Accueil > Revue de presse > Le Monde | Le patron de Total en garde-à-vue



Le Monde | Le patron de Total en garde-à-vue
21.03.2007

Par Jacques Follorou | À peine désigné successeur de Thierry Desmarest, en février, à la tête du groupe pétrolier Total, Christophe de Margerie est déjà au centre d’investigations judiciaires. M. de Margerie a confirmé au Monde, hier, qu’il était convoqué demain par la police financière dans une affaire visant les activités du groupe en Iran.



La brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), chargée de l’enquête, doit également entendre, mercredi, Robert Castaigne, directeur financier du groupe, Patrick Rambaud, ex-responsable de la Direction Trading Shipping (DTS), Philippe Boisseau, directeur gaz et électricité de Total, et Michel Nayliès, directeur de la filiale de Total en Iran, Total South Pars.

Saisie depuis le 18 décembre 2006, la justice cherche à éclaircir les conditions dans lesquelles Total a versé 40 millions de dollars à une société de consultants sans que celle-ci puisse, à ce jour, justifier de prestations correspondant à cette rémunération. Ces fonds pourraient avoir servi à payer des intermédiaires iraniens et corrompre des fonctionnaires locaux afin d’obtenir un contrat gazier.

Conclu en 1997 avec la société pétrolière nationale iranienne NIOC, le contrat signé par Total associait aussi le russe Gazprom et le malaisien Petronas pour exploiter une partie du champ gazier off shore de South Pars. Le groupe français aurait investi plus de 2 milliards de dollars dans ce projet opérationnel depuis 2002. Des transferts de fonds suspects liés à ce contrat auraient perduré après 2000, date d’entrée en vigueur de la convention de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) interdisant les pratiques corruptives dans le cadre du commerce international.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

L’OMBRE D’UN FILS DE M. RAFSANDJANI

Interrogé par Le Monde sur les investissements réalisés en Iran, M. de Margerie a indiqué que son « groupe estimait que les accords passés, en 1997, sur le contrat gazier en Iran l’ont été dans le respect le plus total des lois applicables ». Questionné sur le recours, avant 2000, comme l’ensemble des groupes pétroliers mondiaux, aux commissions dans le cadre de ses activités, le groupe se refuse à tout commentaire.

M. de Margerie est déjà sous le coup, depuis octobre 2006, d’une mise en examen pour « complicité d’abus de biens sociaux et de corruption d’agents publics étrangers » dans l’affaire « Pétrole contre nourriture ».

Cette nouvelle information judiciaire a été ouverte après la découverte par les autorités suisses du transfert suspect de 60millions d’euros de commissions par Total à diverses sociétés. La justice helvétique a, dans un premier temps, mené ses propres investigations et sollicité la coopération des juges français avant de leur transmettre le dossier.

Le circuit d’une partie des flux financiers douteux aurait été identifié par les enquêteurs suisses. Une fraction des 40 millions de dollars versés par Total aurait été déposée sur les comptes de sociétés dont l’ayant droit final serait l’un des fils de l’ancien président iranien Hachémi Rafsandjani. La justice dispose, aussi, du témoignage d’un dirigeant de la compagnie pétrolière Statoil évoquant l’existence d’un système de corruption en Iran organisé autour d’une fondation présidée par le fils Rafsandjani et des structures installées à Dubaï.

Si les résultats de l’enquête le justifient, les dirigeants de Total convoqués par la police peuvent être entendus puis relâchés sans poursuite ou placés en garde-à-vue, dans un délai maximal de 48 heures. Au terme de cette mesure, le juge d’instruction peut procéder soit à leur mise en examen soit à leur remise en liberté.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Enjeux : TOTAL |