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Iran : Les divergences diplomatiques entre Merkel et Bush
25.03.2007

Afghanistan, Irak, Iran : sur tous ces sujets, Angela Merkel organise discrètement la résistance, face à George W. Bush au nom des Européens.

Par Konstantin von Hammerstein, Georg Mascolo, Wolfgang Reuter, Alexander Szandar



Der Spiegel | Menacer, oui ; se battre, non

La chancelière allemande et le président George W. Bush affichent une harmonie de façade qu’ils ont de plus en plus de mal à mettre au diapason de la réalité. C’est surtout face à l’aggravation de la situation au Proche- et au Moyen-Orient que les Américains et les Allemands adoptent des points de vue pour le moins divergents.

En Afghanistan, Bush s’entête à jouer la carte militaire. Les Américains lancent des appels stridents à l’Europe, et donc à l’Allemagne, en faveur d’un renforcement massif des troupes de l’OTAN sur place. Avec le déploiement de six avions Tornado de reconnaissance dans la région, la chancelière s’efforce d’atténuer les pressions, mais elle n’est pas disposée à d’autres concessions. Elle compte renforcer l’aide à la reconstruction civile et considère avec inquiétude le fait que Washington souhaite résoudre prioritairement le conflit par des moyens militaires.

En Irak, début février, 90.000 soldats américains et membres des forces de sécurité irakiennes ont lancé une « offensive » contre des insurgés. Là encore, les Américains espèrent résoudre le conflit avec une surenchère de blindés et de munitions. A Berlin et dans d’autres capitales européennes, on s’attendait pourtant à ce que Bush, après les expériences désastreuses de ces dernières années, penche en faveur d’une solution politique.

Mais c’est avant tout les relations avec l’Iran qui menacent de diviser Américains et Allemands. Washington brandit son sabre pour contraindre le régime de Téhéran à plier sur la question du nucléaire. Ostensiblement, Bush a fait déployer un deuxième groupe aéronaval autour du porte-avions USS John C. Stennis, qui est en route pour le golfe Persique. Dans le même temps, en Irak, il lançait la chasse aux francs-tireurs iraniens, qui doivent être « pris morts ou vifs », selon les ordres reçus par l’armée.

Tout comme Bush, Mme Merkel estime que les velléités de puissance de Téhéran constituent la principale menace dans la région. Tout comme le président américain, elle juge intolérable que la République islamique puisse saper la stabilité au Proche-Orient. Mais là s’arrête la communauté de vues. Menacer, oui ; se battre, non : telle est la devise de Mme Merkel. Pour elle, il n’est pas question de solution militaire. Elle insiste sur la « volonté de dialoguer, même quand ce n’est pas évident ».

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Angela Merkel a fait une tournée au Moyen-Orient

Ces dernières semaines, elle a effectué un voyage express dans quatre Etats arabes importants et en est revenue confortée. Dans la froide humidité du Caire, elle a rencontré le président égyptien ; le roi d’Arabie Saoudite l’a reçue à Riyad dans un palais de marbre ; elle a déjeuné au restaurant avec le prince héritier d’Abou Dhabi ; et l’émir du Koweït lui a accordé audience. Tous les quatre seraient d’accord sur deux points : Téhéran représente effectivement une menace importante et une opération militaire américaine serait catastrophique.

Angela Merkel est favorable à la mise en place d’une coalition internationale la plus étendue possible face à l’Iran, même si cela doit se faire au prix d’un processus très mesuré. Selon elle, une frappe militaire aurait pour résultat immédiat de faire voler en éclats une telle coalition. Les Russes et les Chinois seraient les premiers à s’en retirer, alors que leur coopération au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies est indispensable si l’on veut isoler Téhéran. Mais, contrairement à Gerhard Schröder, Mme Merkel n’affiche pas ouvertement ses divergences de vues avec Washington. Lors de la campagne électorale de 2002, Schröder avait rejeté sans détour les plans de guerre des Américains en Irak. « Nous ne sommes pas disponibles pour des aventures. » La résistance ostentatoire n’est pas dans les habitudes de Mme Merkel. Pourtant, elle s’oppose aussi à la politique américaine, mais à sa façon, avec discrétion.

Entre 2004 et 2005, les exportations allemandes vers l’Iran ont fait un bond de 37%, c’est d’ailleurs la plus forte hausse dans ce domaine. L’Allemagne est par ailleurs la première destination des exportations de produits iraniens. Selon la chambre de commerce allemande (DIHK), si la république islamique d’Iran venait à subir un embargo de la part du Conseil de Sécurité de l’ONU, c’est 10,000 emplois qui seraient directement perdus en Allemagne dans les jours qui suivraient. Merkel a de « bonnes raisons » pour insister sur la « volonté de dialoguer, même quand ce n’est pas évident ».

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Pour en savoir + sur la « volonté de dialoguer » :
- Iran : La Chine, la Russie et surtout l’Allemagne bloquent la résolution
- (10.03.2007)

Pour en savoir + sur les intérêts allemands en Iran :
- Iran : L’impact des sanctions sur l’Europe !
- (23.12.2006)

| Mots Clefs | Pays : Allemagne |

| Mots Clefs | Décideurs : Dirigeants Allemands (Schröder, Merkel...) |

Pour en savoir + sur la méthode Merkel :
- Merkel, la Panzer division de la langue de bois
- (19.01.2006)

| Mots Clefs | Décideurs : BUSH |