a tout à gagner dans cette coalition. En effet, cette formation trilatérale offre la possibilité de déplacer l’axe du monde vers l’est et confère donc immédiatement un rôle géopolitique important à l’Inde. Elle augmente également l’éventail des choix diplomatiques du pays. De surcroît, elle oblige la Chine à reconnaître que New Delhi a un rôle légitime à jouer, bien au-delà de la région, et à reléguer ainsi le Pakistan dans un rôle régional secondaire. Les Russes souhaiteraient pour leur part une intensification des relations entre l’Inde et la Chine, ce qui renforcerait le côté du triangle le plus faible politiquement.

D’après des sources diplomatiques, New Delhi reste très attentif à ne pas se laisser entraîner dans les griefs que les autres acteurs de ce processus pourraient avoir envers Washington. Pour lui, rien ne doit venir perturber sa relation naissante avec les Etats-Unis. Il est également dit dans la déclaration que la Russie et la Chine soutiendront la candidature de l’Inde à l’entrée dans l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Mais, selon nos sources, la réalité serait un peu plus complexe. La Russie ne semble pas vouloir de l’Iran et du Pakistan dans l’OCS, et la Chine rechignera à laisser l’Inde monter à bord si le Pakistan ne grimpe pas en même temps.

Par V. Sudarshan (Outlook)

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| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : INDE |

| Mots Clefs | Enjeux : Alliances Régionales circonstancielles d’ordre stratégique |