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L’Iran et les effets pervers de la Conférence de Bagdad
03.03.2007

La Conférence de Bagdad prévue pour le 10 mars se porte mal. Les mollahs ont poussé leurs alliés irakiens à lancer des invitations, les Etats-Unis ont accepté, l’Iran aussi, mais les choses ont évolué depuis le premier jour et ne vont plus aussi idéalement.



Le « tournant américain » comme a titré le Monde ne sera peut-être pas au Rendez-vous : les Américains ont précisé qu’il n’était nullement question de négociations bilatérales. Les Américains ont précisé ce point parce qu’ils connaissent parfaitement l’objet de ces négociations bilatérales : l’octroi des Garanties Régionales de Sécurité à l’Iran et à son Hezbollah.

Cette précision a été apportée par Condoleezza Rice pour rassurer les Libanais, qui selon Al-Nahar, le plus important quotidien libanais, se demandent si leur pays sera sacrifié sur l’autel d’une entente pour la pacification de l’Irak. Suite à la mise au point de Washington, le régime de Téhéran est immédiatement reparti dans ses exercices habituels de démentis quant à sa participation ou encore des dérapages verbaux susceptibles de remettre en question l’opportunité de sa présence à Bagdad.

Par ailleurs, la manipulation des mollahs pour monter cette conférence afin de croiser les Américains a déplu aux alliées traditionnelles des mollahs : la Russie, la France, la Grande-Bretagne et la Chine (les 2 premières étant les plus démonstratives).

A Moscou, certains responsables se sont soudain souvenus que l’Iran n’avait pas accepté les recommandations de la Résolution 1737 et ont reparlé de la nécessité de l’adoption le plus rapidement possible d’une nouvelle résolution comprenant de nouvelles sanctions punitives plus réalistes. La Russie ne peut tolérer que les mollahs utilisent sa protection pour se rapprocher des Américains.

Idem pour la France qui avait depuis des mois soutenu la nécessité de discussions directes entre les Etats-Unis et l’Iran, à présent elle n’accorde que peu d’intérêt à cette conférence : Paris n’a fait aucune déclaration officielle saluant la tenue de la conférence de Bagdad et ne se fera représenter à Bagdad que par son ambassadeur. Par ailleurs, cette conférence embarrasse Paris qui veut bien de l’Iran mais pas de la Syrie. La conférence met Paris devant ses contradictions : ses intérêts en Iran et au Liban sont en effet diamétralement opposés. Elle ne peut pas participer pleinement à une conférence qui réhabiliterait la Syrie.

La Conférence de Bagdad n’a donc pas jusque-là été une réussite stratégique, elle permet néanmoins aux mollahs d’espérer que l’adoption de la résolution soit repoussée au-delà du 10 mars. En l’absence d’une rencontre bilatérale (Iran-USA), il est même probable que les mollahs sabotent leur présence à cette conférence afin de rassurer leur allié Russe qu’il n’existe aucune possibilité d’entente séparée avec les USA. Mais ce faisant, ils offriraient à Bush l’occasion de justifier la poursuite de sa politique irakienne avec l’envoi de nouvelles troupes !

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Cascades d’effets pervers de cette conférence | Le bricolage diplomatique des mollahs finit souvent par avoir le contraire des effets escomptés. Il arrive que les mollahs puissent mettre leurs alliés dans l’embarras à cause des décisions (anxiogènes) prises dans l’urgence. Pour la Russie, qui n’est pas une démocratie, ceci importe peu mais pour la France, les effets pervers de ce bricolage peuvent avoir des conséquences difficiles à gérer (notamment dans la sérénité des ses relations avec le Liban et l’Arabie Saoudite). En jouant les indécises vis-à-vis des mollahs, la France refuse son soutien à l’Arabie Saoudite et laisse la place à l’autre puissance montante de la région, la Russie.

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| Mots Clefs | Décideurs : BUSH |

| Mots Clefs | Décideurs : Condoleezza Rice |

| Enjeux : Rétablissement des relations avec les USA & Négociations directes |

<HTML>Pour en savoir + sur le sujet :
- Rapport Baker : Le presque soulagement de l’Iran et le retour du Hezbollah
- (08.12.2006)