Notre marronnier iranien est une mauvaise nouvelle presque normale sous le régime des mollahs : il s’agit de la cérémonie du Tchahar Chanbeh Souri (Fête du Feu), qui doit être une nuit de retrouvailles, de défoulements, de joies et de rires, et se transforme chaque année en nuit de désolation, d’arrestations et de négation de l’identité iranienne.

Dans la tradition iranienne d’origine persane, la veille du dernier mercredi précédant le Nouvel An Perse (Nowrooz), une cérémonie (zoroastrienne) est organisée, pendant laquelle on amasse des rameaux secs qu’on enflamme comme pour les fêtes de la St Jean et par-dessus lesquels on se met à sauter en criant : « Donne-moi ta belle couleur rouge et prends en échange ma pâleur maladive ! »

Cette fête s’appelle Tchahar Chanbeh Souri. Cette fête a été interdite après 1979 mais depuis quelques années les jeunes bravent l’interdiction et font la fête durant cette nuit, les filles tombent les voiles et profitent de la ville en chaos pour danser et hurler dans les rues en compagnie des garçons. Cette fête bon enfant avant la révolution est devenu le symbole de la résistance aux brimades islamiques.

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La crainte de la république islamique comme tous les ans est que la fête ne se transforme en une vaste manifestation hostile au régime et que le contrôle de la ville échapperait une fois encore durant quelques heures aux milices islamiques fidèles au régime. C’est ce qui se passa l’an passé à Téhéran et malgré la préparation des milices, elles furent débordées durant quelques heures par la population.

Le milicien Hamid Reza Hashemi a annoncé que la célébration du Tchahar Chanbeh Souri était à Téhéran un sujet de sécurité nationale en précisant que le régime islamique ne reconnaissait pas cette fête... Il a également rappelé que des contrôles vestimentaires accrus seraient programmés pendant la période des fêtes (l’objet est d’empêcher les filles de se joindre aux garçons pendant ces moments d’insurrection).

Cependant, comme ces mises en garde du régime auront certainement l’effet inverse, ce milicien a ajouté qu’avant (sans doute avant la révolution), cette fête se déroulait sans que personne ne soit blessé alors que maintenant il s’agit de véritables scènes de guérillas. Il a oublié de dire que les blessés des années passées étaient des matraqués ou encore les blessés par balles des tirs en provenance des forces des Pasdarans et des Bassidjis.

Bien que nous soyons loin de rues de nos villes, il est probable que les jeunes, comme nous le faisions à leur âge, préparent cette nuit du 13 mars, et d’ores et déjà fabriquent leurs supers pétards appelés affectueusement grenades manuelles. Ils préparent aussi quelques slogans rigolots impossibles à traduire qui se moquent des mollahs ou de leur politique nucléaire (c’était le thème de l’année dernière). Nous attendons donc, aussi fébrilement qu’eux, les news de cette nuit unique en Orient.

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